Fête de la musique - Patricia Petibon rend hommage à Jacques Demy
 

©Marie-Noelle Robert
La Bibliothèque nationale de France organise une journée en hommage à Jacques Demy qui se conclura par un récital de chansons extraites des comédies musicales de ce réalisateur, composées par Michel Legrand. Patricia Petibon sera, avec François Leroux, l'une des deux interprètes de ces mélodies. Cette merveilleuse soprano chantera à cette occasion pour la première fois à la bibliothèque. Elle nous a livré quelques impressions.
 
Chroniques.fr : Comment la programmation de ce concert est-elle conçue ?

Patricia Petibon : J'interpréterai vraisemblablement des extraits de Peau d'âne, des Demoiselles de Rochefort et des Parapluies de Cherbourg, mais je ne sais pas encore lesquels. Nous avons de grandes difficultés à trouver les partitions de ces comédies musicales. Avant de me décider définitivement, je souhaite voir comment les choses ont été écrites par Michel Legrand pour coller au plus près à ses choix esthétiques. Comme beaucoup de musiciens classiques, j'ai un immense respect pour Michel Legrand, qui a beaucoup compté dans ma vie de chanteuse. Je suis tellement fan de ce musicien depuis si longtemps que je suis très heureuse d'avoir été pressentie pour cette soirée. Je voudrais lui rendre hommage en respectant le mieux possible son écriture.

Ch.fr : A priori, vous n'avez pas un âge (32 ans), qui justifie que les comédies musicales de Jacques Demy soient pour vous des œuvres culte. Comment expliquez-vous cet engouement ?

 P.P. : Les films de Jacques Demy ont bercé mon enfance. Les médias s'en faisaient souvent l'écho. Les mélodies de Michel Legrand m'ont donné le goût du chant. Elles incarnent pour moi la simplicité, l'harmonie. Michel Legrand a eu l'énorme talent de trouver des mélodies, qui restent. J'ai vu chaque film plusieurs fois. Dans les intonations musicales on y entend Michel Legrand, en homme, en femme. On y sent son sens profond de la mélodie, sa culture éclectique : il a beaucoup écouté Bach, mais aussi du jazz. C'est un adepte des mélanges musicaux.
Ecouter sa musique me rend heureuse ; elle me fait rêver, me propulse ailleurs ; c'est ma madeleine. Elle fait partie de mon univers. Ces comédies renvoient aussi pour moi à une époque où les rapports du cinéma et de la musique pouvaient confiner à l'art, où les musiques de films avaient un style...

Ch.fr : Ce répertoire s'écarte de votre répertoire traditionnel. Comment vivez-vous ce décalage ?

P.P. : Je ne suis pas sectaire. Quand on a écouté de belles choses, on peut rendre hommage à leurs auteurs, quel que soit leur style. Je sais reconnaître ce qui m'a aidé à aimer la musique. J'ai aussi beaucoup écouté d'opérette, Francis Lopez, Luis Mariano. Je les respecte, ils m'ont offert du bonheur. Je n'ai pas été nourrie que de musique classique, Bernstein, Satie, Gershwin ont aussi beaucoup compté pour moi. On s'adapte à des répertoires différents. Je ne chanterai pas Michel Legrand comme Mozart. Cela fait aussi partie du plaisir de ne pas forcément utiliser toute sa puissance vocale. Au départ, j'avais une voix naturelle, qui me permettait de chanter pour mon plaisir et non pas de jongler avec des difficultés d'interprétation. Je n'aurai pas de mal à retrouver ce naturel. C'est un peu un retour aux sources.
On me dit que Michel Legrand sera peut-être présent à cet hommage. J'ai tellement rêvé de le rencontrer , que je me prépare à ne pas le décevoir.

Marie-Noële Darmois