Chroniques
: Comment votre uvre appréhende-t-elle la réalité
sociale de la Chine d'aujourd'hui ?
Y. H. : Tous les personnages de mes livres vivent
dans les couches inférieures de la société, ils
ont tous fait l'expérience des années politiquement
mouvementées ;
ce sont des gens qui n'ont pas le droit à la parole
sur le plan politique.
Fu Gui, dans Vivre, et Xu Sanguan, dans Le Vendeur
de sang, sont ainsi.
Même engagés dans la vie politique chinoise, ils semblent
dériver au fil d'une rivière, telles des pailles de
riz.
Ces hommes de position sociale inférieure ne disposent, dans
la vie sociale, d'aucun espace individuel,
et celui-ci ne peut s'incarner que dans leur vie familiale. C'est
pourquoi le sens des responsabilités familiales l'emporte largement
chez les Chinois sur celui des responsabilités sociales ; le
lien social se noue
autour des familles, non des individus.
Ainsi, je traite de la réalité sociale chinoise
à travers la réalité familiale chinoise.
C. : Un de vos romans, Vivre, a été
adapté au cinéma. Quel rapport entretenez-vous avec
cette forme d'expression ?
Y. H. : Un rapport de coopération ; lorsque Zhang Yimou*
a adapté un de mes romans pour le cinéma, il a mené
à bien la réalisation, j'ai fourni l'histoire ; dès
le début,
nous savions tous deux que cette uvre devait être
un film racontant la vie, et non un film condamnant la vie.
En Chine, pour des gens vivant dans les couches basses
de la société, vie et survie sont les deux faces
d'une même pièce de monnaie.
L'infime frontière existante tient dans la différence
de point de vue ; la vie est le sentiment d'une personne
sur son expérience, tandis que la survie est souvent le regard
de spectateurs sur l'expérience d'un autre.
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Biographie
Yu Hua né en 1960 à Hangzhou, au sud de Shanghaï A d'abord
été dentiste.
A commencé à écrire dans les années quatre-vingt. A
une prédilection pour la Divine Comédie de Dante. "
En tant que Chinois, j'ai grandi et je réfléchis chaque
jour selon les préceptes et les critères de mon pays
et ceux-ci m'accompagneront tout au long de ma vie,
mais en tant qu 'écrivain, j'ai eu la chance d'être
nourri par la littérature étrangère. " in Littérature
chinoise, Trimestre 4, 1999 -
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Publications en
français
Un amour classique,
4 petits romans traduits par Jacqueline
Guyvallet, Actes Sud, Arles 2000 Tolbiac - Salle F - 895.1 YUh
2 g et Rez de jardin -2000-52742
Le Vendeur de sang,
traduction Nadine Perront, Actes Sud, Arles 1997 Tolbiac - Rez
de jardin -8-D4 MON-5773
Vivre, traduction
Yang Ping, Le Livre de poche, Paris, 1994. Tolbiac - Salle F
895.1 YUh 4 huoz et Rez de jardin -16-Z-10387 (13570) Ed., 1995
: Tolbiac - Rez de jardin -16-Y2-64941 (1) et 16-Y2-64941 (2)
Un monde évanoui,
traduction Nadine Perront. Ed. Philippe Picquier, 1994 Tolbiac
- Salle F - 895.1YUh 4 hebi et Rez de jardin - magasin 16-Y2-64342
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Ouvrages
en chinois à la BnF
Huozhe ;
Taibei, Maitian, 1994 TOlbiac - - Salle F - 895.1 YUh 4 huoz
Yu Hua zuopingji : 3 vol.
- Beijing : Zhongguo zhehui kexue, 1994 Tolbiac - Salle F 895.1
YUh 2 y Zhang Yimou, réalisateur, a adapté Vivre au cinéma,
avec pour interprètes Gong Li, Guo Tao et Ge You qui obtint
le prix d'interprétation masculine au Festival de Cannes, en
1994 |
Extrait Un
amour classique , Actes Sud
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" Ce matin-là
ne différait en rien des autres matins : ce matin-là,
une petite pluie tombait. Comme il avait plu ainsi par
intermittence pendant plus d'une semaine, le beau temps,
pour Shanghang et son frère Shangfeng, n'était plus qu'un
vague souvenir, aussi lointain que leur enfance. Le jour
venait à peine de se lever qu'ils entendirent leur mère
se plaindre de ses os qui moisissaient. Ses lamentations
réson-
naient comme le crépitement de la pluie. " |
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