Les espaces classés du quadrilatère Richelieu

Les métiers de la bibliothèque évoluent et les nouvelles technologies transforment les méthodes de travail. Les lieux aussi doivent s’adapter à cette mutation.
Mais le quadrilatère Richelieu, chargé d’histoire, ne peut être modifié sans l’accord des Monuments historiques car plusieurs parties sont classées ou inscrites à l’inventaire de protection du patrimoine.

Le projet de réaménagement de Richelieu doit intégrer dans ce même lieu les départements de la BnF toujours sur place : Manuscrits, Cartes et plans, Monnaies et Médailles, Estampes et photographie, et le département des Arts du Spectacle qui quittera l’Arsenal ainsi que deux autres Institutions, l’INHA Institut national d’histoire de l’art) et l’Ecole des Chartes. Les études de programmation doivent tenir compte du classement de certaines parties du site par les Monuments historiques. Le quadrilatère a connu de nombreuses mutations et plusieurs architectes se sont illustrés dans des travaux d’envergure depuis Robert et Jules-Robert de Cotte au XVIIIe siècle, Henri Labrouste de 1854 à 1875 qui a profondément marqué le lieu, Jean-louis Pascal de 1875 à 1912, Alfred Recoura de 1912 à 1932, Michel Roux-Spitz de 1932 à 1995.

En 1983, par un arrêté du 29 décembre, les Monuments historiques ont décidé de protéger le quadrilatère Richelieu. Ils ont classé certains espaces et en ont inscrit d’autres à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques..

Le quadrilatère Richelieu, site historique de la Bibliothèque nationale de France, est limité par les rues de Richelieu, Petits-Champs, Vivienne et Colbert ; il a son entrée principale au 58 rue de Richelieu. L’organisation générale des bâtiments ainsi que leur apparence procèdent de leur période d’édification (du XVIIe au XXe siècle), de leur histoire et de leur destination.


Monuments historiques
Prosper Mérimée fut le premier Inspecteur des Monuments historiques en 1830. Cette institution dépend aujourd’hui du Ministère de la culture, Direction de l’architecture et du patrimoine (DAPA). Son but est de protéger le patrimoine architectural afin de le transmettre dans sa vérité archéologique, artistique et technique.



Les parties classées aux Monuments historiques

La façade Est de Robert de Cotte
sur la cour principale Commencée en 1727 par Robert de Cotte (1656-1735) et terminée par son fils Jules-Robert.
Les galeries Mansart et Mazarine avec leur vestibule
Construites en 1645 pour Mazarin par François Mansart. Elles furent occupées par la Bourse jusqu’en 1825. Aujourd’hui elles servent de galeries d’exposition.
La pièce dite chambre de Mazarin
Mais Mazarin n’a pratiquement pas habité ce palais, il le loua au Président Tubeuf. Situé au 1er étage de l’hôtel Tubeuf, le plafond a été peint par Michel Dorigny en 1650-1655.
Le plafond de la salle des vélins Egalement dans l’hôtel Tubeuf, la salle, réaménagée par Michel Roux-Sptiz, jouxte l’actuelle salle de lecture des Cartes et plans. Le plafond est attribué à l’atelier de Simon Vouet.
La salle des Imprimés dite Salle Labrouste Inaugurée en 1868, elle est considérée comme un chef d’œuvre de l’architecture du XIXe siècle.

 

Le classement
Un immeuble ne peut être détruit ou déplacé. Les travaux de restauration doivent obtenir le consentement du ministre de la culture. Ceux-ci étant sous la responsabilité de l’architecte en chef des Monuments historiques. Il permet d’obtenir des subventions pouvant aller jusqu’à 50 % des coûts de restauration.

Les parties inscrites à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques
L’ensemble des façades et des toitures sur rue, sur cours et sur jardins (à l’exclusion de la façade Est de Robert de Cotte classée).
Le vestibule de la salle de lecture Labrouste Ce vestibule à caisson surmonté d’une horloge, protégeait du bruit la salle de lecture. Il a été modernisé en 1983.
La salle Ovale Conçue par l’architecte Jean-Louis Pascal, elle est en partie sur l’ancien Salon des Globes et sa construction fut achevée en 1936 par l’architecte Alfred Recoura.
Le salon de l’administration, dit salon Voltaire Les boiseries furent dessinées par Robert de Cotte. Ce salon, remanié dans les années 1880 par Jean-Louis Pascal, doit son nom à la statue de Voltaire sculptée par Houdon et contenant le cœur de l’écrivain.
Le grand escalier d’honneur Crée par Henri Labrouste, prolongé par Jean-Louis Pascal. En 1987, la volée supérieure fut inversée pour permettre l’installation d’ascenseurs.
La salle de lecture des Manuscrits Située au 1er étage de l’aile Robert de Cotte, elle fut aménagée par Jean-Louis Pascal en 1886 pour les Manuscrits.
La salle Barthélemy Du nom de l’abbé Barthélémy qui sauva les collections pendant la révolution. Située au 1er étage de l’aile Vivienne, elle dépend actuellement du Département des Monnaies et Médailles.
Le néo-cabinet du Roi dit Salon Louis XV Suit la salle Barthélemy. Refait par Jean-Louis Pascal à la manière de, le Salon Louis XIV dont les médailliers originaux, les boiseries authentiques et les peintures de Boucher, Natoire et Van Loo constituent un ensemble remarquable.
L’escalier des Estampes Construit par Michel Roux-Spitz entre 1936 et 1947, il permet l’accès au rez de chaussée à la galerie Mansart, au premier étage au Département des Cartes et plans et au deuxième étage au Département des Estampes.



D’autres espaces tels que le salon Rothschild, la rotonde Van Praet (conservateur des Imprimés de 1784 à 1837) et la galerie Viennot, lieux magnifiques et pleins de charme, situés le long de la Rue de Richelieu, côté Département des Manuscrits, ainsi que les magasins des Imprimés construits par l’architecte Henri Labrouste ne figurent pas sur ces listes.

Aujourd’hui, le quadrilatère Richelieu ressemble à un coffre fort rempli de richesses et de trésors inestimables mais fragilisé. C’est pourquoi, le futur projet de réaménagement doit tenir compte de trois formes d’exigences :
les exigences de sécurité, normes actuelles sur les sorties de secours, l’électricité,…
les exigences historiques, préservation d’un site classé en parties,
et enfin les exigences fonctionnelles d’une bibliothèque moderne.
Le fort enjeu architectural pour le quadrilatère Richelieu est d’allier à un cadre historique une installation moderne et ergonomique pour les lecteurs utilisant les outils technologiques de recherche contemporaine.

Le bâtiment, constitué au fil des siècles sur différentes strates architecturales qui se combinent plutôt harmonieusement, n’a cessé de vivre et de se développer et nulle doute qu’il continuera son évolution dans les siècles à venir.

Elisa Kiremitdjian
 

L’inscription
Elle protège également les bâtiments. Les Monuments historiques et l’architecte en chef doivent être saisis pour toute modification. Les subventions sont moins importantes. Dans les années 80, on estimait qu’un certain recul était nécessaire pour le classement.