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N° 609 à l'inventaire de la collection Cros.
Hors vitrine |
Le Scopitone présenté
au salon de Paris, le 24 avril 1960 est la version française
d'un appareil présenté en juin 1959, au salon
de Milan, sous le nom de SCOPZIONE
et commercialisé par la maison CINEBOX.
L'appareil français est quant à lui commercialisé
par la société CAMECA
(Compagnie d'applications mécaniques à l'électronique,
au cinéma et à l'atomistique) sise au 103 du boulevard
Saint-Denis à Courbevoie.
Ce monstre mécanique de 2 m. de hauteur, à la façade
cyclopéenne, pèse 230 kg et offre au client une sélection
de
36 films musicaux ou comiques en bobines de 30 m. de longueur en format
16 mm *.
Le film est sonorisé par une piste magnétique attachée
au film dont la durée moyenne est de 2 minutes et 45 secondes.
L'appareil n'a pas pour seule ambition de distraire les
clients des bars et cafés, il s'offre aussi comme un
moyen pour la diffusion de publicité, d'information et
d'enseignement. Une fois la pièce de monnaie glissée
par le client et la sélection faite parmi les touches de la
façade, le chariot circulaire portant les 36 bobines se mettait
en rotation pour positionner le film choisi dans le dispositif de
lecture et de projection. La diffusion terminée, le film était
immédiatement rembobiné.
Il est dit (histoire ou légende ?) que les concepteurs français
de l'appareil ont utilisé des caméras issus des
surplus de l'armée de l'air française de
l'immédiat après-guerre (elles auraient équipé
les avions de reconnaissance volant à haute altitude) pour
les convertir en projecteur à l'intérieur du coffre
du Scopitone.
Parallèlement au disque 45 tours, le film Scopitone est un
bon moyen pour assurer la publicité autour des chanteuses et
chanteurs en vogue. Rares sont les artistes du hit-parade à
n'avoir pas tourné pour ce type de film promotionnel.
Gloria Lasso, Georges
Ulmer, Annie Cordy sont les
premiers à tourner. Viendront les rejoindre
Paul Anka (Remember Diana),
Jacques Brel (Rosa, Madeleine),
Claude François, Johnny
Hallyday, Sylvie Vartan,
Dalida, les Chats sauvages,
Richard Anthony, Luis Mariano,
Georges Guétary, Brigitte
Bardot, Serge Gainsbourg, etc.
Les artistes comiques ne manquent pas à l'appel : Henri
Salvador, Fernand Raynaud, Guy
Bedos, Jean Constantin, etc.
Côté caméra, les films Scopitone seront un moyen
d'expression de réalisateurs qui feront parfois une belle
carrière : Alexandre Tarta,
Claude Lelouch, Pierre
Cardinal, Jean-Christophe Averty,
Andrée Davis-Boyer.
Lelouch serait l'auteur de 130
films, tournés en 1961 et 1965.
Sur le lieu de tournage, l'artiste chante en play-back, l'enregistrement
du 45 tours servira à la sonorisation finale du film.
L'aventure prend fin en 1974 lorsque la CAMECA (principal éditeur)
choisit de s'orienter vers un autre marché.
Les cafetiers, détenteurs des appareils, ne sont plus approvisionnés
en films peu à peu et, de la salle principale,
les Scopitone gagnent les arrière-salle puis les remises (comme
jadis quelques modèles de phonographes à disques
78 tours) et parfois la casse.
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L'exemplaire présent au sein de la collection Cros est encore
chargé de l'ensemble de ses films. |
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