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Un personnage, un acte, une mémoire. Immenses, ardents, combatifs, les héros, depuis l’Antiquité et jusqu’à aujourd’hui, vivent
essentiellement dans l’imaginaire des peuples. Modèles pour l’avenir mais aussi miroirs de notre passé, ils ont, au cours des siècles,
changé d’étoffe et de valeurs, tout en subissant la concurrence du sage, du saint, du grand homme ou de la star.
L’exposition Héros,
d’Achille à Zidane propose un parcours dans l’imaginaire occidental.
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Le tournoi
de Sorelois. Lancelot
du Lac. France,
XVe siècle ©
BnF/Dép. Manuscrits
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Qu’y a-t-il de commun entre Superman,
l’homme d’acier et Roland, le
preux médiéval ?
Entre le résistant Jean
Moulin et Achille, légendaire combattant
de la guerre de Troie ?
Rien, sinon une
volonté, un engagement physique total,
une action à la fois violente et miraculeuse,
destinée à sauver une communauté
en péril. L’héroïsation, par la publicité
d’exploits réels ou fictifs, est néanmoins
nécessaire. Elle isole les héros, les
grandit, puis nourrit le culte dont ils sont
l’objet, et fait résonner – plus ou moins
longtemps – leurs noms dans les mémoires.
Comme le rappelle André Malraux :« Il n’y a pas de héros sans auditoire »
(L’Espoir, 1937). Ainsi tout héros est-il le
produit d’un discours : c’est en suivant
ce fil rouge que l’exposition explore l’imaginaire
occidental.
Le terme de héros est aujourd’hui galvaudé
et polysémique et les héros sont
multiples : certains sont uniques et vénérés
secrètement, d’autres sont célèbres et
connus de tous, et leurs noms s’inscrivent
dans des panthéons parfois fugaces.
Si le poète construisait les héros anciens,
l’historien les démocratise afin qu’ils
incarnent toute la nation, avant que les
professionnels des médias (journalistes, cinéastes, publicistes, créateurs de jeux)
ne mondialisent aujourd’hui des personnages
devenus composites.
Les figures
choisies illustrent la fabrique héroïque,
son cheminement, ses vecteurs, ses
éclipses et ses invariants. Achille, Héraclès,
Thésée, saint Martin, Roland, Lancelot,
Condé, Napoléon, Vercingétorix,
Jeanne d’Arc, Jean Moulin, De Gaulle, Lucie Aubrac,
Che Guevara, Jimi Hendrix,
James Bond, Superman, Zidane,
voici quelques êtres exceptionnels magnifiés
par la parole, le texte et l’image.
Les
collections de la BnF permettent d’illustrer
les différents vecteurs d’héroïsation et la variété de leurs supports : vases antiques,
sculptures, monnaies, manuscrits,
incunables, livres, estampes, jeux de
cartes, imagerie populaire, photographies,
affiches, presse, musique, films,
objets dérivés, jeux vidéo, etc. Ouverte
avec la figure de Gilgamesh, roi-héros
de la première épopée connue, l’exposition
comprend trois parties : la première
consacrée au héros aristocratique, produit
de la culture occidentale des élites,
de l’Antiquité au siècle des Lumières ;
la seconde au héros national et à sa
construction en France à partir de la
Révolution et jusqu’à la Libération ; la
dernière à l’éclatement,
depuis 1945, du
modèle en neuf familles héroïques dans
un univers mondialisé.
Des pièces
prestigieuses ou étonnantes
Parmi les pièces les plus prestigieuses ou
étonnantes, le visiteur pourra admirer,
au sein du parcours : deux amphores en
céramique attique à figures noires montrant,
l’une le combat d’Héraclès contre
Géryon, la seconde celui de Thésée terrassant
le Minotaure, un médaillon d’or
(nikètèrion) du Trésor de Tarse, frappé
de la tête d’Héraclès coiffée de la léonté,
avec les traits d’Alexandre le Grand, un
lécythe avec Achille traînant le corps
d’Hector (musée du Louvre), des manuscrits
médiévaux enluminés (Chroniques
françaises, Renaut de Montauban, Lancelot
du Lac), dont un manuscrit persan sur la
vie légendaire d’Eskandar (Alexandre).
Un incunable sur vélin de 1496 est consacré
à La Vie et Miracles de Mgr sainct Martin.
Deux monumentales gravures des
Batailles d’Alexandre d’après les tableaux
de Charles Le Brun célèbrent la gloire
de Louis XIV, la pompe funèbre du
Grand Condé.
Parmi les pièces remarquables de l’exposition
figurent aussi des dessins de
Jacques-Louis David, des estampes et
gazettes révolutionnaires (Serment du Jeu
de Paume, Mort de Bara, Passage du pont
d’Arcole), un manuscrit autographe du
texte de l’Hymne des Marseillois par Rouget
de Lisle, une scène légendaire de
Napoléon saluant un grognard reproduite
en papier peint, des caricatures, le
Retour de Russie de Géricault,
des planches
des Désastres de la guerre de Goya, les
Notes prises sur place par Victor Hugo lors
des funérailles de l’empereur en 1840, des
ouvrages de Michelet, Lavisse, des manuels
scolaires, des bons points, des objets
du culte johannique, une affiche de Grasset pour Sarah Bernhardt dans le rôle de
Jeanne d’Arc.
Un tableau allégorique de
Meissonier sur le Siège de Paris (1870-
1871) est prêté par le musée d’Orsay.
Pour les périodes plus récentes, un éclairage
particulier s’attache à la mutation
de la posture du soldat, du héros partant
à l’assaut, au poilu dans la boue des tranchées,
ainsi qu’à la concurrence des héros
dans l’entre-deux-guerres.
Les manuscrits
de Vol de nuit de Saint Exupéry et
de Premier Combat de Jean Moulin, ainsi que le discours de Malraux pour le transfert
des cendres de Moulin au Panthéon,
les dernières lettres de Joseph Epstein (colonel Gilles) à sa femme et son fils
(collection Georges Duffau) sont des
illustrations emblématiques du héros
combattant et du résistant. Les héros
multiples d’aujourd’hui sont appréhendés
à travers des médias divers : affiches,
photographies, journaux, BD, albums
d’images à coller, jeux vidéo, tableaux,
livres, disques, jouets…
Héros, d’Achille à Zidane
Du 9 octobre 2007 au 13 avril 2008
Site François-Mitterrand
Commissariat : Odile Faliu, conservateur en chef,
direction des collections, BnF et Marc Tourret, professeur
agrégé d’histoire, service de l’action pédagogique, BnF.
En partenariat : avec Philosophie Magazine et Le Point |
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