Page 8 - BnF- CHRONIQUES 63_B

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La passion pour le costume de
théâtre ne date pas d’aujourd’hui.
Bien au contraire, elle est déjà une
fureur durant tout le
xix
e
 siècle. En
1878
, l ’Exposit ion univer sel le
consacre quelques-uns de ses espaces
au costume et, en
1880
, le critique
musical Adolphe Jullien en fait l’histo­
rique dans un important ouvrage.
À cette époque, les ateliers (costumes
et décors) de l’Opéra de Paris sont
célèbres dans toute l’Europe et les
nouvelles productions déploient un
faste qu’aucune autre scène ne peut
concurrencer. Les grands ouvrages
de Gounod, Wagner, Verdi, Massenet
et Saint-Saëns sont l’occasion pour
les artisans de l’Opéra de montrer un
incomparable savoir-faire.
Tout au long du
xx
e
 siècle et de ses révo-
lut ions esthét iques, les atel iers
s’adaptent aux nouvelles modes, aux
nouvelles méthodes, aux nouvelles
technologies. Sans doute, l’un des
grands changements, sous le direc­torat
de Jacques Rouché (
1914
-
1945
), est
l’arri­vée des peintres dans les ateliers.
Après Léon Bakst, ce sont Fernand
Léger, Giorgio De Chirico ou Paul
Colin qui projettent leurs univers esthé-
tiques sur le costume. Il ne s’agit plus
Le costume de scène
et les créateurs
De Charles Bianchini à Yves Saint Laurent, de Fernand Léger à André Masson, de Marc Chagall à Carzou,
les plus grands artistes du XX
e
 siècle ont dessiné les costumes des chanteurs et des danseurs de l’Opéra de Paris.
Une exposition au Palais Garnier retrace l’odyssée du costume de scène à l’épreuve de la modernité.
alors seulement de mettre en valeur le
chanteur ou le danseur en l’habillant
richement, mais que son costume s’in-
sère dans une vision scéno­graphique
globale: souvent, le costumier est aussi
le décorateur du spectacle.
Yves Saint Laurent,
Christian Lacroix et Kenzo
Après-guerre, c’est le tour de l’École
de Paris de proposer un nouveau
regard, avec Jean Carzou, Roger Cha-
pelain-Midy, Georges Wakhevitch et
Jean-Denis Malclès. C’est toutefois à
l’Italienne Lila De Nobili que la direc-
tion de l’Opéra de Paris commande
les décors et costumes de la première
à l’Opéra de
Carmen
, en
1959
.
Certaines de ses maquettes forment
d’admirables tableaux qui montrent
son sens incomparable de l’intégration
du costume dans la scénographie. Sa
collaboration avec le metteur en scène
Raymond Rouleau préfigure les spec-
tacles d’aujourd’hui, animés par des
équipes soudées de costumiers, de
décorateurs et de metteurs en scène.
À partir des années
1960
, ce sont
les stylistes qui viennent s’ajouter
aux peintres. Ainsi Roland Petit
demande-t-il à Yves Saint Laurent de
dessiner les costumes de
Notre-Dame
de Paris,
et Robert Wilson confie ceux
de
La Flûte enchantée
à Kenzo. Quant
à Christian Lacroix, il a fait du cos-
tume de scène une part essentielle de
son travail et l’a hissé, grâce à la virtuo-
sité des ateliers, au niveau de la haute
couture. D’un bout à l’autre de cette
histoire, les ateliers de l’Opéra de
Paris, aujourd’hui dirigés par Chris-
tine Neumeister, relèvent tous les défis
lancés par les créateurs.
L’exposition comporte deux volets :
une rétrospective de cette histoire dans
les espaces d’exposition de la Biblio-
thèque-musée de l’Opéra et un hom-
mage aux ateliers dans les espaces
publics du Palais Garnier.
Mathias Auclair et Christophe Ghristi
Catalogue :
L’Étoffe de la modernité,
édité par
l’Opéra national de Paris
Ci-dessus
Paul Colin,
maquette
de costume pour le
Cor dans
L’Orchestre
en liberté,
ballet
de Serge Lifar, 1931
Ci-contre
Mauro Pagano,
maquette de
costumes de la
danse des furies
dans
Iphigénie
en Tauride
de Gluck,
1984
Page ci-contre
Christian Lacroix,
maquette
de costume pour
une danseuse dans
Les Anges ternis,
ballet de Karole
Armitage, 1987
Expositions
>
© Adagp, Paris 2012, Julien Benhamou/OnP. BnF, Bibliothèque-musée de l’Opéra.
DR/Julien Benhamou/OnP. BnF, Bibliothèque-musée de l’Opéra.
Julien Benhamou/OnP. BnF, Bibliothèque-musée de l’Opéra.