Les Signets de la BnF : dix ans de veille sur la Toile
En 1997, deux ans seulement après le lancement planétaire du World Wide Web, une bibliothécaire de la BnF propose de familiariser le public de la Bibliothèque à ce nouveau média en plein développement. Ainsi sont nés les Signets de la BnF, répertoire encyclopédique sélectif de ressources accessibles par Internet. Ces Signets fêtent, en octobre 2007, dix années de publication, soit une éternité à l’échelle du temps de la Toile !
 
Les signets de la BnF Les signets de la BnF
Consultable sur les postes de la Bibliothèque d’étude (Haut-de-jardin) à l'ouverture du site François-Mitterrand en 1997, puis sur Internet, depuis octobre 1998, la publication recense à ce jour plus de 4 000 sites web sélectionnés, évalués et décrits par plus de 110 bibliothécaires de l’établissement.
De novembre 2000 jusqu’en 2006, le portail a reçu 5 119 949 visites – soit 9 040 496 pages vues.
En 2006, plus de 1 160 000 visiteurs ont consulté environ 1 790 000 pages de cette publication électronique. C’est la preuve qu’elle répond à une véritable attente, encore confirmée par le fait que plus de 3 000 établissements ont créé un lien vers les Signets de la BnF depuis leur site. Les Signets de la BnF constituent un annuaire de sites, c’est-à-dire que, à la différence des moteurs de recherche alimentés par des robots explorateurs de la Toile, il est enrichi par des professionnels de la documentation, qui exercent leurs compétences scientifique et documentaire pour repérer l’offre existante, l’évaluer et la décrire.
Le portail est alimenté par des bibliothécaires issus des quatorze départements de la BnF. Qu’ils soient à la Bibliothèque- musée de l’Opéra, aux Monnaies, médailles et antiques, à la Réserve des livres rares, aux Arts du spectacle ou ailleurs, les rédacteurs effectuent une veille constante du web pour repérer, parmi 15 à 30 milliards de pages, les meilleurs sites à inclure dans le répertoire. Le public visé par l’offre des Signets est celui qui fréquente les salles de lecture de la BnF. Le cœur de cible qui induit, en partie, le choix des sites sélectionnés est un public de chercheurs, composé majoritairement d’étudiants et d’universitaires. D’autres publics spécifiques sont visés, notamment les bibliothécaires et les professionnels de la documentation, mais aussi, par exemple, les documentalistes iconographes, utilisateurs du département de l’Audiovisuel, ou les professionnels habitués du Pôle de Ressources et d’Information sur le Monde de l’Entreprise (Prisme), ainsi que les amateurs avertis partageant les mêmes centres d’intérêt.
Les Signets de la BnF respectent le format de description normalisé des ressources électroniques, le Dublin Core. Chaque notice indique : le titre de la ressource, le pays de son éditeur, la ou les langues principales du site, son auteur, une description de son contenu, l’URL en clair, la date de la dernière vérification de la notice, le nom du département ou du service responsable de la sélection et description, le type de fournisseur et/ou de contenu, le ou les thèmes de classement de la notice. Certaines notices sont complétées par d’autres éléments tels des liens secondaires (sous la mention Contient en particulier) mettant en avant certaines parties du site décrit, de manière à en assurer l’accès direct à l’internaute, sans qu’il ait à naviguer au sein du site, ou des liens vers d’autres notices, d’autres thèmes du répertoire ou des sites non décrits dans le répertoire (sous la mention Voir aussi).

