Jean-Marie Borzeix, conseiller pour la francophonie
Nommé le 9 septembre 2002, conseiller du président de la BnF pour la francophonie et les relations extérieures, Jean-Marie Borzeix s'est installé site François-Mitterrand, côté jardin.

Chroniques.fr : Après ces quelques semaines passées au sein de l'Etablissement, pouvez-vous nous dire quelle politique francophone vous désirez mettre en place ?

Jean-Marie Borzeix : Il est encore prématuré pour moi de parler d'une "politique francophone". Je prends actuellement connaissance de la grande maison qu'est la BnF et tente de dresser un état des lieux, car beaucoup d'actions sont d'ores et déjà menées dans ce domaine. Il s'agit donc de les développer en leur donnant un nouvel élan. Jean-Noël Jeanneney attache en effet une grande importance à l'international et au retentissement des activités de la BnF à l'étranger. Parce qu'existent de grandes attentes à notre égard à travers le monde, et notamment dans le monde francophone, je souhaite que se renforcent les liens avec les institutions culturelles du Nord et du Sud, ainsi qu'avec les publics étrangers intéressés. La position de la BnF doit être affirmée au cœur de la diversité culturelle mondiale en favorisant des partenariats nouveaux et efficaces.

La BnF doit encore davantage valoriser, enrichir et partager ses savoir-faire dans nos zones d'influence traditionnelles, mais aussi au-delà. Il ne s'agit surtout pas de se replier sur une francophonie frileuse et défensive. Trois mots pourraient, me semble-t-il, résumer notre action au sein de la francophonie : ambition, dynamisme et partage. Nos partenaires francophones ont pleinement conscience de la place éminente de la BnF et ils attendent beaucoup de nous, mais il faut se garder d'aller vers eux en donneur de leçons.

Ch.fr : Envisagez-vous des actions de partenariat et avec quels
pays
?

JMB : Plusieurs sont bien sûr en cours. Mais je voudrais, en guise d'exemple, dire un mot de l'Algérie. Les rapports avec ce pays - le premier, ne l'oublions pas, dans le monde francophone après la France par le nombre de locuteurs - s'étaient considérablement distendus ces dernières années, pour des raisons évidentes. La situation apparaît aujourd'hui propice à une reprise des relations et de la coopération, avec la Bibliothèque nationale d'Algérie (BNA) notamment, ainsi qu'avec la nouvelle ministre de la Culture, Khalida Toumi, qui est une personne déterminée et enthousiaste. Pour la première fois depuis bien longtemps, le pouvoir algérien exprime le souhait de développer la lecture publique.

"L'année de l'Algérie en France" en 2003 devrait offrir l'occasion de relancer une coopération importante avec ce pays. D'ailleurs les choses sont déjà en cours puisque trois stagiaires algériennes de la BNA viennent de participer dans nos murs au stage international sur la conservation. Plusieurs manifestations sont prévues à Tolbiac et à l'Arsenal. Mais ceci est une autre histoire, dont nous reparlerons.

Ch.fr : Pensez-vous qu'Internet puisse être un moyen utile pour favoriser l'accès à la culture française ?

JMB : Naturellement. La Toile est un moyen privilégié de diffusion des données et des connaissances. La BnF l'a bien compris, son site est l'un des tout premiers dans le monde culturel francophone. Gallica offre un lien permanent avec les trésors qui étaient jusqu'ici inaccessibles à la plupart et qui sont désormais à la portée des utilisateurs de tous les continents. C'est une formidable nouveauté.
Comme vous le savez, la moitié des connexions avec le site bnf.fr vient de l'étranger. Le temps du repliement hexagonal est bien terminé. Même si la francophonie n'occupe aujourd'hui qu'une place réduite sur la Toile, je suis convaincu que celle-ci ira croissante au cours des prochaines années, et que la nouvelle société de l'information à laquelle nous participons sera une chance pour elle.
Propos recueillis par Elisa Kiremitdjian

Portrait JM Borzeix

Jean-Marie Borzeix

1941
Naissance en Corrèze.
Licence de lettres, diplômé d'études supérieures de lettres. Diplômé de l'Institut d'Etudes politiques.

1968-1973
Journaliste à Combat.

1974-1975
Chef du service politique au Quotidien de Paris.

1975-1979
Rédacteur en chef des Nouvelles littéraires.

1979-1984
Directeur littéraire aux Editions du Seuil.

1984-1997

Directeur de France-Culture.

1999-2000
Président-directeur général de Télérama.

1984-2002
Membre du Haut conseil de la francophonie.

2002
Conseiller pour la francophonie et les actions extérieures à la BnF.

Auteur en 1998 d'un rapport sur le droit de prêt et la lecture publique pour le ministre de la Culture, président de l'association Paris-Bibliothèques et du Festival des francophonies en Limousin.

Sommet de la francophonie

Le sommet des pays ayant le français en partage qui s'est tenu à Beyrouth en octobre dernier avait pour thème Le dialogue des cultures et la diversité culturelle. Jacques Chirac a demandé qu'une Convention internationale sur la diversité culturelle soit élaborée dans le cadre de l'Unesco afin de ne pas laisser réduire les biens et les services culturels au rang de simples marchandises.
Pour sa part, alors que son pays n'est pas membre du sommet, le président algérien, hôte d'honneur, a déclaré que son pays devrait avoir une part dans la francophonie montrant ainsi l'évolution du pouvoir algérien.