La recherche à la BnF - Le plan triennal de la recherche 2004-2006
Laboratoire du département de la Conservation
La restauration des documents portant des encres ferrogalliques
 

Manuscrit ancien en écriture syriaque dégradé par
une encre ferrogallique © BnF
Le laboratoire du département de la Conservation, dont la mission est d'apporter une assistance scientifique aux personnels chargés de la conservation et de la restauration des collections de la BnF, participe depuis de nombreuses années à des programmes de recherche liés aux problématiques de la conservation des documents de bibliothèques et d'archives.
Ceux-ci touchent des sujets aussi variés que la mise au point d'un cuir de conservation, la qualité de l'air dans les magasins de stockage, les procédés de désacidification de masse des documents ou les encres ferrogalliques.
Les encres ferrogalliques, connues depuis l'antiquité, sont très probablement les encres manuscrites les plus largement utilisées dans l'histoire de l'écrit en Europe de l'Ouest.

Ces encres ont perduré jusqu'au début du XIXe siècle et jusqu'au XXe dans certains pays nordiques notamment.
Ces encres causent aux papiers, sur lesquels elles sont apposées, des problèmes irréversibles de corrosion. À leur contact, le support devient brun, cassant et parfois même, tombe en poussière, laissant sur le manuscrit de larges lacunes, seules traces désormais observables du texte initial.
Depuis très longtemps déjà, les scientifiques étudient ce phénomène; la première conférence internationale connue qui l'ait abordé fut celle qu'on appelle la mère de toutes les conférences sur la conservation des documents : la conférence de Saint-Gall en Suisse, du 30 septembre 1898. Depuis lors, ces encres n'ont cessé de faire l'objet de recherches fondamentales sur la connaissance des complexes ferrogalliques, leurs mécanismes de dégradation, l'analyse de leurs constituants ou l'inventaire et l'interprétation des recettes anciennes plus ou moins empiriques utilisées pour restaurer les manuscrits comportant de telles encres. Peu de recherches ont été menées pour en évaluer l'efficacité réelle.
Le laboratoire et les ateliers de la BnF se sont engagés dans cette direction voilà deux ans dans le cadre d'un projet coordonné par Véronique Rouchon de l'université de La Rochelle (LEMMA), qui vise à recenser les traitements en mode aqueux utilisés par les ateliers en France et dans les autres pays européens, à en vérifier l'efficacité par diverses méthodes d'analyse allant des plus simples (évaluation visuelle) aux plus sophistiquées (utilisant des appareils d'analyse physico-chimique de pointe). Ce projet doit permettre de proposer après diagnostic les procédés de restauration les plus adaptés.

Thi Phuong Nguyen