Critères de sélection
De même que les enrichissements de la BnF relèvent d’un projet documentaire exprimé dans une charte, les Signets de la BnF procèdent d’un type de démarche similaire pour enrichir leur sélection de ressources électroniques.
Les rédacteurs des Signets suivent des règles de sélection et de description qui définissent la ligne éditoriale suivie par la publication. Le portail vise l’encyclopédisme et les ressources sélectionnées se situent en complémentarité avec les collections patrimoniales et dans le prolongement des collections en libre accès. La sélection s’opère sans aucune restriction linguistique autre que celles qu’induisent les compétences des rédacteurs. Une préférence est, certes, donnée aux ressources francophones eu égard au public visé et à la mission dévolue à la BnF de formation des usagers à l’utilisation des réseaux documentaires - notamment consignée dans la Charte des bibliothèques.
Le principal critère de sélection est celui de la « haute valeur » des ressources, appréciée du point de vue de la qualité, de l’utilité pour la recherche, de la fiabilité intellectuelle et des performances techniques. En raison de la politique de sélection visant en priorité les ressources de « référence », certaines se trouvent, de fait, exclues, telles celles qui sont entièrement payantes ainsi qu’un grand nombre de documents du type articles individuels, monographies spécialisées, etc., malgré un intérêt souvent indéniable.
Les Signets de la BnF s’engagent sur le maintien, dans la durée, de la qualité de leur offre. Cette exigence implique des mises à jour régulières. Chaque notice doit faire l’objet d’une vérification des liens qu’elle contient, mais également d’un contrôle de la conformité de la description de la ressource, qu’il faut donc « visiter » régulièrement pour en surveiller l’évolution. Une nouvelle mise à jour est publiée chaque semaine. Toutes les notices sont intégralement revues au moins une fois tous les trois mois, ainsi que les sites correspondants. On mesurera l’ampleur de la tâche, d’autant plus impressionnante lorsqu’il s’agit de sites institutionnels, comme ceux du CNRS ou de la Smithsonian Institution, dont les missions et activités sont nombreuses et complexes.
Un système automatique de péremption permet de ne publier un Signet que s’il a été vérifié dans le délai imparti. Dans le cas contraire, le Signet est provisoirement retiré de la publication pour laisser au rédacteur qui en a la charge le temps nécessaire à la vérification. Les éditeurs du site préfèrent « appauvrir » temporairement le portail plutôt que de proposer un contenu éventuellement obsolète et des liens rompus. Le public des Signets peut ainsi être certain de la fraîcheur et de la qualité de l’information proposée.

Les signets de la BnF Les signets de la BnF
Une technique éprouvée
Les Signets de la BnF sont produits à partir d’une base de production interne à la BnF respectant le standard XML(1) afin de faciliter les échanges d’information et la coopération avec d'éventuels partenaires, désireux de collaborer avec la BnF à l’élaboration d'un « Catalogue collectif de France des Signets ». Des projets de collaboration pourraient, en effet, être envisagés, en particulier avec les membres du réseau national de coopération de la BnF et en premier lieu avec les pôles associés. Ce réseau de coopération pourrait constituer une base de départ pour une mutualisation et une valorisation de ressources communes, à un niveau national ou international.
Dans la publication mise en ligne, chaque thème fait l’objet d’une page HTML statique générée automatiquement,
qui présente soit les sous-thèmes qui le composent, soit les Signets qui y sont rattachés. Dans la version actuelle de la publication, les Signets sont accessibles, soit en suivant l’arborescence systématique des thèmes (« Classement thématique »), soit par une liste alphabétique des thèmes (« Classement alphabétique »).
Dans une prochaine version, un outil de recherche permettra au public d’effectuer des recherches simples ou expertes (titre, langue, pays...). Des pages de réponses seront générées dynamiquement. Le lien « recherche » de la barre d’outils du site permet déjà d’effectuer une recherche plein texte en lançant une requête sur l’index du moteur Google, uniquement sur les pages du site.

Et demain ?
L’observation de l’activité technologique et économique liée aux moteurs de recherche montre leur hégémonie dans le domaine de la recherche par Internet ; pourtant, des répertoires comme celui des Signets de la BnF présentent un intérêt indéniable pour le chercheur qui souhaite identifier rapidement les ressources utiles à sa recherche.
La consultation d’un annuaire épargne à l’internaute le temps d’analyse et d’évaluation des milliers de pages de résultats proposées par tout moteur de recherche. L’accès rapide à des sources validées permet de gagner du temps.
L’offre encyclopédique des Signets permet d’entreprendre une recherche par des ressources généralistes pour ensuite rebondir vers des ressources spécialisées signalées dans les rubriques des différentes disciplines.
Par ailleurs, le classement même des ressources permet au néophyte d’appréhender tout nouveau domaine hors de sa spécialité. Enfin, les Signets de la BnF sont plus qu’un répertoire généraliste ; ils se veulent pédagogiques par leur capacité à guider l’internaute à travers les ressources et par les rubriques d’initiation à la recherche et aux outils disponibles sur l’Internet.
Olivier Jacquot
 
(1) XML (eXtensible Markup Language), langage de structuration du contenu des documents, qui permet la description précise de la signification des données contenues dans un document et ce, par son auteur même, ce qui est gage de qualité et autorise des recherches beaucoup plus pertinentes. Par là, il vise à assurer l’interopérabilité des systèmes d’information en vertu de son extensibilité et de sa lisibilité.