Daguerre met au point le daguerréotype,
premier procédé photographique qui, utilisant
une plaque de cuivre argenté, produit une image unique.
Les peintres comme Delacroix, lui préfèrent le
calotype, mis au point par Fox Talbot,
dont le rendu est plus artistique et fait intervenir le papier.
Mais ces premières photographies sur papier manquaient
de netteté. Gustave Le Gray apporte sa contribution par
ses découvertes successives à l'amélioration
du procédé photographique.
Lors de son séjour à Rome, il étudie les
manuscrits de Léonard de Vinci décrivant ses essais
de l'image à la chambre noire et mène déjà
quelques expériences De retour en France, il pratique
aussi bien le daguerréotype que le tirage sur papier.
En compagnie de François Arago,
il photographie l'éclipse du soleil le 9 octobre 1847.
Il ouvre un atelier et reçoit de nombreux élèves
tels le comte Aguado, de Laborde, conservateur au Louvre et
Maxime Du Camp qui lui confiera,
par la suite, les tirages de ses photographies prises lors de
son voyage en Orient.
Le Gray expérimente, dès 1849, une nouvelle substance,
le collodion. Il interrompt ses recherches et se trouve ensuite
en rivalité avec l'Anglais Frederick
Scott Archer qui complète le procédé
et revendique la découverte. Une technique précédente
utilisait l'albumine ou le blanc d'uf pour lier les sels
d'argent mais la découverte du collodion étalé
sur une plaque de verre améliore grandement le temps
de pose et la netteté du rendu.
En 1851, Gustave Le Gray invente un autre procédé
qui ne lui est pas contesté : le négatif sur papier
ciré sec. Il cire le papier négatif avant l'exposition
lui donnant une transparence proche du verre. Le papier permet
ainsi de rendre les détails avec plus de finesse.
Au fur et à mesure de ses inventions, il les présente
à l'Académie des sciences, publie des manuels
et il écrit dans son Traité que l'avenir
de la photographie est tout entier dans le papier. Il
reçoit plusieurs médailles lors des Expositions
universelles de Paris, Londres, Bruxelles... Il participe à
la création de la Société
héliographique et de
la Société française
de photographie (SFP).
Gustave Le Gray, reconnu comme un maître inégalé
par le raffinement de ses tirages, voit les commandes affluer.
De nombreux portraits de cette époque prouvent déjà
sa grande maîtrise, tel celui de Louis-Napoléon
Bonaparte juste avant qu'il ne devienne Napoléon III.
Il est parmi les cinq photographes choisi par la Mission
héliographique avec son ami Le
Secq pour garder en mémoire le patrimoine architectural
de la France. De cette commande datent ses photographies de
l'escalier du château au Blois, du pont du Gard...
Dans ses photographies de la Forêt de Fontainebleau, qu'il
prend en compagnie de Charles Nègre
en 1849 et avec John B. Greene
en 1852, il joue également avec l'exposition de l'épreuve
positive. Un tirage plus sombre donne une impression de profondeur
et de mystère à la forêt alors qu'une autre
épreuve exposée moins longtemps, donne un rendu
plus intense aux feuillages et aux troncs.
Une autre de ses pratiques consiste à utiliser deux négatifs
distincts pour équilibrer le ciel et la mer comme dans
la Grande Vague.
En 1858, il invente un nouveau procédé qu'il dépose
également : le virage au chlorure d'or pour le tirage
des épreuves sur papier albuminé donnant de très
beaux tons de noir et du velouté aux ombres.
Grâce à l'appui financier de son commanditaire,
le marquis de Briges, il ouvre un luxueux atelier au 35 bd des
Capucines, et a pour voisins les frères Bisson.
Nadar viendra s'installer dans
le même immeuble quelques temps après. Cette période,
1855-1859, correspond à ses plus grands succès
: marines, camp militaire de Châlons sur Marne. Mais la
photographie devient de plus en plus une activité commerciale
ce qui nuit à la production, alors que Le Gray privilégie
une certaine qualité artistique. Il perd le soutien de
son commanditaire.
