Des nouveaux usages de la lecture
Le chercheur face à l’outil audiovisuel
Signalées dans le catalogue BN-OPALE PLUS, les collections audiovisuelles de la BnF ont acquis une meilleure visibilité. Les pratiques de recherche dans ce domaine ont aussi leurs spécificités.
Quelques constats.
Si les pratiques de consultation au département de l’Audiovisuel n’ont pas fait l’objet d’études, certaines observations apparaissent cependant récurrentes : plus encore que pour l’imprimé, le contenu reste, pour le public, le moteur essentiel, quel que soit le mode de lecture. C’est vrai des publics "musiciens" ou "cinéphiles" attirés par l’offre unique qu’ils trouvent à la BnF (les premiers, surtout, sont partisans du travail solitaire en chambre).

Spécialiste du droit des affaires, Albert Coats, réserve toujours sa place favorite pour consulter plusieurs fois par semaine des imprimés, des documents sonores et des vidéos (ce Breton d’origine compulse ses textes juridiques en écoutant de la musique celtique !). L’interdisciplinarité des collections permet l’accès à des films policiers, d’action ou de guerre qu’il analyse en trois temps : visionnage intégral en continu, découpage en séquences et repérage des temps forts, qu’il annote. Puis retour sur les moments clés.

Marie Simonneau, mathématicienne et informaticienne, est venue, elle, à l’audiovisuel par un chemin de traverse inédit. Son éducation musicale la porte vers L’Art de la fugue de Bach où la composition tient une place essentielle. Mais la musique contemporaine et le jazz l’intéressent au même titre. Pour elle, l’apport de la composition musicale stimule la créativité mathématique et la cohérence de l’idée, preuve que l’appropriation de l’outil audiovisuel peut générer des sens nouveaux. L’écrit et l’audiovisuel démontrent leur complémentarité lorsqu’elle apprécie de consulter de sa place des imprimés liés à ses spécialités ou de disposer d’ouvrages en libre accès sur le multimédia et la musique.

Pourtant, certains chercheurs montrent encore des comportements passifs, n’exploitant pleinement les outils proposés qu’après un accompagnement (pour passer l’image en plein écran, par exemple, pour utiliser les raccourcis ou poser des repères). Mais qu’on leur fasse une présentation, et l’on est frappé par leur enthousiasme teinté de soulagement. Quelques applications, comme la prise de notes (imprimables), restent toutefois sous-utilisées, certains préférant retranscrire frénétiquement sur leur portable leurs notes ou les discours entendus. Reste la frustration de ne pouvoir emporter la trace de leurs recherches : en effet, la copie (possible pour le son, sur commande et sous certaines conditions) est impossible pour l’image.


Kiyomi Ishibashi © David Carr / BnF
Retour illimité sur un passage
Et puis, il y a les virtuoses : jeune doctorante japonaise et critique de cinéma,
Kiyomi Ishibashi
prise les atouts du disque laser, pour contrôler l’image en accéléré, et du DVD, qui lui offre de choisir sa langue, de comparer toutes les versions ou de voir le making of : presque chaque jour, elle vient visionner des films du répertoire mondial ou des genres liés à son étude, comme des films catastrophes des années cinquante. Son travail porte sur les images de synthèse, mais sa découverte émerveillée des richesses du catalogue en matière de fiction dépasse largement son objet de recherche.
Quant aux modes de consultation des documents sonores, ils sont très variés :
de l’examen du support par des discographes ou des collectionneurs, à celui des pochettes et des livrets et jusqu’à l’écoute elle-même qui révèle des différences significatives sur disque compact, sur microsillon ou sur 78 tours.
Pour ces supports analogiques, la numérisation en cours d’écoute autorise un retour illimité sur un passage du document, le temps de la session… Une facilité qui sera bientôt étendue aux supports de l’image.

Régine Lartigue et Élizabeth Giuliani


En savoir plus

Département Littérature et art.
Service de documentation sur le livre, la presse et la lecture.
Bibliothèque d’étude (Haut-de-jardin) : salle E.
Bibliothèque de recherche (Rez-de-jardin) : salle T.

BN-OPALE PLUS le catalogue général de la BnF
http://catalogue.bnf.fr