
Autoportrait de Jean Fouquet |
|
 |
|
 |

Statuts de l'Ordre de
Saint-Michel |
|
 |

Sainte Anne et les 3 Marie |
|
|
Jean Fouquet,
peintre et enlumineur actif à Tours au XVe siècle dont
les dates de naissance et de mort restent inconnues, n'a pas fini
d'intriguer. Son uvre a profondément marqué son
temps par son originalité mais malgré les découvertes
de ces dernières années, trop de pièces manquent
encore au puzzle pour reconstituer avec précision son parcours
artistique alors que son génie éclatant a traversé
les siècles.
L'art et son temps
C'est le temps de Jeanne d'Arc chassant
les Anglais et faisant sacrer Charles VII
à Reims, le temps des grands et riches ducs de Bourgogne, le
temps de François Villon.
La guerre de Cent ans ravage la France. La peinture est essentiellement
bourguignonne et flamande. Subsistent des styles locaux comme les
ateliers de Paris marqués d'équilibre et de raffinement,
ou l'art provençal de la cour du Roi
René d'Anjou. Les artistes de ce temps sont polyvalents,
ils peignent des tableaux, enluminent des manuscrits, colorent des
statues et même des masques mortuaires, produisent des écus
et des bannières, dessinent des costumes et des vitraux ...
La deuxième moitié du XVe siècle voit le retour
de la paix, une certaine unité s'installe dans le pays et les
artistes peuvent s'ouvrir à d'autres influences.
Fouquet, artiste français par excellence
Jean Fouquet allie les traits de son époque à l'apport
italien. Pour Focillon, "il
a la mesure des pays de la Loire". Il ajoute au réalisme
flamand un grand intérêt pour la représentation
de l'espace. L'un des rares artistes français à avoir
séjourné en Italie et à connaître l'art
du Quattrocento, il synthétise
ces différents apports, gothique international et renaissance
italienne à la tradition tourangelle et constitue un cas unique
par ses innovations audacieuses. Portraitiste réputé,
il campe grandeur nature et de manière sculpturale, les hauts
personnages du royaume. L'exposition à la galerie Mazarine
de la BnF réunira les portraits du roi Charles VII et de son
chancelier Guillaume Jouvenel des Ursins,
imposants de présence monumentale.
Le diptyque de Melun partagé entre les musées d'Anvers
et de Berlin ne pourra être présent. Son uvre d'enlumineur
avec ses images en pleine page et ses compositions d'avant garde sera
largement visible dans les livres à peintures, livres historiques
et livres d'heures, comme le fameux Livre
d'Heures d'Etienne Chevalier dont la Bnf possède une
miniature sainte Anne et les trois Marie.
On pourra y noter la grande délicatesse et la grande poésie
de ses paysages, comme l'a souligné un autre historien d'art,
Charles Sterling : "Placez
un paysage de Fouquet auprès des plus beaux et des plus complets
paysages néerlandais contemporains. Certes, il est d'un détail
moins littéral et moins riche que chez un Hugo
van der Goes ou un Memling
;
mais ce n'est pas le détail que vise la sensibilité
de Fouquet... Grâce à leur construction d'ensemble, leur
poésie est plus élevée que celle des paysages
flamands ; mais elle est aussi plus concrète, plus accessible
que le charme des contrées lunaires, comme entrevues dans le
rêve, que Piero della Francesca
ou Antonio Pollaiuolo
évoquent dans les fonds de leurs peintures".
Malgré la rareté de ses uvres, Jean Fouquet est
considéré comme le plus grand peintre français
de l'époque. Il apparaît dans ce Moyen Age finissant
comme le précurseur de la Renaissance française.
|