Auditoriums > Traits d’union : transmettre le théâtre La troisième saison du cycle Traits d’union se poursuit, centrée, cette fois, sur les comédiens. Joël Huthwohl, directeur du département des Arts du spectacle, s’entretient avec Lucien Attoun, directeur de Théâtre Ouvert, lieu de création dédié aux auteurs dramatiques contemporains. comédiens retenus sont liés à l’aventure de Théâtre Ouvert. Christiane Cohendy a fait partie du « noyau des comédiens ». Pendant deux mois, elle a été associée au comité de lecture de Théâtre Ouvert. Tous les jours, les comédiens venaient de onze heures à dix-huit heures pour lire des manuscrits, faire des rapports et rencontrer des auteurs pour leur donner leur avis. Ces échanges pouvaient faire naître des projets. Christiane Cohendy fut par exemple magnifique dans Madame Sarah de Madeleine Laïk. André Marcon est aussi un amateur de textes nouveaux. Autre révélation, celle de Laurent Poitrenaux à travers l’œuvre de Jean-Luc Lagarce. Il a fallu près de dix-huit ans pour que son œuvre soit reconnue, et Théâtre Ouvert a joué un rôle déterminant. Dans son journal, que nous avons lu après sa mort, Lagarce raconte que la première fois qu’il est allé « chez les Attoun », il en est reparti en pleurant. Mais il avait retravaillé son texte à la lumière de nos remarques et nous l’avons publié en tapuscrit, c’était Retour à la Citadelle. Quand François Berreur est venu nous voir au sujet de l’année Lagarce, en 2007, nous lui avons suggéré de faire un portrait. Il a alors composé à partir du journal de Lagarce un spectacle intitulé Ébauche d’un portrait qu’a magnifiquement interprété Laurent Poitrenaux. Il a eu beaucoup de succès ; le public était très ému, même les personnalités du métier les plus aguerries. À propos de Lagarce, un mot d’une fi liation inattendue. C’est à moi qu’incombait de lire © Édouard Caupeil/Pasco. © Arnault Chapuis/Fedephoto. Ci-dessus Joël Huthwohl : Pourquoi avoir imaginé avec la BnF ces rencontres intitulées « Traits d’union » ? Lucien Attoun : La BnF, et particulièrement le département des Arts du spectacle, travaille à la transmission de l’histoire du théâtre, art de l’éphémère par excellence. Pour Micheline Attoun et moi-même, Théâtre Ouvert participe de cette histoire. Mais un patrimoine qui n’est pas enrichi fi nit par vieillir et perd son sens. Pour qu’une nouvelle génération d’auteurs puisse être entendue, il faut que leurs textes soient pris en charge par des maîtres d’œuvre, en l’occurrence des metteurs en scène et des comédiens. Traits d’union est né de l’idée du passage de témoin. Comment se déroulera cette troisième saison ? L. A. : Il nous est apparu naturel que les comédiens, c’est-à-dire ceux qui prennent le parti d’apporter leur talent et leur générosité au service des textes, soient à leur tour invités. Les Laurent Poitrenaux dans Ébauche d’un portrait de François Berreur, festival d’Avignon, 19 juillet 2011 À gauche Micheline et Lucien Attoun son premier manuscrit et d’en faire le rapport. Ma sensation a d’abord été l’agacement. Il était trop sous l’influence de Beckett et de Ionesco, même si, dans les dernières pages, se dessinait la veine plus personnelle qu’il a ensuite développée. Je connaissais Eugène Ionesco, qui venait quelquefois bavarder à la maison. Il me dit un jour qu’il en avait assez d’être étiqueté « théâtre de l’absurde » et qu’il aurait préféré être considéré comme le successeur de Labiche. Ce qui est magnifique, c’est que Lagarce a connu, en tant que metteur en scène, deux grands succès avec Labiche et avec Ionesco. Propos recueillis par Joël Huthwohl Traits d’union (saison 3) Écrire le théâtre au XXe siècle Lundi 28 janvier 2013, avec Laurent Poitrenaux – 18 h 30 – 20 h Les lundis 4, 11 & 18 février 2013 Richelieu, salle des commissions Animé par Joël Huthwohl et Lucien Attoun. En partenariat avec Théâtre Ouvert – Centre dramatique national de création. Chroniques de la BnF – n°65 – 15