Estampes et photographie : la dation Henri Rivière
  En marge des courants de son époque, le dessinateur et graveur Henri Rivière a puisé une inspiration dans la beauté des paysages de Bretagne, où il séjournait régulièrement, et dans son amour de la couleur et du courant du japonisme.
 

Henri Rivière, Étude de vague : vague retombant en arceau, 1892. Gravure sur bois en couleur d'une série de sept. © BnF/Dép. des Estampes et de la photographie.

Une grande partie du fonds d'atelier de Henri Rivière (1864-1951), comprenant à la fois les œuvres de l'artiste et les pièces de sa collection personnelle, vient d'entrer par dation au département des Estampes et de la photographie.
Cet ensemble, aussi important par la quantité (plusieurs milliers d'unités) que par la qualité et la diversité des pièces, donne une vision complète du travail de l'artiste. Il se compose majoritairement d'aquarelles topographiques et d'estampes (bois, eaux-fortes, lithographies) auxquelles viennent s'ajouter de nombreux dessins préparatoires (esquisses, croquis, calques, modèles de gravures), des carnets de croquis, des ouvrages et calendriers illustrés et des matrices gravées (bois et cuivres).
En dehors de quelques œuvres de ses amis artistes (Villette, Caran d'Ache), la collection personnelle de Rivière compte plus de sept cents estampes japonaises, des livres illustrés japonais et une trentaine de peintures chinoises. Dessinateur ayant débuté au théâtre d'ombres du Chat noir, aquarelliste de talent, Rivière s'est imposé dans l'histoire de l'estampe par sa passion pour la couleur. Il participa activement au renouveau de la gravure sur bois en adoptant la technique japonaise de l'estampe en couleur et donna à la lithographie en couleur une importance proportionnelle aux dimensions "murales" de ses réalisations. En marge des courants de son époque, il puisait son inspiration dans les paysages de Bretagne, où il séjournait régulièrement, et dans les estampes japonaises qu'il collectionnait.
Cette dation vient compléter le fonds d'aquarelles déjà léguées par Rivière au département des Estampes, qui compte des pièces majeures parmi lesquelles la magnifique série des quatorze Études de lumière pour le boqueteau,
à Longuivy
de 1898, exposée au musée d'Orsay en 1988. Elle vient également enrichir le fonds d'estampes de dessins préparatoires à certaines d'entre elles et combler une partie notable des lacunes de l'œuvre gravé, et surtout lithographié, de l'artiste (pièces de la série de la Féerie des heures de 1901-1902, des Paysages parisiens de 1900, des Trente-six vues de la tour Eiffel de 1888-1902 et Calendriers du beau pays de Bretagne de 1899-1916).
Les états et les tirages différenciés des eaux-fortes apportent un témoignage précieux sur le travail du graveur,
peu représenté jusqu'à présent dans les collections nationales.
Quant à la collection personnelle d'estampes japonaises rassemblée par Rivière, elle constitue un objet d'étude essentiel pour la connaissance du courant du japonisme, auquel il se rattache par ses emprunts techniques, thématiques et stylistiques. Une manne pour les historiens de l'art et les amateurs de l'œuvre de Rivière ! Signalons enfin qu'un ensemble de sept zincs découpés pour le théâtre d'ombres du Chat noir a fait l'objet d'un dépôt au musée d'Orsay,
déjà riche d'une belle collection en la matière.

Valérie Sueur-Hermel