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Matthew Barney, la création comme métamorphose
En collaboration avec la Morgan Library & Museum de New York, une exposition des dessins de cet artiste hors norme est proposée site François-Mitterrand.
Né en 1967 à San Francisco, Matthew Barney est l’un des artistes américains les plus marquants de l’art contemporain. Connu à ses débuts pour ses spectaculaires performances alliant le sport et l’art, il atteint une notoriété internationale avec son cycle de films CREMASTER (1994-2002), où il apparaît métamorphosé, évoluant dans un monde onirique et baroque au fort pouvoir hypnotique. La performance face au dessin intimiste L’e x p o s it io n L a ch a m b r e d e sublimation. Dessins de Matthew Barney révèle une part plus intime et secrète de cet artiste singulier. Organisée en deux volets et conçue par Matthew Barney, elle présente près de 80 dessins créés entre 1988 et 2011, sur les cimaises, et en vitrine, ses storyboards dans lesquels sont intégrées des œuvres de la BnF. La pratique du dessin est une constante dans le travail de Matthew Barney. Les premiers sont réalisés à la fin des années 1980, lorsqu’il n’est
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encore qu’un étudiant à Yale, dans des conditions extrêmes : ils sont élaborés lors de performances sportives où le public pouvait voir l’artiste escalader les parois de la galerie ou se suspendre au plafond tout en tentant de dessiner sur les murs, malgré des contraintes qu’il s’était lui-même imposées. Dans le même temps, Matthew Barney cherche l’isolement et le calme en Islande où il séjourne une partie de l’année. C’est là qu’il crée des dessins très méditatifs dans des formats intimistes. Ses œuvres étonnantes, aux traits délicats et subtils, rappelant l’univers des grands maîtres de la Renaissance, à l’instar de Dürer ou de Cranach, ou des artistes surréalistes comme Hans Bellmer et Salvador Dalí, sont très liées à sa pratique de la sculpture ou de la performance. Elles se présentent comme une exploration « sublimée » des différentes thématiques qui traversent les films de ses cycles CREMASTER, Drawing Restraint ou River of Fundament, son dernier opus. L’acte de dessiner s’apparente chez lui à un travail de distillation, de
Ci-dessus
Matthew Barney REN: Pentastar Suite, 2008, crayon graphite et lapis-lazuli sur papier dans cadres en polyéthylène
transformation et de métamorphose. Depuis les années 1990, les dessins sont systématiquement enchâssés dans d’épais cadres en plastique chirurgical pour prothèses – matériau aussi utilisé dans ses sculptures – qui les délimitent comme un espace intérieur, un rejet ou un prolongement du corps humain. Réalisées à l’encre et à la mine de plomb, ces œuvres graphiques intègrent également des matériaux inhabituels, minéraux, vaseline ou sang. Aux sources de la création Outre les dessins, l’exposition présente, dans des vitrines originales conçues par Matthew Barney, les sources de ses principaux films et performances, à travers une sélection de storyboards (documentation personnelle de l’artiste comprenant croquis, cartes postales, coupures de presse, livres et divers documents trouvés sur Internet) qui ont inspiré ou documenté Drawing Restraint, CREMASTER, De Lama Lamina, OTTOshaft et River of Fundament. Pour cette exposition, l’artiste a sélectionné des œuvres