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Chroniques de la BnF – n°64 –
5
Le Magnus Sinus
de Ptolémée
(mer
de Chine orientale
ou mer Jaune)
Atlas Miller, de Lopo
Homem, Portugal,
1519, manuscrit
enluminé sur vélin.
politique, culturelle et économique
des Européens et les rivalités entre
les grandes puissances maritimes.
L’exposition montre aussi la création
et la diffusion d’une iconographie des
Nouveaux Mondes avec leurs peuples
et leurs mœurs, leurs faunes, leurs
flores et leurs paysages.
La première étape du parcours pré-
sente l’apparition des portulans, leurs
techniques de fabr ication, leurs
usages et leurs utilisateurs. La deu-
xième partie est consacrée à une ana-
lyse du sens politique des cartes,
comme manifestation de la domina-
tion et de la concurrence des grandes
puissances européennes. La troisième
partie, centrée sur l’océan Indien,
révèle combien la cartographie marine
occidentale fut tributaire d’autres
types de cartes et d’autres sources
d’information géographique que
celles issues des explorations portu-
gaises. Ce n’est pas dans un monde
nouveau, mais dans un espace de très
ancienne civilisation, que les Portu-
gais firent irruption entre 1488 – date
du contournement de l’Afrique par
Bartolomeo Diaz – et 1498 – date des
explorations de Vasco de Gama. Il
s’agissait alors d’atteindre par de nou-
velles routes les îles aux épices de
l’Extrême-Orient et d’infiltrer le très
riche marché contrôlé par les navi-
gateurs arabes, persans, indiens et
indonésiens. Les auteurs des cartes
portulans de l’océan Indien avaient
une dette à l’égard de leurs prédéces-
seurs : le grec Ptolémée et les carto-
graphes arabes. Les synthèses élabo-
rées au xv
e
siècle entre savoir antique,
cartographie arabe et rapports de
voyageurs furent ensuite complétées
par les relevés des navigateurs au
xvi
e
siècle. L’exposition tente de mon-
trer cette concordance des sources.
Une iconographie très codifiée
La quatrième partie offre au regard
du visiteur cinq trésors cartogra-
phiques rarement présentés au
public. Dans l’ordre chronologique :
« l’Atlas catalan», 1375 ; le planisphère
du Génois Nicoló de Caverio, vers
1507 ; l’atlas portugais dit «Atlas Mil-
ler », 1519 ; la Cosmographie univer-
selle du Havrais Guillaume Le Testu,
1556 ; la carte du Pacifique du Hol-
landais Hessel Gerritsz, 1622. À par-
tir des récits des premiers décou-
vreurs, les artistes ont mis au point
une iconographie extrêmement codi-
fiée des peuples, des plantes et des
animaux. Ils ont créé des modèles
récurrents que l’on retrouve dans
tous les arts décoratifs de l’Ancien
Régime : hommes nus, cannibales ou
paisibles, esclaves ou libres ; poten-
tats ou souverains glorieux ; scènes
de chasse, bêtes sauvages et chimères,
végétation luxuriante… Ces images
soul ignent à l’envi la polysémie
des cartes portulans qui, depuis le
xix
e
siècle, fascinent autant le spécia-
liste que l’amateur.
C. Hofmann, J.-Y. Sarazin, E. Vagnon
BnF, Cartes & plans.
BnF, Manuscrits.