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26 COLLECTIONS DÉCORS DE THÉÂTRE
CHRONIQUES DE LA BnF Nº69
maquettes sont pliées et donc destinées à être dépliées pour passer en volume. Peintes à la gouache sur du carton léger par des artistes souvent restés anonymes, elles sont caractéristiques des techniques de travail des décorateurs depuis e siècle jusqu’aux premières le décennies du e siècle. Le fonds des Arts du spectacle, outre les pliées, réunit plus de maquettes en volume, avec des ensembles conséquents pour certains décorateurs comme André Acquart, Gaston Baty, Jean Hugo, Yannis Kokkos, Jacques Polieri, l’italien Eugenio Guglielminetti ou l’ukrainienne Nina Brodsky, dont les inventions dans le domaine des projections lumineuses firent le succès de nombreux spectacles au théâtre du Châtelet dans les années . Récemment, le département a vu entrer dans ses collections le fonds de maquettes de Françoise Tournafond, qui a travaillé avec Ariane Mnouchkine et Jean-Claude Penchenat ; par ailleurs, le fonds du décorateur Matias s’est enrichi d’une dizaine de maquettes dont celle de Dis Joe, première télévision de Samuel Beckett, et celle de la création de la version française d’Oh les beaux jours avec Madeleine Renaud.
BnF, Arts du spectacle
Boîtes à rêves
Les maquettes de décors, conservées au département des Arts du spectacle, sont de précieux témoignages sur l’histoire de la mise en scène et parfois de véritables œuvres d’art. Lorsqu’Auguste Rondel constitue ses « collections théâtrales » à l’origine de celles du département des Arts du spectacle, il pense naturellement à collecter des maquettes de décors et de costumes. Il recueille par exemple un ensemble de maquettes de décors du Que le spectacle se joue sur le tréteau plus de e siècle pour le Théâtre du Vaudeville, nu, comme chez Jacques Copeau ou chez Jean Vilar, qu’il utilise les décors ainsi que des décors dits de répertoire, de répertoire traditionnels, ou qu’il c’est-à-dire pouvant servir à di érentes bénéficie d’une scénographie spécifique pièces et répondant à une typologie imaginée par un décorateur, la concep- immuable : forêt, place publique, chaution et la construction de l’espace scé- mière, chambre de Molière, salon bournique sont centrales dans l’histoire de geois, prison, etc. On trouve dans cette la mise en scène. Les témoins les plus série des scénographies plus spécifiques concrets de ce processus, et souvent les comme l’atrium d’une maison romaine plus beaux, sont les maquettes prépa- ou un décor fantastique de rochers peuplés de diables et autres monstres. Ces ratoires, planes ou en volume.
Maquettes pliées et en volume
Ci-dessus René Allio : maquette de décor en volume pour Tartuffe, mise en scène de Roger Planchon, Théâtre de la Cité, 1962
La fascination qu’exercent sur le public ces théâtres en miniature, ces boîtes à rêves, ne doit pas faire oublier les maquettes planes, plus de , aux côtés des consacrées aux costumes. Mêlant art du dessin et indications techniques, elles reflètent la variété des créations depuis le début du e siècle jusqu’à nos jours pour le théâtre, le cinéma, la télévision, le théâtre musical, le ballet, le music-hall, le cirque, les marionnettes, le mime, les festivals, les expositions universelles, etc. Outre les ensembles provenant des décorateurs eux-mêmes comme Léon Barsacq, Émile Bertin ou Jean Hugo, on trouve des maquettes dans les archives de metteurs en scène. Ils peuvent être leur propre scénographe comme Edward Gordon Craig ou faire appel à des artistes prestigieux comme le fit Charles Dullin à Lucien Coutaud, Louis Jouvet à Christian Bérard, Jean-Louis Barrault à Félix Labisse, Jacques Noël, André Masson ou Yves Saint-Laurent. Autant de dessins préparatoires qui, par leur qualité, deviennent des œuvres d’art à part entière.
Iris Berbain
Maquettes planes