Une autre exposition proposée par la
BnF est centré autour des travaux du géographe arabe
al-Idrîsî, qui fut appelé à la cour du
roi de Sicile, le normand Roger II, pour élaborer un grand
atlas " du monde connu " au XIIe siècle.
Al-Idrîsî, qui se dédia pendant près de
20 ans à cette mission, reprit les acquis des géographes
arabes, eux-mêmes héritiers des sources grecques, iraniennes
et indiennes, et les dépassa en créant un nouvel objet
scientifique, le monde, dont la description s'appuyait sur une méthode
inédite.
Sa méthode part en effet de l'héritage arabe pour arriver
à une gigantesque et minutieuse enquête qui le fera puiser
aux archives du Palais royal de Palerme, aux données techniques
et administratives liées à la collecte de l'impôt
ainsi qu'aux témoignages des voyageurs ou des émissaires
envoyés dans le monde par Roger II. Un atlas ou Géographie
d'Idrîsî en naîtra, riche de multiples itinéraires,
d'informations descriptives, historiques et économiques et
d'anecdotes diverses, liées à l'adab (moeurs et merveilles
du monde).
Premier géographe arabe à pénétrer l'Europe
de la Renaissance et héritier de plusieurs traditions cartographiques
arabes, al-Idrîsî réalise une synthèse des
travaux de ses prédécesseurs . Il est repris par les
auteurs qui lui succèdent : le géographe arabe Ibn Sa'îd,
de Grenade (mort en 1274) et Abû Fidâ, de Damas (mort
en 1331) ont copié ses notices. L'historien Ibn Khaldûn
(mort en 1406) assure de son côté avoir suivi l'exemple
d'Idrîsî.
Une version tardive et simplifiée de l'oeuvre, aurait été
rédigée en 1192 sous le titre de : "Le petit Edrisi",
résumé du grand. Elle sera remaniée au XIIIe
siècle par l'ajout d'un huitième climat, au sud de l'équateur,
aux sept climats définis.
Dix manuscrits sont arrivés jusqu'à nous, entre le début
du XIVe siècle et la fin du XVIe siècle. L'oeuvre a
été imprimée pour la première fois en
caractères arabes à Rome, en 1592. Elle fut partiellement
traduite et publiée en latin, en 1619. Au XIXe siècle,
la première traduction française complète de
l'ouvrage sera réalisée par Paul-Amédée
Jaubert.
En outre, l'exposition confronte l'uvre d'Idrîsî
à d'autres pièces significatives : cosmographie de
Ptolémée, mappemonde d'Ibn Hawqal, traduction du Coran
par Pierre le Vénérable, traduction arabe d'Aristote,
traduction latine du canon d'Avicenne, Bible de Saint-Jean d'Acre
.
Le monde méditerranéen est ainsi montré dans
toute son ambiguité : à la fois aire de contacts culturels,
d'échanges et terrain d'affrontements religieux avec les
croisades. Un voyage dans le temps et dans le savoir à ne
pas manquer.
Martine Cohen-Hadria
Petite galerie du site F.Mitterrand
16 octobre 2001 - 13 janvier 2002
catalogue.bnf.fr |
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Al-Idrîsî :
itinéraire
d'un géographe arabe
La vie du géographe
al-Idrîsî est assez mal connue. Selon certains
historiens, il aurait vu le jour à Ceuta en 1100 et
aurait fait ses études à Cordoue.
Al-Idrîsî est issu d'une famille apparentée
aux Idrissides, dont l'une des branches gouvernaient le nord
du Maroc.
Pharmacologue et probablement médecin, il a rédigé
une "Somme sur les différentes plantes".
Il connaissait le latin et un peu de grec. Doté d'une
vaste culture, il a également écrit "Jardin
de Courtoisie", ouvrage qui a été perdu.
Al-Idrîsî a voyagé au Maroc, en Andalousie
et au Portugal avant les débuts de la Reconquista.
On connaît mal les circonstances de sa venue en Sicile
où il arrive à Palerme en 1139. Le roi normand
Roger II de Sicile l'aurait appelé à sa cour
lui faisant valoir qu'il pourrait craindre pour sa vie, étant
de dynastie califienne, et l'accueille au même titre
que d'éminents savants et lettrés arabes.
A la demande de Roger II, al-Idrîsî entame alors
un long travail de compilation géographique et d'enquête
qui occupera dix-huit années de sa vie et qui prendra
le titre de : " L'Agrément de celui qui est
passionné par la pérégrination à
travers le monde", appelé encore "Le
livre de Roger".
Commencée en 1154, sa rédaction s'acheva, probablement
en 1157. A partir de cette date, on perd la trace du géographe.
Les historiens pensent qu'il serait mort en 1164 ou 1165.
Martine Cohen-Hadria
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