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Dans un livre de souvenirs sur son activité de décorateur, Yves Brayer (1907-1990) a raconté
ses « rencontres avec le théâtre » et comment, quittant le Tarn pour Paris à l’occasion d’une
exposition de ses toiles en 1941, il fut présenté au directeur de l’Opéra, Jacques Rouché,
qui lui commanda ses premiers décors et costumes pour le nouveau ballet chorégraphié et
dansé par Serge Lifar, Joan de Zarissa.
Peintre avant tout – et peintre de la Provence surtout,
Yves Brayer pensait qu’au théâtre, décors et costumes devaient être conçus par un même
artiste pour fusionner comme dans un tableau. À l’occasion de ses premières collaborations
avec l’Opéra de Paris, il reçut le conseil de Serge Lifar de ne pas cesser de voir la scène
en peintre et Jean Cocteau lui recommanda de toujours veiller à la qualité des éclairages.
Pris plusieurs fois par « l’envoûtement qu’exerce le plateau », il travailla, de 1942 à 1980,
pour l’Opéra de Paris, mais aussi pour l’Opéra-Comique, la Comédie-Française, le Théâtre
d’Avignon, le Grand Théâtre de Bordeaux, l’Opéra de Lille, l’Opéra de Lyon, le Théâtre
du Capitole de Toulouse, l’Opéra royal d’Amsterdam, les ballets de Monte-Carlo et le festival
de Cimiez. Il dessina les décors et les costumes de neuf ballets, dix opéras et de deux pièces
de théâtre.
Madame Hermione Brayer, veuve du peintre, vient de donner à la Bibliothèquemusée
de l’Opéra onze dessins ainsi qu’une affiche originale qui complètent les collections
de maquettes de costumes et de décors du peintre déjà conservées dans ce département de
la BnF et qui illustrent l’activité d’Yves Brayer à l’Opéra à l’occasion des productions de Joan
de Zarissa, ballet de Werner Egk (Opéra, 1942), L’Amour sorcier, ballet de Manuel de Falla (Opéra, 1942 et Opéra-Comique, 1947), Nauteos, ballet de Jeanne Leleu (Opéra, 1954)
et de La Tragédie de Salomé, ballet de Florent Schmitt (Opéra, 1954).
Ces dessins sont aussi
un témoignage émouvant de l’amitié qui lia Yves Brayer et Serge Lifar, omniprésent dans
la série d’œuvres qui composent ce don, mais aussi de la vie du théâtre (dessin d’une loge
de l’Opéra en 1942),
et de l’atmosphère des répétitions auxquelles Yves Brayer aimait
à se rendre avec son carnet de croquis (Serge Lifar, Roland Petit et Marianne Ivanoff lors de
la répétition de Suite en blanc, 1943).
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