|
Chroniques : Pourquoi un nouveau
festival ?
Au retour d’un très bon festival d’une
ville de bord de mer, fréquenté par des
professionnels, j’ai pensé que la révolution
numérique concernait tous les
citoyens, qu’il fallait élargir la cible et
permettre au public de comprendre comment
étaient faites les images qu’il
consomme de plus en plus, sur des supports
multiples. La télévision et les nouveaux
écrans, Internet, la téléphonie
mobile ne sont pas considérés comme
des outils de savoir et de réflexion. Les
images sont pourtant porteuses de sens.
Elles sont un outil d’intelligence et de
connaissance de notre temps. La création
du Festival européen des 4 écrans,
consacré aux œuvres audiovisuelles tournées
vers le réel et les faits de société, destinées
aussi bien au cinéma qu’à la télévision,
au net ou au mobile, se propose de
nourrir les besoins d’information et de
réflexion de publics très divers.
Au centre
de la démarche volontariste de l’équipe
du festival se place la volonté de faire
découvrir ce que l’Europe fait de mieux,
de plus inventif et ainsi de concourir à
une meilleure communication entre
Européens. Une démarche résolument
citoyenne face à la superpuissance américaine
et à l’émergence de l’Asie dans le
domaine de l’image.
Le festival se décline autour
de plusieurs axes. Quels sont-ils ?
Le festival est à la fois un événement professionnel
et populaire. C’est une fête,
un moment de plaisir partagé entre ceux
qui produisent des milliers d’heures de
télévision, ceux qui inventent les images
de demain et ceux qui les reçoivent en
spectateurs. Les manifestations seront partagées entre la BnF et MK2. Pendant
les trois jours du festival les amateurs de
programmes audiovisuels pourront
découvrir dans trois salles du cinéma
MK2 Bibliothèque une cinquantaine de
programmes européens de documentaires,
grands reportages, fictions du réel
et docu-fictions. À la BnF s’installera
l’université de l’image qui vise, à travers
conférences et ateliers, à décrypter les
images, leur pouvoir, leur évolution, à
définir des positionnements éthiques et
économiques.
Comme dans tout festival, la dimension
spectacle sera présente avec une cérémonie
d’ouverture, qui proposera la projection
d’un film de fiction en avant-première
après la présentation des programmes
en lice par les jurys des quatre
compétitions, télé, net, mobile, cinéma.
Autre temps fort festif, la cérémonie de
clôture qui récompensera les meilleurs
programmes.
Comment s’organise la compétition ?
Chacun des écrans fait l’objet d’une compétition
sous l’œil de 4 jurys.
Dans le
domaine de la télévision, par exemple, le
jury – présidé par Jorge Semprun avec la
participation de personnalités, comme Philippe Starck, Marianne Faithfull ou
Carlo Freccero – doit désigner les lauréats
de sept prix, dont l’Écran d’or du
meilleur programme.
Sur le net, une
compétition réalisée avec Apple et
Canal+ proposera à un jury d’internautes
des mini-fictions d’une dizaine de
minutes. Sur le téléphone mobile, des
photoreporters sont invités à réaliser 20
à 30 secondes d’images.
Dans le domaine
du cinéma, l’action est plus modeste.
Une projection du film ayant obtenu le
prix du scénario à Cannes (De l’autre côté
de Fatih Akin) invitera à un débat sur les
implications de la révolution numérique
dans la production et la diffusion de longs
métrages.
Pouvez-vous développer
un peu les aspects pédagogiques
de la manifestation ?
Dans les deux auditoriums de la BnF se
tiendront, chaque jour, une conférence
ouverte au public et deux ateliers professionnels.
Les conférences présentées
par des personnalités européennes aborderont
la question de la profusion des
images, de la nouvelle richesse des
écrans, des relations entre images, vérité
et démocratie, des espaces de création,
des nouvelles écritures. Elles s’appuieront,
comme les ateliers, sur des
exemples très concrets tels celui de la
BBC, qui a largement amorcé depuis
plusieurs années son évolution multimédia
et est aujourd’hui présente sur les
quatre écrans. Les ateliers organisés sous
forme de tables rondes s’interrogeront
sur les images du réel en Europe,
leur
écriture, leurs différences entre les pays
du Nord, du Sud, de l’Est, sur le déplacement
des intérêts des jeunes publics et
les nouveaux modèles économiques qu’ils
induisent.
Un atelier pédagogique mené
en partenariat avec la Ville de Paris, la
Région Ile-de-France, la Ligue de l’enseignement
de Paris et les Cinémas indépendants
de Paris se proposera de donner
des outils à un groupe de jeunes pour
les aider à décrypter et remettre en
contexte un des programmes sélectionnés
par le festival. Il s’agit de leur permettre
ensuite d’accéder à leur tour à la
production d’image.
Propos recueillis
par Marie-Noële Darmois |
Festival européen des 4 écrans
27, 28,
29 septembre 2007
Site François-Mitterrand /
Auditoriums
Hall Est |