La BnF apporte son soutien au portail CAIRN
Dans le contexte actuel d'Internet, la visibilité des revues francophones de sciences humaines et sociales constitue un enjeu majeur, auquel le portail Cairn apporte une réponse.
La BnF s'associe au projet.


Le portail Cairn propose un bouquet de revues francophones en sciences humaines et sociales.
Un précédent numéro de Chroniques en a déjà fait état. Confrontées à l'urgente nécessité d'améliorer la diffusion en ligne des revues de langue française, plusieurs maisons d'édition belge (De Bœck Université) et françaises (Belin, Eres, La Découverte), spécialisées en sciences humaines et sociales, ont décidé de mutualiser leurs efforts pour développer un portail (www.cairn.info) qui propose en texte intégral les numéros récents de ces publications (depuis 2000), afin d'en assurer la promotion et d'en faciliter la commercialisation, tant dans les aires francophones que dans le reste du monde.
Loin d'être réservé aux seules revues des promoteurs de ce projet, l'outil se veut également ouvert aux publications de sciences humaines et sociales, éditées par d'autres maisons d'édition, ou par des structures associatives et institutions publiques françaises ou francophones.
Le portail se propose de rassembler deux cents titres de sciences humaines et sociales, revues purement scientifiques, revues de débat et revues de divulgation, afin de créer un important vecteur de diffusion de ce type de publications à l'échelle internationale.
Plusieurs éditeurs majeurs ont déjà rejoint Cairn, dont tout récemment les Presses universitaires de France.
Le Centre national du livre a décidé d'appuyer cette initiative en intervenant dans les frais de conversion rétrospective – depuis 2000 ou 2001 – des différentes publications qui souhaiteront figurer sur ce portail. Par là, le Centre veut souligner l'importance, particulièrement dans le contexte actuel, de projets qui visent à affirmer la présence des œuvres francophones sur la toile, selon un modèle économique raisonnable, respectueux à la fois des intérêts des utilisateurs et de ceux des ayants droit.

Une possibilité de navigation "plein texte"
On l'a dit, la BnF a voulu également s'associer au projet – qui s'inscrit pleinement dans ses objectifs de conservation et de diffusion – en proposant à Cairn ses infrastructures et son expertise en matière d'archivage numérique, afin de garantir la pérennité des fichiers mis en ligne. En outre, la BnF facilitera la consultation des publications du portail par les lecteurs de la BnF ; elle assurera la numérisation des numéros antérieurs, dans la mesure où ils rejoindront les choix éditoriaux de sa bibliothèque numérique, Gallica, et offrira des solutions d'interopérabilité qui faciliteront les recherches de l'utilisateur, de façon aussi transparente que possible, tant sur les numéros anciens que sur les numéros courants. C'est pour cette raison que la BnF a choisi d'entrer au capital de la société anonyme Cairn, prenant une part active à cette initiative qui, via l'électronique, inaugure de nouveaux modes de diffusion des revues en sciences humaines et sociales de langue française. La Bibliothèque réaffirme là son rôle de conservateur et de diffuseur du patrimoine en faveur du monde de la recherche, dans le respect des ayants droit, en partenariat avec les éditeurs.
Actuellement, Gallica, propose la consultation en ligne de titres des revues libres de droits, (c'est-à-dire dont la publication remonte avant 1935, date mobile qui avance chaque année). Plus de 400 titres sont déjà proposés aux internautes – titres phares de l'université française, titres des sociétés savantes régionales et des principales revues "culturelles" –, ce qui forme, pour la partie rétrospective, un ensemble en ligne, gratuit, sans équivalent.
Les conditions de consultation de Gallica vont désormais connaître une évolution considérable puisque, à la faveur du projet d'une bibliothèque numérique européenne, la grande majorité des contenus bénéficiera d'une possibilité de navigation "plein texte", facilité semblable à celle, jusqu'ici, limitée aux tables des matières. Dans ce nouveau contexte, Gallica va intensifier ses programmes de numérisation, notamment ceux qui portent sur la presse quotidienne, enrichissant ainsi son offre de revues.

Un changement d'échelle suscité par les évolutions de la toile

Ce partenariat avec Cairn crée donc l'opportunité d'améliorer encore la navigation des internautes qui consultent Gallica. À brève échéance, des passerelles leur permettront de consulter librement un titre donné dans Gallica (pour les numéros parus avant 2000), puis, selon d'autres modalités, de consulter dans Cairn les numéros parus au-delà de cette date. Les conditions de consultation sont arrêtées au cas par cas : avec les éditeurs, avec les rédactions des titres des revues, avec la BnF et Cairn pour les parties sous droits, en concertation avec les auteurs.
À l'occasion de la célébration de son 150e anniversaire, la revue Études a fait part de sa volonté de s'associer à la BnF et à Cairn. Il est prévu d'enchaîner avec deux titres d'éditeurs, membres du consortium, la Revue d'histoire moderne et contemporaine, fondée en 1899 par Pierre Caron, éditée par la Société d'histoire moderne et Belin, et Moyen Âge, fondée en 1888, éditée par De Bœck. Les Presses universitaires de France souhaitent rallier le mouvement,
en commençant par la Revue française de psychanalyse.
Dès 2007, les internautes pourront ainsi profiter des versions numériques continues de titres français majeurs, auxquels s'ajouteront de nombreuses autres revues, avec lesquelles la BnF est actuellement en pourparlers.
Depuis quelques années, les débats sur l'offre numérique en ligne soulignent un changement d'échelle, suscité par les évolutions de la toile. Le ministère de l'Éducation nationale (sousdirection des bibliothèques et de l'enseignement supérieur), qui, de longue date, est partenaire de la BnF dans le champ du dépôt légal ou celui des catalogues collectifs, a développé un portail de revues, Persée. Il y a, en effet, un fort enjeu de visibilité sur Internet pour les revues francophones de sciences humaines et sociales. L'union des forces et des ressources en matière de leur numérisation est donc une question d'actualité, essentielle pour l'avenir de la production scientifique française…

Valérie Tesnière