Portrait d'Alexandre
Dumas |
Fuyant ses dettes, il part avec Alexandre
Dumas. Il devient momentanément un véritable
" photographe de presse ", correspondant de guerre
en prenant les ruines de Palerme en Sicile où se bat
Garibaldi pour l'unité italienne. Il poursuit son voyage,
engagé par le Monde illustré
pour couvrir les troubles de Syrie. A Baalbek, il photographie
les ruines du temple de Jupiter et finit par s'installer en
Egypte où il conserve une certaine notoriété
grâce aux commandes princières.
Mais loin des avancées photographiques et de la France,
il meurt oublié et pauvre.
Le soleil couronné,
1856 |
Redécouvert depuis quelques années, Gustave Le
Gray est considéré aujourd'hui comme le chef de
file de la photographie d'art et ses épreuves présentées
dans les salles des ventes atteignent les prix les plus hauts
du marché. Juste retour des choses puisque Gustave Le
Gray, mort dans la misère, voulait hisser la photographie
au rang d'un art équivalent à la peinture.
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www.sfp.photographie.com |
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Louis
Daguerre, 1787-1851
Partage avec Nièpce l'invention de la photographie.
William Henry Fox Talbot,
1800-1877
Inventeur du procédé négatif positif,
en 1841, qu'il nomme calotype. |
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François Arago,
1786-1853
Astronome, physicien et homme politique. Présente
à l'Académie des sciences et des beaux-arts,
en 1839, l'invention de la photographie par Daguerre.
Maxime Du Camp,
1822-1894
G. Le Gray lui donne des leçons de photographie.
Frederick Scott Archer,
1813-1857
Publie ses recherches dans la revue The
Chemist en 1850.
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Société
héliographique
Le Gray participa à sa création avec Le
Secq et Nègre, début 1851. Elle a pour but
d'encourager les perfection-nements techniques de la photographie,
d'exposer et de décerner de nombreux prix d'encouragement.
SFP
Société française de photographie
Fondée en 1854 par O. Aguado, H. Bayard, E. Durieu,
le Baron Gros, G. Le Gray...
Elle existe toujours et a son siège rue de Richelieu.
Elle est dépositaire de riches collections d'images
et d'appareils anciens.
Mission héliographique
La Commission des Monuments historiques décide
en 1851, de procéder à un inventaire photographique
de certains monuments nécessitant une restauration
urgente ou qui viennent d'être restaurés.
Elle fonde la Mission héliographique qui sélectionne
5 photographes : Baldus, Bayard, Le Secq. Le Gray et Mestral. |
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Henri
Jean-Louis Le Secq,
1818-1882
Elève de Delaroche. Fait parti de la Mission héliographique.
Charles Nègre,
1820-1880
Elève de Delaroche. Se sert de la photo en 1848
comme préparation à ses peintures. Est connu
pour ses paysages, et photos d'architectures
John B. Greene, 1822-1856
Archéologue américain. Prend également
les bas-reliefs de l'Arc de Triomphe en compagnie Le Gray.
Meurt au Caire. |
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Louis-Auguste
Bisson, 1817-1876 et Auguste-Rosalie
Bisson, 1826-1900.
Il créent un établissement photographique
réputé.
Félix Tournachon,
dit Nadar, 1820-1910
Célèbre pour ses nombreux portraits. Cite
longuement Le Gray dans ses mémoires.
Alexandre Dumas,
1802-1870
Ecrivain, très populaire,
Les 3 mousquetaires, Le Reine Margot, Le Comte de Monte
Cristo, soutient Garibaldi dans sa lutte. Le prochain
numéro de la Revue
de la BnF lui sera consacré. Une Nuit
Alexandre Dumas est également prévue
à la Bibliothèque de l'Arsenal.
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