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– Chroniques de la BnF – n°61
Ci-contre
Jean Miélot,
Vie
de sainte Catherine,
enlumineur :
Simon Marmion,
vers 1475
À droite
David Aubert,
Conquêtes et
chroniques de
Charlemagne
:
vue urbaine sur
le palais ducal
et présentation
de l’ouvrage
à Philippe le Bon,
enlumineur :
Jean Le Tavernier,
vers 1458-1460
Miniatures flamandes,
trésors d’enluminure
Deux expositions, l’une à Bruxelles à l’automne dernier, l’autre ce printemps à Paris, réunissent d’exceptionnelles
collections de miniatures flamandes du XV
e
 siècle. Le site François-Mitterrand met ainsi en lumière des manuscrits rarement
présentés au public et apporte un éclairage nouveau sur leur attribution et localisation, parfois difficiles à établir.
Le volet parisien des expositions
coproduites par la Bibliothèque
royale de Belgique et la BnF présente
quelque
90
manuscrits enluminés,
f leurons des deux bibliothèques
qui proviennent pour la plupart des
ducs de Bourgogne et de leur proche
entourage. Pour l’enluminure f la-
mande, le
xv
e
siècle fait f igure de
siècle d’or. Philippe le Bon, qui s’em-
para de tous les Pays-Bas mér i­
dionaux, exerça un mécénat actif et
fut un bibliophile fastueux. À partir
de
1446
, il commande de nombreux
manuscrits qu’il confie aux meilleurs
enlumineurs ; les ouvrages sont sou-
vent des chroniques historiques, des
traités de gouvernement, des vies de
héros proposées en exemple et, si les
livres de dévotion restent impor-
tants, on voit se développer des
romans de chevalerie et des tra­
ductions d’auteurs antiques. Les
ouvrages recèlent une iconographie
inédite et souvent profane, qui offre
aux artistes l’occasion d’innover.
Une impulsion décisive
aux arts du livre
Le livre enluminé, lorsqu’il atteint un
certain point de sophistication,
devient un attribut emblématique
du pouvoir ; réservé à une
élite, il contribue à valoriser
son commanditaire, lequel
r ival ise, dans ce registre
comme sur le terrain politique,
avec le roi de France. Philippe
le Bon donne ainsi une impul-
sion décisive aux arts du livre, et
son fils Charles le Téméraire sui-
vra son exemple. Ils sollicitent les
meilleurs artistes : quantité de
miniaturistes, de copistes et de
relieurs s’installent ou prospèrent à
Bruges, Gand, Hesdin, Bruxelles,
Lille ou Tournai. Ces artistes sont
dits « flamands » par convention, en
un terme générique qui dépasse de
loin les frontières du comté de
Flandre, car ils œuvrent aussi en
Artois, en Hainaut, en Brabant, dans
certaines régions aujourd’hui fran-
çaises, et se déplacent au gré des com-
mandes et des collaborations d’un
foyer artistique à l’autre. C’est ainsi
que des artistes comme Liéven Van
Lathem ou Simon Marmion pro-
duisent quelques-unes des plus belles
pages de l’enluminure médiévale.
Beaucoup demeurent anonymes,
mais témoignent de fortes person­
nalités artistiques.
Le dispositif de l’exposition est à la
fois chronologique et thématique. Il
s’ouvre sur la présentation du manus-
crit de la
Vie de Sainte Catherine
, chef-
d’œuvre de Simon Marmion, «prince
des enlumineurs », récemment acquis
par la BnF grâce au mécénat. Le par-
cours propose une circulation entre
des œuvres choisies pour leur beauté
et leur singu­larité, et une mosaïque
de thèmes qui permettent de mieux
appréhender la réalité historique et
artistique des miniatures flamandes.
Bibliothèque royale de Belgique, Manuscrits
BnF, Manuscrits.
exposition
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