Étonnante collection Charles Cros
Appareil d'enregistrement du musée de la Parole
 

N° 838 à l'inventaire de la collection Cros.
Hors vitrine.

Cet appareillage installé à l'entrée de la collection pourrait être considéré comme son noyau historique. Il s'agit en effet d'une déclinaison du dispositif d'enregistrement qui fut en usage dans les laboratoires des Archives de la parole installés dans les locaux de la Sorbonne à partir de 1911 puis, à partir de 1928, au musée de la Parole et du geste sis au 19 rue des Bernardins.
L'ensemble est composé de deux parties :
une table haute en bois porte la platine d'enregistrement dont le corps principal est fait d'un bloc métallique d'un seul tenant. Ce bloc massif a notamment pour but d'isoler de toute vibration parasite le mandrin sur lequel est engagé le cylindre de cire à enregistrer. Les éléments de la table portent tous un numéro peint au pochoir ; sans doute pour faciliter son démontage-remontage lors de son déplacement.
une tour de bois en deux parties qui se superposent, destinée à ménager une hauteur de laquelle tombe un poids à l'extrémité d'un câble d'acier et qui, par un jeu d'engrenages, assure l'entraînement par rotation du cylindre sur son mandrin. Ce système d'entraînement semblable à la mécanique d'une horloge a pour avantage de ménager une puissance de longue durée, régulière et surtout sans à-coups (tout à-coup ruine l'enregistrement). Il est par ailleurs semblable aux appareillages utilisés dans les studios d'enregistrement de la maison Pathé à Chatou.

Il y a peu encore, il était de mise de considérer cet appareillage comme un prototype réalisé par Pathé dans le cadre du mécénat le liant aux Archives de la parole. La découverte récente d'une photographie remet désormais en cause ce point de vue. À en croire sa légende, cette photographie a été prise en Algérie en 1926. Elle représente un groupe de musiciens locaux à proximité d'un appareillage très semblable à celui que nous possédons. Cependant, cet appareillage n'est pas l'exemplaire en notre possession. Nous aurions donc affaire à un dispositif qui aura pu être décliné en un certain nombre d'exemplaires, comme tout matériel professionnel d'enregistrement. C'est d'autre part la preuve que l'appareillage avait vocation à être transporté, y compris en un pays lointain, en dépit de son encombrement.

L'appareillage donné aux Archives de la parole était-il encore un prototype en 1911 ou déjà seulement un énième exemplaire d'un matériel professionnel ? Pour l'heure, il semble impossible de répondre à la question.
Les archives témoignent par ailleurs que Ferdinand Brunot et son équipe ont également utilisé un dispositif léger avec matrice de cire plate comme support de travail pour leurs campagnes d'enregistrements réalisées dans les Ardennes franco-belges (1912) et le Berry et le Limousin (1913).
Outre les discours inauguraux des Archives de la parole le 3 juin 1911, les collections sonores du département de l'Audiovisuel conservent encore, sur disques Pathé à gravure verticale (dits aussi "à saphir"), l'enregistrement des personnalités venues à la Sorbonne pour immortaliser leur voix : Cécile Sorel, Guillaume Apollinaire, Maurice Barrès, le commandant Dreyfus, etc.