Dossier > L’enrichissement des collections, un enjeu contemporain Ci-dessous © DPA/Adagp, Paris 2012. La fille Elisa, d’Edmond de Goncourt, illustré par Henri de Toulouse-Lautrec, 1877. Enrichir les collections et acquérir de grandes œuvres patrimoniales restent un objectif majeur de l’activité de la BnF : 85 107 livres et près de 3 000 manuscrits y sont entrés en 2011 par achat, don ou legs. Alors que les contraintes économiques se font de plus en plus prégnantes, la BnF doit plus que jamais continuer à jouer son rôle de lieu pérenne d’accueil de la mémoire du monde. AC Q U ISITI ON B TOULO NF USE-LA UTREC A Acquisitions patrimoniales : l les défis de la modernité D Des manuscrits anciens rarissimes aux chefs-d’œuvre de l l’estampe ou aux archives d’écrivains, la BnF poursuit sa mission d d’acquisition de trésors patrimoniaux, dans un contexte marqué p par l’enchérissement des biens culturels. D’une certaine façon, toutes les œuvres qui composent les coll lections de la Bibliothèque nation nale de France sont patrimoniales. B Beaucoup y entrent par le dépôt l légal, créé en 1537 pour rassembler l la production nationale et dont la B Bibliothèque a, depuis cette date, l la garde pour les générations à venir. O On a cependant coutume de disting guer les entrées dites courantes – la p production éditoriale de tous les jo jours – des grandes entrées patrimon niales – livres rares, manuscrits m médiévaux ou littéraires, gravures de m maîtres, photographies anciennes, c a r te s p r é c ie u s e s , mo n n a ie s a antiques… qui viennent en moins g grand nombre enrichir les collect tions des départements. L Les entrées patrimoniales s’enrac cinent loin dans l’histoire. Il n’était p pas rare dans le passé de donner ( (ou de vendre) à la Bibliothèque d du roi des collections exceptionn nelles… Ainsi Michel de Marolles q qui, en 1667, lui vendit sa prodig gieuse collection de gravures et p permit ainsi la création du Cabinet d des Estampes, ou encore le marquis d de Paulmy, qui après avoir voulu o offrir sa superbe bibliothèque au r roi Louis XVI, la vendit à son frère, l le comte d’Artois. Dans le domaine des manuscrits litté raires, Victor Hugo est la grande fi gure tutélaire. En décidant, en 1881, par codicille testa mentaire, de donner « à la Bibliothèque nationale de Paris qui sera un jour la Bibliothèque des États-Unis d’ Europe, tout ce qui sera trouvé écrit ou dessiné [par lui] », il a dans le même geste enrichi la mémoire nationale et donné l’idée que pouvait se créer une critique génétique des textes… De René Rémond à Wolinski Les deux ou trois dernières décennies ont accentué des tendances fortes qui sont autant de défi s que la BnF, comme d’autres institutions culturelles, aura à relever. La première est une patrimonialisation généralisée qui s’étend désor mais à tous les moyens d’expres sion : photographies de toutes natures, affi ches, imageries diverses (comme la carte postale), dessins de mode, maquettes, bandes dessinées, archives de toutes sortes de créateurs ont rejoint successivement les autres productions des arts plastiques ou graphiques dans l’importance plastique ou mémorielle qu’on leur accorde. Le second phénomène – lié bien sûr au premier – est un enchérissement … Chroniques de la BnF – n°65 – 21