references
10 EXPOSITIONS DE ROUGE ET DE NOIR
CHRONIQUES DE LA BnF Nº69
de rouge De Rouge et de Noir
De Rouge et de Noir. Les vases grecs de la collection de Luynes Du 28 octobre 2013 au 4 janvier 2015 Site Richelieu musée des Monnaies, médailles et antiques Commissariat Cécile Colonna
L’exceptionnelle collection de vases grecs du duc de Luynes, donnée à la Bibliothèque nationale en , est exposée pour la première fois dans son intégralité. La rencontre d’Héra et de Prométhée, Œdipe enfant sauvé par le berger Euphorbos, le Minotaure enfant bercé sur les genoux de sa mère, Dionysos né de la cuisse de Zeus… autant de scènes uniques de l’art antique, visibles sur les vases de la collection du duc de Luynes. Si elle fleurit dès l’époque géométrique, c’est à partir du e siècle avant J.-C. que la production de vases de grande qualité, massivement exportés dans toute la Méditerranée, prend son essor dans la cité d’Athènes. D’abord à figures noires sur fond rouge, puis à figures rouges sur fond noir, les plus précieux d’entre eux sont richement décorés d’images peuplées de dieux, de héros et d’hommes.
La collection d’un aristocrate passionné
L’ensemble d’une centaine de céramiques, aujourd’hui présenté au musée des Monnaies, médailles et antiques, a été rassemblé par Honoré d’Albert, duc de Luynes ( ), qui joua un rôle essentiel dans le monde des arts et de e siècle, bien qu’il l’archéologie au reste méconnu du public. Ce grand aristocrate, né dans une des plus illustres familles de France, a voué sa vie à sa passion : l’Antiquité. Sa formation classique lui a permis d’aborder, très jeune, l’étude des monuments antiques. Deux catégories d’objets l’ont intéressé au premier chef : les monnaies et les vases grecs, qui ont en commun de porter des écritures à déchi rer et des images à interpréter.
Cécile Colonna
3
BnF, Monnaies, médailles et antiques CNRS - Maison Archéologie & Ethnologie René Ginouvès
Également curieux des techniques de fabrication des artisans antiques, du métal et de la céramique, le duc tentait d’en percer les secrets dans le laboratoire de son château de Dampierre, comme l’atteste l’étonnante coupe « à figures rouges » qu’il a imaginée. Homme discret et travailleur, Luynes a étudié et publié articles et monographies ; il a aussi participé à la fondation de l’Institut de correspondance archéologique à Rome en , le premier centre uniquement consacré à la recherche archéologique. Sa grande fortune lui a permis d’être un mécène généreux, encourageant les savants comme les artistes, ainsi qu’un collectionneur avisé. En France et en Italie surtout, il a collecté les œuvres antiques, monnaies et vases donc, mais aussi statuettes de bronze ou de terre cuite, bijoux et pierres gravées, armes et armures. À la fin de sa vie, il a donné cette fabuleuse collection, composée d’environ mille objets et sept mille monnaies, au Cabinet des Médailles pour qu’elle prenne place à côté des collections royales. La céramique grecque y forme un ensemble de première importance, témoin du goût du duc de Luynes pour le style classique. La plupart des pièces sont dans un état de conservation exceptionnel et toutes portent des images essentielles pour appréhender la mythologie grecque (les dieux olympiens autour de Zeus, Héraclès et Thésée, la guerre de Troie, etc.), comme certains aspects de la vie quotidienne : les jeux athlétiques, le banquet, la guerre, les rites funéraires. C’est tout l’univers antique qui s’o re à notre regard grâce au goût et à la générosité du savant aristocrate.