Depuis la f in des années
1950
jusqu’à aujourd’hui, Georges
Wolinski a eu une production artis-
tique intense, du dessin de presse à
la publicité en passant par la bande
dessinée et l’affiche de spectacle.
Grâce au dépôt de son atelier à la BnF,
il a été possible de faire un choix large
et varié parmi des milliers de docu-
ments, avec l’idée de montrer la genèse
d’une œuvre et l’évolution d’une per-
sonnalité résolument libre, libre de
chercher derrière les apparences
conventionnelles d’autres vérités par-
fois plus belles, parfois plus cruelles.
Au centre de l’exposition, un portrait
géant de Wolinski accueille le visiteur;
il est couché dans un cercueil et lève
son verre de whisky dans un rire joyeux
défiant la mort. On est d’emblée averti.
La mort rôde dans cet art, elle surgit
sans cesse si l’on n’y prend garde, sa
Wolinski,
cinquante ans de dessins
En 2011, Georges Wolinski a déposé à la BnF l’ensemble de ses archives et fait don de plus de 1000 dessins originaux.
Une exposition rétrospective site François-Mitterrand permet de (re)découvrir une œuvre foisonnante et paradoxale, entre
rire et désespoir. Mais, surtout, celle d’un véritable artiste, qui s’est essayé à tous les genres et à toutes les techniques.
présence menaçante est repoussée à
chaque instant ; dessins, histoires,
amitiés, amours s’interposent pour
effacer l’ombre terrifiante.
Une quinzaine de vitrines présentent
l’homme et son œuvre : ses écrits
(
Lettre ouverte à ma femme,
1978
,
Les Pensées,
1981
,
La Morale,
1992
) et
ceux de sa femme Maryse (
Lettre
ouverte aux hommes qui n’ont toujours
rien compris aux femmes,
1993
,
Georges
si tu savais,
2011
) ouvrent l’espace et
couronnent une vie de réflexions à
deux, d’échanges mutuels autour
d’une fusion amoureuse pleine d’inter
rogations joyeuses et tourmentées. Au
cœur du travail de Wolinski s’inscrit le
questionnement stupéfait et ébloui sur
« l’aimantation » des sexes opposés,
conditionnement de toutes les vies.
Évocation d’une enfance plongée dans
des rêveries fabuleuses (autour de
femmes magnifiques et inaccessibles)
et nourries par une littérature épique
(Jérôme K. Jérôme, Rudyard Kipling,
Victor Hugo, Edgar Poe…), des films
américains et des bandes dessinées.
Admiration, aussi, des dessins de
Dubout, Bosc, Billy Elder. On décou-
vrira les dessins des années de service
militaire en Algérie, les premiers pas
de dessinateur de presse dans le jour-
nal
Rustica
, puis l’épanouissement
dans le monde du journalisme avec les
copains dessinateurs, Gébé, Copi,
Reiser, Siné. Une dizaine de carnets
de croquis permettent de comprendre
la démarche de l’artiste curieux de
tout : dessins rapportés de voyages,
reportages au festival de danse d’Arles,
croquis de prétoires… Une présenta-
tion de ses différentes techniques
montre le travail en train de se faire:
esquisses au crayon graphite, noir de
l’encre de Chine et du feutre, couleurs
sur papier-calque appliqué sur le des-
sin en noir, collages, photocopies de
dessins rehaussées de couleurs. Deux
vitrines présentent les produits dérivés
illustrés de personnages devenus
emblématiques, femmes et hommes
emportés dans un ballet étourdissant
de séduction aveugle: jeux de cartes,
Page de gauche
C’est pas normal,
dessin original,
feutre noir et
couleurs, pour la
couverture de
l’album
C’est pas
normal,
éditions du
Square, 1976
Ci-contre
Georges Wolinski
Ci-dessous
Le Roi des cons,
affiche pour
le théâtre Fontaine,
1978
Chroniques de la BnF – n°63 –
5
Expositions
>
Wolinski
© Wolinski. BnF, Estampes et photographie.
© Martin Colombet, 2012.
© Wolinski. BnF, Estampes et photographie.