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Gallica, c’est 70 000 ouvrages sur le bureau de chaque internaute, accessibles gratuitement 24 heures sur 24. C’est aussi la possibilité de consulter de chez soi une iconothèque exceptionnelle riche de 80 000 images, d’écouter la voix d’Apollinaire ou des chants traditionnels africains. Le succès de cette bibliothèque numérique de textes et d’images en ligne de la BnF ne cesse de croître : 1 400 000 pages sont désormais consultées chaque mois. Il n’existe aucune offre gratuite aussi importante sur la toile. Gallica répond au rêve secret de bien des lecteurs : naviguer de découverte en surprise toujours renouvelée à travers un patrimoine foisonnant, dont Internet a facilité l’accès.
Gallica est née en 1997. Il n’est plus possible
aujourd’hui d’enrichir cet immense réservoir
virtuel "au fil de l’eau" en continuant d’intégrer
les seules suggestions des internautes ou les souhaits très
divers de certains établissements culturels, français
et étrangers. La variété des attentes que
suscite un tel outil exige de préciser le rôle
que doit jouer un établissement patrimonial de la dimension
de la Bibliothèque nationale de France dans la diffusion
scientifique des savoirs. Aussi une charte particulière
vient-elle d’être mise au point. À la disposition
de tous sur le site de la BnF, elle servira de cadre aux enrichissements
prioritaires pour les années à venir. |
Les principes de la charte
Gallica est le produit numérique d’une bibliothèque
nationale axée sur des usages de recherche. C’est un
instrument essentiel de diffusion scientifique que complètent,
sur le site Internet de la BnF, les expositions virtuelles mettant
le patrimoine à la disposition d’un plus large public.
Même si, d’ici peu, le support numérique aura remplacé
les supports de substitution argentiques (microforme, Ektachrome,
etc.), Gallica n’est pas seulement – et loin de là
– un outil de sauvegarde des documents physiquement menacés.
Certes, dans certains cas, la politique de conservation peut croiser
la politique documentaire de Gallica, mais raisonnablement, il n’est
pas envisageable de mettre la quasi-totalité des fonds de la
BnF sur la toile. Gallica se définit non pas comme une bibliothèque
idéale d’auteurs, constituée à partir de
textes présents ou non dans les murs de la BnF, mais comme
une bibliothèque à vocation encyclopédique conçue
à partir des collections que conserve l’Institution (livres,
revues, journaux, partitions et estampes, cartes, photographies, enregistrements
sonores et manuscrits) complétées, le cas échéant,
par des ressources extérieures. Elle donne la possibilité
de diffuser sur la toile des documents rares ou originaux, épuisés
ou peu accessibles, libres de droits et majoritairement francophones.
Quelques exemples d’une telle offre: les revues numérisées
des sociétés savantes à Paris et en région
au XIXe siècle, époque qui fut
un temps fort dans la diffusion ordonnée des sciences et du
rayonnement de la pensée française ; la numérisation
de la presse quotidienne française depuis Émile de Girardin,
corpus aujourd’hui difficile à consulter et fournissant
une source de première importance à l’historien.
Autres exemples : la mise en ligne de textes, souvent méconnus,
de polémique religieuse sur le jansénisme, reflétant
la vitalité des débats politiques des XVIIe
et XVIIIe siècles ; ou encore les
inestimables fonds photographiques de la Société de
géographie et les campagnes d’enregistrements sonores
menées par le linguiste Ferdinand Brunot au tournant du XXe
siècle.
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Partenaires du savoir
Ces exemples montrent mieux ce que peut être la mission spécifique
d’une grande bibliothèque face aux autres acteurs de
la diffusion des savoirs au premier rang desquels figurent les éditeurs
du secteur privé avec qui la BnF veut travailler en complémentarité.
Gallica poursuivra ainsi sa politique pionnière de mise à
disposition massive de documents libres de droits, imprimables et
téléchargeables pour des usages strictement privés,
laissant à d’autres la responsabilité d’apporter
des plus-values techniques ou scientifiques particulières.
Des co-éditions pourront être envisagées dans
la mesure où les documents mis en ligne correspondront, par
exemple, à un fonds de manuscrits ou d’images particulièrement
important à la BnF ou à des textes difficilement accessibles,
l’appareil critique relevant alors de la compétence des
éditeurs et des universitaires associés au projet. La
Bibliothèque envisage, en particulier, de collaborer avec les éditeurs
qui le souhaitent dans le domaine des revues: elle a mis au point
un plan de numérisation massive de la presse française du XIXe
siècle, axe prioritaire des cinq prochaines années, établissant également
des liens avec les organes de presse détenteurs de titres courants
de quotidiens.
Quant à la recherche, il est évident que la BnF ne peut répondre aux multiples sollicitations des très nombreux projets de bases de données documentaires, conduits par des équipes de chercheurs selon des modalités propres. Les documents sources seront accessibles dans Gallica, les produits plus pointus de recherche étant présentés sur les sites des équipes de recherche, grâce à des outils d’indexation et de navigation conçus et adaptés à ces besoins particuliers. C’est déjà le cas de la cellule Mathdoc chargée de réunir en ligne une documentation aussi complète que possible en matière de mathématiques et qui s’est appuyée d’emblée sur les richesses de Gallica, contribuant ainsi à améliorer l’indexation des articles de revues scientifiques. La nouvelle maquette éditoriale de Galica prévoit des liens vers ces bases à compter de 2005. Gallica est ainsi confortée dans sa mission originelle de réservoir de documents numériques.
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Une république savante virtuelle
Enfin, beaucoup de bibliothèques se saisissent déjà des possibilités techniques offertes pour mettre en valeur, à distance, leurs propres ressources patrimoniales. Gallica a numérisé de nombreux corpus en puisant dans les ressources d’autres bibliothèques, complémentaires de celles de la BnF. Cette démarche permet aussi de rapprocher des ensembles physiquement séparés, qui gagnent ainsi en cohérence et ouvrent des pistes inédites pour la recherche. Tels sont les enjeux majeurs de la coopération entre bibliothèques patrimoniales, auxquels la BnF souhaite répondre en s’appuyant sur son réseau de bibliothèques « Pôles associés ». Un exemple emblématique: les corpus de musique baroque « Philidor » (qui furent copiés par André Danican Philidor, garde de la bibliothèque de Musique de Louis XIV), dont plusieurs parties jusqu’ici éclatées entre la BnF et la bibliothèque municipale de Versailles vont être virtuellement rassemblées en ligne. Le programme de numérisation des revues des sociétés savantes, actuellement en cours, se développe aussi dans cette perspective avec les régions françaises: après les revues savantes d’Aquitaine et de Lorraine, on pourra consulter celles de Bretagne, de Bourgogne, de Poitou-Charentes et d’Auvergne. Ainsi, grâce à Internet, la BnF reconstitue-t-elle virtuellement avec les éditeurs, les chercheurs et les bibliothèques, une nouvelle forme de république savante.
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