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AUDITORIUMS AUTREMENT PHILOSOPHES
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© Jacques Sassier/Gallimard/Opale, 1999
Photo Catherine Hélie/Gallimard © Opale
© Bruno Coutier/GNO/Picturetank, 2012
François Noudelmann Modérateur
Ruwen Ogien Samedi 15 février 2014
Clément Rosset Samedi 8 février 2014
Jacques Rancière Samedi 1er février 2014
Autrement philosophes Philosophes
Les samedis des savoirs. Autrement philosophes. Entretiens avec François Noudelmann Pour chaque conférence : 15 h – 16 h entrée libre Site François-Mitterrand Petit auditorium – hall Est Samedis 1er, 8 et 15 février 2014
1. François Noudelmann est professeur à l’université de Paris 8. Il enseigne aussi régulièrement dans plusieurs universités américaines et européennes (Johns Hopkins University, New York University, European Graduate School). Son livre le plus récent s’intitule Les Airs de famille, une philosophie des a nités (Gallimard, 2012).
Ce qui vous intéresse aussi dans leur ré˛ exion, c’est la force du « dissensus ». F. N. : Cette notion, développée par Rancière, est liée au politique en tant que moment où surgit une contestation des places à l’intérieur de la société, ce qui relève pour lui de la démocratie. Mais de façon plus globale, le dissensus est un chemin philosophique qui consiste à opérer des déplacements, des pas de côté. Chez Rosset, cela se manifeste par Chroniques : Vous avez intitulé une grande indépendance d’esprit, un Diriez-vous pour autant que goût marqué pour l’ironie, la nécessité ce°cycle°« Autrement philosophes ». ce sont des philosophes engagés ? de cibler constamment les poncifs de Pour°quelle raison ? François Noudelmann : Ces trois interve- F. N. : Il y a chez eux à la fois de l’enga- langage. nants se situent à l’écart de la philosophie gement et une grande critique à l’égard telle qu’elle se pratique aujourd’hui dans des discours de l’engagement. Rancière Ils s’expriment en effet de façon l’académie ou les médias. Ils se sont très refuse cette position du philosophe très accessible. vite a ranchis de leurs autorités intellec- engagé qui le ferait accéder plus que F. N. : Mais sans jamais être démagotuelles et empruntent depuis longtemps les autres à l’intelligibilité de son époque. gues, et avec le souci d’éviter les fausses des chemins de traverse. Si l’on pense que Rosset se méfie également des discours profondeurs. Ils refusent d’endosser la la philosophie contrarie les évidences et sur le progrès, tout en étant réceptif aux figure du maître-penseur. Ce sont avant donne à entendre des dissonances plutôt possibilités d’évolution. Ruwen Ogien tout des philosophes actifs, curieux, qu’un plain-chant conceptuel, alors oui, se démarque du discours de la gauche subversifs qui expriment une pensée ceux-là sont « autrement » (d’une autre marxiste, alors qu’il défend une posi- libre, irrécupérable. manière, et beaucoup plus) philosophes. tion très libertaire sur les questions de Propos recueillis par Corine Koch
Dans le cadre des « samedis des savoirs », François Noudelmann1, dont le travail s’exerce aux croisements de la philosophie, de la littérature et de la musique, a choisi d’inviter Jacques Rancière, Clément Rosset et Ruwen Ogien : trois penseurs inclassables qui, de façon di érente, ne cessent d’inventer leur propre chemin ; trois voix singulières qui nous donnent à penser parce qu’elles nous surprennent.
Leur ré˛ exion, très ancrée dans le réel, paraît alimentée par des domaines très variés. F. N. : En e et. Jacques Rancière s’intéresse à la démocratie, mais il interroge aussi le politique à partir de la littérature et des arts visuels. Clément Rosset réfléchit à ce qui constitue le réel, sans distinguer des objets qui seraient intéressants pour la philosophie et d’autres de moindre valeur. Ruwen Ogien est, quant à lui, très impliqué dans toutes les questions d’actualité concernant les mœurs et l’éthique.