Marcelle Beaudiquez :
une figure internationale du monde des bibliothèques
Un grande figure française du monde des bibliothèques vient de quitter la BnF, où elle a exercé la majeure partie de sa carrière au service de l’information bibliographique. Un incessant travail au sein des instances professionnelles nationales et internationales lui a conféré une solide notoriété dans ce milieu, où elle a exercé des responsabilités accrues au fil des années, particulièrement au sein de l’Ifla, (fédération internationale des associations de bibliothécaires et d’institutions) et d’autres grandes organisations comme l’Unesco.
 
Entrée à la Bibliothèque nationale en 1970, Marcelle Beaudiquez a d’emblée été immergée dans l’information bibliographique, qui restera son domaine de compétence privilégié, cumulant la plupart du temps des responsabilités d’enseignement, de recherche, de gestion, traversant pour les transcender les bouleversements considérables qui ont affecté ces secteurs avec l’irruption des nouvelles technologies de l’information. Son nom reste attaché à la supervision du catalogue BN-OPALE PLUS et, pour de nombreux bibliothécaires et documentalistes, à ses publications sur la méthodologie en matière de bibliographie. Son ouvrage, paru pour la première fois en 1989, Guide de Bibliographie générale, surnommé "le Beaudiquez" reste une référence majeure pour les nombreux professionnels à la formation desquels elle a apporté une précieuse contribution, ce qui lui valu des remarques parfois inattendues comme celle de cette jeune bibliothécaire étrangère rencontrée lors d’une conférence internationale, qui l’a ingénument abordée ainsi : "Vous êtes la Beaudiquez du Beaudiquez ?"
Ses compétences de conservateur se sont appliquées à la Bibliothèque nationale, de la Salle des catalogues et des bibliographies au Centre de coordination bibliographique et technique, dont elle est devenue directeur en 1988. Avec la création de la BnF, elle a pris en charge la direction du développement scientifique et des réseaux puis, à partir de 1998 celle de l’Agence bibliographique nationale qui assume la lourde charge de l’ensemble des missions scientifiques de la Bibliothèque dans les domaines bibliographiques, catalographiques et de la normalisation documentaire. Cette Agence assure, entre autres tâches, la coordination générale du catalogue et la formation des catalogueurs, en établissant leurs guides de travail, en veillant au respect des règles nationales et internationales dans la description (la notice) et l’analyse intellectuelle des documents (les indexations) et à la bonne intégration de ces notices dans le catalogue et ses index.
Par ses travaux dans les organismes professionnels, Marcelle Beaudiquez a toujours assuré une présence française et francophone dans une profession traditionnellement dominée par des professionnels anglo-saxons aux postes de responsabilité.
Elle a pu ainsi présenter, défendre, valoriser les réalisations françaises dans le domaine des bibliothèques nationales, et particulièrement celles concernant l’information bibliographique et les catalogues.
  Théoriser le pratique

Sa carrière est emblématique de l’impérieuse nécessité d’échanger des informations, des savoir-faire, des méthodes à l’échelle internationale pour un meilleur partage des connaissances et une restitution des acquis à un nombre toujours croissant d’utilisateurs. Ces échanges d’expérience sont particulièrement nécessaires en matière de production d’outils de catalogage pour lesquels il faut viser à une intelligibilité la plus universelle possible à travers une coordination des règles nationales. La présence de Marcelle Beaudiquez à la tête d’une commission de l’Afnor (Agence française de normalisation), chargée de l’information et de la documentation depuis 1999, lui permet d’apporter des contributions nourries par sa connaissance des données internationales.
Les travaux internationaux n’ont pas toujours eu "bonne presse" dans la profession car considérés comme trop éloignés de la réalité quotidienne. Au-delà des explications politiques et économiques évidentes, cette absence de véritable culture internationale en France est regrettable. Cependant, la tendance est aujourd’hui inversée et la participation s’étend à d’autres domaines (changements en cours dans la conception des catalogues, numérisation partagée, échange de documents, élaboration de programmes de recherche, etc.). L’international a changé de sens : il permet un rééquilibrage de la participation aux instances de discussion et à l’accès à l’information entre les grandes institutions et les établissements de taille plus modestes, entre les pays dotés et les pays pauvres, grâce à un système de bourses permettant une représentation élargie de nombreux pays du monde.
Enrichissant ses travaux quotidiens de ses expériences internationales, Marcelle Beaudiquez a ralenti le recul de la présence française dans la théorisation de la bibliothéconomie, dont elle s’est faite le chantre, préférant toujours "théoriser le pratique" et effectuer un travail de fond au bénéfice de la communauté intellectuelle plutôt que de se livrer à un "travail d’appareil".

Marie-Noële Darmois
L’IFLA, pivot de l’international dans le monde des bibliothèques
Fédération internationale des associations de bibliothécaires et d’institutions, l’IFLA a été créée en 1927 avec pour objectif le développement mondial de bibliothèques et de services de documentation de haute qualité. Il s’agit d’une organisation non gouvernementale, non politique rassemblant 1700 membres dans 150 pays. Ses membres incluent des associations nationales ou internationales de bibliothécaires, des bibliothèques, des services de bibliothèques des secteurs publics, privés et bénévoles. L’IFLA publie une revue et une collection de documents professionnels, organise des séminaires et des ateliers dans le monde entier pour améliorer et harmoniser la pratique professionnelle, y compris celle qui désormais s’applique de plus en plus au monde de l’information sur le Web.