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Chroniques de la BnF – n°64 –
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Expositions
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Retracer le parcours photogra-
phique de Louis Stettner revient
à évoquer soixante-dix-sept ans
d’activité. L’enfant de Brooklyn, né
en 1922, découvre la photographie
à 13 ans. Photographe dans l’armée,
i l continue après-guerre comme
membre de la Photo League, collectif
de photographes engagés témoignant
des réalités sociales et urbaines.
Influencé par Atget, Stieglitz, Lewis
Hine et Weegee, encouragé par Paul
Strand, il révélera un talent pour la
street photography
, tout en pratiquant
d’autres genres : portraits, natures
mortes, paysages, reportages dans le
monde (Chili, Mexique…).
Un Américain à Paris
En 1947, il s’établit pour quelques
années à Paris, un port d’attache qu’il
n’aura de cesse de photographier
jusqu’à aujourd’hui. Là, il rencontre
« son maître » Brassaï, son ami Boubat
et tisse des liens avec Ronis, Izis ou
Doisneau… Il organise une première
exposition à New York de ces photo-
graphes, dont il partage l’attention
aiguë à l’humain.
De 1952 à 1990, il retourne vivre aux
États-Unis, y enseigne la photogra-
phie et signe ses plus célèbres séries.
Celle sur la gare de Penn Station
(1958), donnant à voir l’atmosphère
Louis Stettner,
photographe:
une rétrospective
En haut
Louis Stettner,
Worker,
1973.
Ci-contre
Louis Stettner,
Paris,
1952.
mystérieuse et onirique d’une station
souterraine fait écho à celle sur
le métro new-yorkais (
Subway
, 1946),
à ses portraits isolés d’usagers des
t ranspor ts, employés fat igués,
femmes pensives, couples défaits et
absents… Les vues de New York des
années 1970-1990 témoignent à leur
tour d’une efficacité formelle et de
l’attention du photographe à ses
contemporains.
En 1990, Louis Stettner prend ses
quartiers à Saint-Ouen, dont il arpente
le marché aux puces en quête de nou-
velles inspirations. Il trouve là de vieux
portraits de famille qu’il retravaille à la
peinture. En parallèle, il signe une
grande fresque photographique,
Man-
hattan Pastorale
, qui évoque en couleur
le chaos énergique de New York.
L’humain et l’urbain
Comme l’aff irmait Brassaï, Louis
Stettner est indéniablement un pho-
tographe « citadin», qui trouve dans le
tissu urbain une inspiration à la fois
graphique et humaine. New York et
Paris, les deux pôles de son œuvre,
révèlent différents aspects de sa per-
sonnalité artistique. Comme Louis
Stettner le dit lui-même : «New York
incite l’esprit à s’élever à travers l’ad-
versité. Paris y parvient à travers
l’amour ». Cependant, où qu’il soit,
Louis Stettner, photographe :
une rétrospective
11 décembre 2012 – 27 janvier 2013
Site François-Mitterrand,
Galerie des donateurs
Commissariat : Dominique Versavel
il fait preuve d’un engagement mar-
qué en faveur des minorités et des
plus humbles : ses séries de portraits
d’ouvriers et de femmes dans les
années 1970, et de sans-abri en 1986
en témoignent avec force.
L’œuvre photographique de Louis
Stettner – qui est aussi dessinateur,
peintre et sculpteur – a fait l’objet de
publications dans de nombreuses
revues (
Life
,
Time
,
Paris-Match
,
Réalités
). Ses tirages sont présents
dans les grands musées du monde
entier. À la BnF, il a fait don de 70
tirages et 2 portfolios en 1975-1976.
Ces séries sur Paris, l’Espagne, le
Mexique, les femmes et les travail-
leurs seront enrichies d’une nouvelle
donation d’épreuves sur New York
(
Subway
,
Penn Station
,
Bowery
…),
à l’occasion de cette rétrospective.
Dominique Versavel
BnF, Cartes & plans.
© Adagp, Paris 2012. BnF, Estampes et photographie.
© Adagp, Paris 2012. BnF, Estampes et photographie.