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August Strindberg
en héritage
À l’occasion du centenaire de la mort de Strindberg, la BnF, l’université de
la Sorbonne, celle de Stockholm et l’Institut suédois de Paris commémorent
l’œuvre du dramaturge suédois en organisant une conférence internationale.
Abondamment traduit et réguliè-
rement joué dans notre pays de
son vivant, August Strindberg (
1849
-
1912
), dramaturge, romancier,
essayiste, botaniste, chimiste, peintre,
photographe, entretient un rapport
très particulier avec la France, où il
séjourne régulièrement dans les
années 1880 et
1890
. Strindberg jouit
en effet d’une double identité de
prime abord assez surprenante: l’écri-
vain suédois est aussi un écrivain
francophone. Même si ses années
françaises sont pour lui une époque
extrêmement troublée tant sur le plan
créateur que personnel, Strindberg
aime la France, Paris, la langue et la
littérature françaises, dont il a une
connaissance approfondie.
Parfois en butte à l’hostilité de ses
compatriotes (qui vont jusqu’à le traîner
devant les tribunaux suédois pour
blasphème lors de la publication de
son recueil de nouvelles
Les Mariés
),
Strindberg voit son œuvre – notam-
ment son théâtre – accueillie avec
enthousiasme par le public français,
et rêve de «mettre Paris à ses pieds ».
Un testament français ?
À l’instar d’autres de ses contempo-
rains scandinaves, Paris devient pour
lui un laboratoire, autant scientifique
(il mène un certain nombre de
recherches scientifiques à la Sorbonne)
que littéraire, le symbole autant que le
prétexte à la « percée moderne », à la
mise en place de nouveaux paradigmes
littéraires et artistiques.
Strindberg publie un certain nombre
d’articles rédigés directement dans
notre langue dans la presse française,
notamment dans
L’Écho de Paris
, et
écrit une partie de son œuvre directe-
ment en français, la faisant également
publier dans l’Hexagone. Le
Plaidoyer
d’un fou
et
Inferno
sont les exemples les
plus connus de l’œuvre francophone
de Strindberg, ce dernier récit mar-
quant un tournant dans sa production
artistique et scientif ique, à partir
duquel certains écrits apparaissent
comme des testaments.
Un héritage aux multiples facettes
Strindberg, à sa mort, laisse un héri-
tage immense, tant dans le domaine
épistémolog ique qu’esthét ique.
Sa f igure cont inue d’interpel ler
aujourd’hui, tant dans le domaine du
théâtre d’avant-garde que de la spiri-
tualité, l’écologie, ou dans les débats
actuels autour de la dimension cultu-
relle du « modèle suédois ». L’em-
preinte qu’il a laissée en France est
considérable, Strindberg ayant été,
dès l’époque d’André Antoine et
Lugné-Poe, ses découvreurs du Paris
des années
1890
, jusqu’à Antoine
Vitez en passant par Antonin Artaud
et Jean Vilar, une source d’inspira-
tion et de questionnement pour
les universitaires, traducteurs, écri-
vains, dramaturges, metteurs en
scène et acteurs français.
La conférence, et particulièrement la
journée organisée à la BnF, permet-
tra d’étudier le caractère testamen-
taire d’un certain nombre d’œuvres
du dernier Strindberg, et d’examiner
les diverses facettes de l’héritage
strindbergien, la manière dont celui-
ci a été reçu, conservé, réapproprié
et transmis.
Anna Svenbro
Ci-dessus
Lettre d’August
Strindberg
à Émile Zola, datée
du 29 août 1887
Ci-contre
Photographie
d’époque
d’August Strindberg
Chroniques de la BnF – n°62 –
13
Auditorium
>
© Collection Dagli Orti /Musée de Strindberg, Stockholm/Alfredo Dagli Orti.
BnF, Manuscrits.