circulation se sont déportés du côté est.
C’est pourquoi-il est devenu nécessaire
de repenser l’entrée de la bibliothèque.
Elle doit être plus marquée et plus
visible, d’un point de vue architectural
mais aussi symbolique. Plusieurs pro-
jets imaginés il y a quelques années
n’ont pas abouti, faute de moyens. Dès
ma prise de fonctions, je m’en suis
ouvert à Dominique Perrault qui était
parfaitement conscient du problème.
Nous avons donc réfléchi à la meil-
leure manière d’y remédier et Domi-
nique Perrault a conçu un très beau
projet. Ce dialogue avec l’architecte,
dans le respect de son œuvre, me
paraît d’ailleurs exemplaire. Mais ce
n’est pas tout d’avoir des idées, encore
faut-il avoir les moyens de les financer
dans un contexte budgétaire de plus
en plus contraint. Or, il se trouve que
depuis quinze ans, un volume situé
sous le parvis de la Bibliothèque, des-
tiné dès l’origine à un usage commer-
cial, n’a jamais trouvé preneur. J’ai
donc relancé ce dossier – à charge
pour le futur partenaire de financer le
projet de nouvelle entrée. Nous avons
eu la chance de trouver enMarin Kar-
mitz et MK
2
un partenaire prêt à
accepter nos conditions et désireux de
réaliser le projet dessiné par Domi-
nique Perrault. L’entrée se situera là
où un visiteur s’attend naturellement
à la trouver, entre les deux tours, côté
est ; elle sera accessible directement
par l’avenue de France et marquée par
un signal de
16
mètres de haut, visible
de très loin. Elle sera aussi adaptée aux
personnes handicapées. Ce sera donc,
pour une institution tournée vers le
public, un progrès majeur.
D.P:
Cette nouvelle entrée n’est ni
une colonne, ni un obélisque: ce sont
deux parois en tissu métallique qui
vont créer une zone de calme, de pro-
tection contre le vent et la pluie avant
d’atteindre la Bibliothèque, soit par des
ascenseurs, soit par l’escalier existant.
On aura une vue traversante sur les
arbres et le jardin. Ce dispositif sera
complété par la mise en place de ce que
nous avons appelé les bouquinistes: à
la place des édicules techniques seront
implantés des kiosques qui accompa-
gneront le lecteur ou le visiteur depuis
la place qui se trouve devant le cinéma
jusqu’à l’entrée de la Bibliothèque. Cet
ensemble, destiné à participer à la vie
du quartier, est un élément d’aména-
gement conçu pour relier la Biblio-
thèque davantage à l’urbain.
Quels sont, selon vous,
les avantages de ce partenariat
public-privé avec le cinéma
MK2? Comporte-il des risques?
B.R:
Je ne vois pour ma part que des
avantages à ce partenariat qui était le
seul moyen de réaliser le projet de nou-
velle entrée. En outre, la « réserve fon-
cière» trouvera enfin une destination
– je rappelle que cet espace a été conçu
pour fonctionner de manière indépen-
dante et qu’il est donc inadapté à ser-
vir de salle de lecture ou de magasin
pour les livres – et cette destination
sera culturelle, puisqu’il abritera
quatre salles d’art et d’essai. L’entrée
des cinémas sera séparée, mais la sor-
tie sera commune avec le nouvel accès
de la BnF. Ce sont ainsi chaque année
de
200000
à
300000
spectateurs qui
seront invités à franchir les portes de
la Bibliothèque. Chaque fois que cela
sera possible, nous rechercherons avec
MK
2
une synergie avec nos manifes-
tations culturelles, par exemple lors
de l’exposition que la BnF consacrera
à Guy Debord l’an prochain. Juridi-
quement, MK
2
bénéf iciera d’une
autorisation d’occupation temporaire
du domaine public, il n’y a évidem-
ment aucune aliénation. Nous nous
situons dans un cadre très précis, où
les droits et obligations de chacun sont
parfaitement établis.
Les travaux qui commencent
à l’automne concernent aussi
les espaces des salles de lecture
de la bibliothèque d’étude :
pourquoi ces transformations ?
B.R:
La bibliothèque d’étude – dite
de Haut-de-jardin – a été conçue il y a
vingt ans. Les lecteurs, en majorité
étudiants et lycéens, en apprécient le
cadre, austère certes mais propice au
travail. Il reste qu’en l’espace d’une
génération le monde des bibliothèques
a évolué. Sans cesse les usages se
modifient, des attentes nouvelles s’ex-
priment. La BnF se doit d’y répondre
si elle veut enrayer la chute, lente mais
régulière, de la fréquentation. C’est
tout le sens du réaménagement prévu,
dont participe la nouvelle entrée. Les
salles de lecture comporteront des
espaces conviviaux créés pour per-
mettre aux étudiants de travailler en
groupe, la mise en valeur des richesses
documentaires sera plus systéma-
tique, autour des nouveautés et sur-
tout des « centres de ressources » qui
donneront un relief particulier à de
grands thèmes tels que l’Europe ou le
développement durable. Les places
seront équipées de connexion haut
débit, permettant aux lecteurs d’uti-
liser au mieux le potentiel numérique.
Un grand café, enfin, sera créé du
côté du hall des Globes, ce qui,
je l’espère, satisfera une demande
constante des lecteurs. Vous le voyez,
le but est d’offrir à notre public les
richesses du Haut-de-jardin dans un
cadre qui réponde davantage à ce qu’il
est en droit d’attendre d’une biblio-
thèque du
xxi
e
siècle.
Propos recueillis par Sylvie Lisiecki
«L’entrée sera marquée par un
signal de 16 mètres de haut, visible
de très loin. Elle sera adaptée
aux personnes handicapées, ce qui
est un progrès majeur. »
Ci-dessus
Dominique Perrault
Ci-dessous
Bruno Racine
Chroniques de la BnF – n°62 –
17
Dossier
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© Dominique Perrault Architecture/Adagp, 2012.
© Jean-François Robert/BnF.
© Sébastien Soriano/Figarophoto.com.