Page 20 - BnF- CHRONIQUES 63_B

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Depuis quelques années, collec-
tionneurs, chercheurs et dessina-
teurs attirent l’attention des pouvoirs
publics et du public sur le dessin de
presse comme genre iconographique
à part entière. Cet art de l’éphémère,
sans cesse menacé d’oubli et de dispa-
rition, connaît depuis toujours un
paradoxal destin. Dessins nés aussi
vite que des idées fugitives saisies au
vol, ils sont aussitôt remplacés par
d’autres idées saisies pareillement en
quelques traces graphiques. Rien à
voir avec une production artistique
minutieusement élaborée pendant des
mois, voire des années.
Ce caractère fulgurant et discontinu
du dessin de presse le cantonne en
permanence en marge des collections
Le dessin de presse
, un patrimoine sauvegardé
Depuis 2010, les collections de dessins de presse, art du fugitif et de l’éphémère par excellence, ont enfin
leur cote spécifique à la BnF. C’est le signe bienvenu d’une reconnaissance d’un genre à part entière.
d’images. On s’y intéresse mais on
l’évacue. On y voit du génie mais il
dérange. Ainsi comprend-on qu’au
sein même du département des
Estampes et de la photographie, cette
diff iculté d’appréhension s’est fait
sentir à chaque fois qu’il fallait insé-
rer ces dessins dans les collections
classées par cotes. Selon la perception
des conservateurs ou la notoriété de
l’artiste, les dessins se retrouvaient
rattachés à l’une ou l’autre série, écla-
tés de ce fait entre toutes les collec-
tions, sur plusieurs niveaux des maga-
sins du fonds général et de la Réserve.
Afin d’améliorer leur visibilité et de
mieux gérer les nouvelles collections,
il a été décidé en
2010
de réserver une
tranche de cotes spécifiques au dessin
Ci-dessus
Jean Effel,
La Création
du monde :
ce vieil arbre
n’aura, décidément,
donné que des
feuilles mortes,
dessin paru
dans
L’Humanité
Dimanche
du
8 septembre 1968
de presse à l’intérieur de la cote B cor-
respondant aux dessins originaux de
toutes époques. Ainsi le fonds Tim
entré par don en
2006
porte la cote
B-
1000
. Le fonds Wolinski entré en
octobre 
2011
portera par conséquent
une cote dans cette suite.
Par ailleurs, affirmer la présence du
dessin de presse à la BnF, c’est aussi
rencontrer les différents acteurs de ce
domaine et consolider les contacts par
des échanges suivis et des manifes­
tations : expositions, biennale du des-
sin de presse, bourse Jeune talent. La
BnF confirme ainsi le dessin de presse
en tant que patrimoine culturel iden-
tif iable, précieux ref let de regards
malicieux portés sur un monde en
pleine évolution.
Martine Mauvieux