Un festival pour quatre écrans
 
La première édition du Festival européen des 4 écrans s’installe sur le site François-Mitterrand de la BnF et au MK2 Bibliothèque. Durant trois jours, sous le regard d’un jury d’intellectuels et d’artistes européens, une cinquantaine de films encore inédits proposent les images d’une nouvelle écriture, dont les évolutions sont décryptées dans des conférences et ateliers.
Entretien avec Hervé Chabalier, président-directeur général de l’agence Capa, délégué général du festival.
Image extraire de Losers and winners
Chroniques : Pourquoi un nouveau festival ?

Au retour d’un très bon festival d’une ville de bord de mer, fréquenté par des professionnels, j’ai pensé que la révolution numérique concernait tous les citoyens, qu’il fallait élargir la cible et permettre au public de comprendre comment étaient faites les images qu’il consomme de plus en plus, sur des supports multiples. La télévision et les nouveaux écrans, Internet, la téléphonie mobile ne sont pas considérés comme des outils de savoir et de réflexion. Les images sont pourtant porteuses de sens. Elles sont un outil d’intelligence et de connaissance de notre temps. La création du Festival européen des 4 écrans, consacré aux œuvres audiovisuelles tournées vers le réel et les faits de société, destinées aussi bien au cinéma qu’à la télévision, au net ou au mobile, se propose de nourrir les besoins d’information et de réflexion de publics très divers.
Au centre de la démarche volontariste de l’équipe du festival se place la volonté de faire découvrir ce que l’Europe fait de mieux, de plus inventif et ainsi de concourir à une meilleure communication entre Européens. Une démarche résolument citoyenne face à la superpuissance américaine et à l’émergence de l’Asie dans le domaine de l’image.

Le festival se décline autour de plusieurs axes. Quels sont-ils ?

Le festival est à la fois un événement professionnel et populaire. C’est une fête, un moment de plaisir partagé entre ceux qui produisent des milliers d’heures de télévision, ceux qui inventent les images de demain et ceux qui les reçoivent en spectateurs. Les manifestations seront partagées entre la BnF et MK2. Pendant les trois jours du festival les amateurs de programmes audiovisuels pourront découvrir dans trois salles du cinéma MK2 Bibliothèque une cinquantaine de programmes européens de documentaires, grands reportages, fictions du réel et docu-fictions. À la BnF s’installera l’université de l’image qui vise, à travers conférences et ateliers, à décrypter les images, leur pouvoir, leur évolution,
à définir des positionnements éthiques et économiques.
Comme dans tout festival, la dimension spectacle sera présente avec une cérémonie d’ouverture, qui proposera la projection d’un film de fiction en avant-première après la présentation des programmes en lice par les jurys des quatre compétitions, télé, net, mobile, cinéma. Autre temps fort festif, la cérémonie de clôture qui récompensera les meilleurs programmes.

Image extraite de Ghosts
Comment s’organise la compétition ?

Chacun des écrans fait l’objet d’une compétition sous l’œil de 4 jurys.
Dans le domaine de la télévision, par exemple, le jury – présidé par Jorge Semprun avec la participation de personnalités, comme Philippe Starck, Marianne Faithfull ou Carlo Freccero – doit désigner les lauréats de sept prix, dont l’Écran d’or du meilleur programme.
Sur le net, une compétition réalisée avec Apple et Canal+ proposera à un jury d’internautes des mini-fictions d’une dizaine de minutes. Sur le téléphone mobile, des photoreporters sont invités à réaliser 20 à 30 secondes d’images. Dans le domaine du cinéma, l’action est plus modeste. Une projection du film ayant obtenu le prix du scénario à Cannes (De l’autre côté de Fatih Akin) invitera à un débat sur les implications de la révolution numérique dans la production et la diffusion de longs métrages.

Pouvez-vous développer un peu les aspects pédagogiques de la manifestation ?

Dans les deux auditoriums de la BnF se tiendront, chaque jour, une conférence ouverte au public et deux ateliers professionnels. Les conférences présentées par des personnalités européennes aborderont la question de la profusion des images, de la nouvelle richesse des écrans, des relations entre images, vérité et démocratie, des espaces de création, des nouvelles écritures. Elles s’appuieront, comme les ateliers, sur des exemples très concrets tels celui de la BBC, qui a largement amorcé depuis plusieurs années son évolution multimédia et est aujourd’hui présente sur les quatre écrans. Les ateliers organisés sous forme de tables rondes s’interrogeront sur les images du réel en Europe,
leur écriture, leurs différences entre les pays du Nord, du Sud, de l’Est, sur le déplacement des intérêts des jeunes publics et les nouveaux modèles économiques qu’ils induisent.
Un atelier pédagogique mené en partenariat avec la Ville de Paris, la Région Ile-de-France, la Ligue de l’enseignement de Paris et les Cinémas indépendants de Paris se proposera de donner des outils à un groupe de jeunes pour les aider à décrypter et remettre en contexte un des programmes sélectionnés par le festival. Il s’agit de leur permettre ensuite d’accéder à leur tour à la production d’image.
Propos recueillis par Marie-Noële Darmois


Festival européen des 4 écrans

27, 28, 29 septembre 2007
Site François-Mitterrand / Auditoriums Hall Est