Voyage en Orient
- photographies : 1840 - 1880

Le XIXème siècle voit l'expédition de Bonaparte en Egypte ouvrir les portes du Proche-Orient à tout un imaginaire fabuleux. " L'immuable Orient sera toujours le grand initiateur " écrit Melchior de Vogüé en 1876. L'Orient fait rêver, il fascine nombre d'artistes, d'écrivains et aussi de photographes.

   
   
La période retenue pour cette exposition, 1840-1880, correspond à l'âge d'or de la photographie en Orient, mais elle n'est pas pour autant un panorama exhaustif de la production de l'époque. Elle reflète l'itinéraire fixé par Gustave Flaubert et Maxime du Camp en 1849-1850, à travers les œuvres d'une trentaine de photographes présents dans les collections de la BnF.  
     
Les pionniers tels que Frédéric Goupil-Fesquet, Joseph-Philibert Girault de Prangey avaient déjà fixé, grâce au daguerréotype, les premières images de nombreux sites et paysages.   daguerréotype :
positif direct sur plaque
de cuivre argenté.
     
Joseph-Philibert Girault de Prangey, (1804-1892) peintre, lithographe et historien d'art. De 1842 à 1844, il effectue un voyage sur les traces de Chateaubriand, autour du bassin méditerranéen : Italie, Grèce, Egypte, Syrie, Palestine et Turquie. Il en rapporte près de 1 000 plaques qui serviront de modèles aux illustrations de ses ouvrages sur l'art islamique : Monuments arabes en 1846 et Monuments et paysages de l'Orient en 1851. La BnF a acquis récemment un magnifique ensemble représentatif de l'œuvre de Girault de Prangey dont une quinzaine de daguerréotypes seront exposés pour la première fois.  
     
A partir des années 1850, le calotype succède au daguerréotype. Il a une esthétique particulière due à la structure fibreuse du papier rendant les contours légèrement flous. De cette époque datent les très beaux albums de voyage restés inégalés de Du Camp, Salzamm, Teynard, Greene.   calotype :
négatif papier, système mis au point en 1841 par l'anglais Fox Talbot.
     
Maxime Du Camp, (1822-1894) journaliste et homme de lettres. Il obtient une mission archéologique du ministère de l'Instruction publique qui lui permet de financer son voyage d'Alexandrie à Beyrouth, en 1849-1850, en compagnie de Gustave Flaubert. Du Camp ne fut photographe que pour cette occasion. Il prend plus de 200 calotypes en moins d'un an. Les détails de l'architecture conviennent bien au rendu du calotype. Son album Egypte, Nubie, Palestine et Syrie : dessins photographiques, paru en 1852, remporta un très grand succès.  
     
John B. Greene, (1822-1856) né en France d'un père américain, meurt à 24 ans au Caire. Il s'intéresse à l'archéologie égyptienne, est membre fondateur de la Société française de photographie. Il fait plusieurs voyages en Egypte. En 1854, il rapporte plus de 200 négatifs de monuments, paysages, sculptures et inscriptions qu'il publie sous le titre Le Nil dans un album grand format à l'italienne. Il fait preuve d'une grande maîtrise des volumes, des ombres et des lumières, évoquant un certain mystère apporté par le grain du calotype.  
     
La troisième vague qui se développe ensuite correspond à la photographie sur verre au collodion. Des professionnels talentueux tels que Francis Frith, James Robertson, J. Pascal Sebah, Félix Bonfils arrivent à allier les impératifs commerciaux à leur art. Ils abordent des thèmes plus variés : scènes de genre et types pittoresques.   négatif sur verre au collodion :
les sels d'argent sensibles sont fixés sur le verre par le collodion, vernis visqueux aussi appelé coton-poudre.
     
Félix Bonfils, (1831-1885) relieur puis photographe. Charmé par des voyages antérieurs au Liban, il quitte le Gard avec toute sa famille pour s'installer définitivement à Beyrouth en 1867. Il constitue un catalogue de 15 000 tirages de vues de l'Egypte, la Palestine, la Syrie, la Grèce et la Turquie. Il publie en 1872 Architecture antique à Paris puis 5 volumes intitulés Souvenirs d'Orient parus à Alès en 1877-78, publiés par lui-même pour lesquels il obtient une médaille à l'Exposition universelle de Paris en 1878.  
     
J. Pascal Sebah, ?-1890, photographe turc installé à Constantinople. Il a une production d'atelier caractéristique de la période de 1870-1890, très largement vendue aux voyageurs. Il propose des " clichés " orientalisants : derviches tourneurs, scènes de bazars, et bain turc possédant néanmoins une certaine poésie.

Elisa Kiremitdjian
 
     
Exposition dans la Grande galerie
site F.Mitterrand
16 octobre 2001 - 13 janvier 2002

Réimpression du livre Voyage en Orient de Sylvie Aubenas , commissaire de l'exposition et Jacques Lacarrière. Ed. Hazan, 2001, broché, 255,50 F / 38,95 €.

En savoir plus :
" Histoire de la photographie " sous la direction de Jean-Claude Lemagny et André Rouillé. Larousse, 1998.
catalogue.bnf.fr