Étonnante collection Charles Cros
Pathégraphe
 

N° 271 à l'inventaire de la collection Cros.
Hors vitrine

La maison Pathé aurait travaillé à la mise au point du "Pathégraphe" à partir de 1911 ; l'appareil (appelé aussi "Autodidacte") est commercialisé en 1913.
Entre 1911 et 1913, il fait l'objet de tests d'usage auprès de plusieurs classes ; le travail est sérieusement mené puisque confié à l'autorité scientifique du professeur Louis Liard, de la Sorbonne.

Le Pathégraphe est surtout connu comme une méthode d'apprentissage des langues étrangères (méthode Louis Weill). La première langue éditée pour le Pathégraphe est l'allemand (choix singulier à quelques mois du début du premier conflit mondial). Les langues anglaises et espagnoles suivront. Le nouvel appareil de la maison Pathé s'ajoute à nombre d'autres méthodes d'apprentissage des langues fondées sur l'usage de l'enregistrement sonore.
Le Pathégraphe permet aussi de faire des "exercices pratiques d'articulation et de diction" (méthode Rosset) ou de suivre des cours de solfège.
Dans le plein sens du terme, il s'agit d'une méthode d'apprentissage audiovisuel : l'élève, alors qu'il écoute le disque,
voit défiler devant lui, en façade de l'appareil, une bande de papier se déroulant synchroniquement et sur laquelle est inscrit le texte de la leçon ; la bande de papier large de 86 mm est perforée pour permettre son entraînement mécanique. Pour les méthodes de langue, il y a en fait deux textes : en partie basse, le texte dans la langue étrangère ; en partie haute, sa traduction en français. Un volet d'aluminium peut être abaissé ou relevé pour masquer ou rendre visible cette traduction.
Les disques utilisés, de 35 cm de diamètre, sont gravés verticalement et lus par une tête munie d'une boule de saphir. Leur vitesse de lecture est de 80 tours par minute ; la lecture débute par le centre. Chaque face a une durée de 2 à 4 minutes.
L'appareil était monté sur une armoire en chêne. Sur le côté droit de la façade figurent quatre manettes respectivement destinées à remonter le mécanisme par un ressort, à régler la vitesse de l'appareil, à sa mise en marche et à remonter la bande de papier. Originalité en comparaison des appareils de l'époque : le Pathégraphe n'a pas de pavillon floral, le son est diffusé à partir d'un réflecteur sonore logé au fond du capot métallique.
Une manette permet de transformer instantanément le Pathégraphe en Pathéphone, de sorte que, comme on l'écrit en 1913 : "On écoute le phonographe pour s'amuser, on écoutera le "Pathégraphe" pour s'instruire et, comme l'ingéniosité bien connue de la maison Pathé a fait en sorte que l'instrument puisse redevenir à volonté un excellent phonographe d'agrément, après s'être instruit on pourra, à nouveau, se distraire rien qu'en pressant le bouton et en changeant le disque."
Il semblerait que la diffusion commerciale de cet appareil ait été de courte durée. En 1918, la méthode d'apprentissage des langues Louis Weil préconise l'usage du "Pathéphone modèle D, appareil en chêne du type portatif " et fonctionne avec des disques de 29 cm de diamètre.