Le patrimoine à livres ouverts - La Journée du patrimoine à Richelieu
  À l'occasion de cette Journée du patrimoine, les visiteurs sont invités à parcourir, selon un cheminement fléché, des espaces de la bibliothèque peu connus du grand public. Ils pourront également découvrir au cours de leur visite, une sélection de pièces rares des collections qui sont conservées sur le site, rassemblées dans le Salon d'honneur, et une présentation des ateliers de restauration animée par des techniciens d'art, dans la grande salle des Commissions.
  Installée en 1721 dans l'ancien palais de Mazarin, la bibliothèque a investi peu à peu le "quadrilatère" Richelieu délimité par les rues de Richelieu, Colbert, Vivienne et Petits-Champs. Elle s'y est développée au cours des siècles, à force de démolitions et d'aménagements, toujours en quête d'un supplément d'espace. Une reconstruction partielle des bâtiments sous le Second Empire a donné à la bibliothèque le visage qu'elle offre actuellement.

Parcours de la visite
1 . La Cour d'honneur
Face à l'entrée, s'élève le bâtiment principal appelé anciennement Galerie Neuve. Construit de 1727 à 1731 par Robert de Cotte, il fut entièrement réaménagé à la fin du XIXe siècle et abrite au rez-de-chaussée le Salon d'honneur et au premier étage la salle de lecture du département des Manuscrits. Le fronton s'ornait à l'origine des armes royales arrachées sous la Révolution et remplacées au XIXe siècle par la sculpture actuelle représentant la Science servie par les génies, de Charles Degeorge.
Sur la gauche, le bâtiment édifié de 1740 à 1749 par Jules-Robert de Cotte, fils de Robert de Cotte, fut entièrement démoli et reconstruit par Henri Labrouste et son successeur Jean-Louis Pascal ; la façade refaite à l'identique fut achevée en 1878. Les deux autres corps de bâtiments furent construits par Henri Labrouste. C'est dans cette cour que Boullée avait imaginé d'édifier en 1785 une immense salle de lecture.

2 . Le grand hall
Ce hall a été construit par Henri Labrouste en même temps que la salle de lecture des Imprimés et ses magasins. Il intègre dans son architecture intérieure, deux arcades qui appartenaient à la façade de Robert de Cotte et dont témoignent encore les trois marches qui surélèvent le niveau du passage vers le grand escalier. Il a été réaménagé en 1993 (vestiaire, librairie, accueil).

3 . La Salle des Imprimés (Salle Labrouste)
L'architecte Henri Labrouste (1801-1875) venait de s'illustrer par la construction de la Bibliothèque Sainte-Geneviève quand il entreprend l'édification de la salle remarquable qui porte aujourd'hui son nom. Celle-ci inaugurée en 1868 est construite sur un plan carré. Elle peut accueillir 360 lecteurs. Elle est couverte de neuf coupoles de faïence émaillée qui laissent passer la lumière du jour, soutenues par seize colonnettes de fonte hautes de dix mètres. Les fresques qui décorent les murs de motifs végétaux sont dues au pinceau d'Alexandre Desgoffe. Une abside en hémicycle parachève cet ensemble. Les cariatides qui encadrent l'ouverture donnant accès aux magasins sont du sculpteur Perraud. Jusqu'à l'ouverture de la bibliothèque de recherche du site François-Mitterrand, cette salle accueillait les lecteurs du département des Imprimés. A terme, la Salle Labrouste sera occupée par l'Institut national d'histoire de l'art (INHA).

4 . Le grand escalier
Cet escalier monumental a été créé par l'architecte Jean-Louis Pascal qui succède à Henri Labroute en 1875. Ouvert en 1905 et modifié dans sa partie supérieure en 1987, il mène aux salles du musée des Monnaies, Médailles et Antiques, puis au département des Manuscrits et à la galerie Mazarine qui sert de salle d'exposition.

5 . Le musée des Monnaies, Médailles et Antiques
Le département des Monnaies, médailles et antiques dont le nom traditionnel de "Cabinet des médailles" doit son origine au Cabinet du Roi qui fut transféré de Versailles à la bibliothèque royale de la rue de Richelieu en 1741. Il est installé dans ses locaux actuels depuis 1917. Son musée, rénové en 1981, présente dans les deux salles du bas l'histoire des collections et, dans les deux salles du haut, les techniques de fabrication des objets exposés ainsi que l'histoire de la numismatique. Le visiteur peut admirer les objets les plus prestigieux : le Grand Camée, le trésor d'argenterie gallo-romaine de Berthouville, la patère de Rennes, le trône de Dagobert, les trésors de Childéric et de Gourdon, la coupe de Chosroès, le jeu d'échecs en ivoire dit de Charlemagne, ainsi qu'un choix de monnaies et médailles. Ces trésors ont été rassemblés depuis la Renaissance et se sont enrichis au XVIIe siècle par les expéditions en Orient, au XVIIIe par les dons du Comte de Caylus mais aussi par les confiscations révolutionnaires, en 1862 par la générosité du duc de Luynes qui fit don au Cabinet de ses monnaies, vases et bijoux antiques.

6 . La Salle des Manuscrits, division occidentale
Le département des Manuscrits comprend deux divisions : la division occidentale qui occupe la Salle des Manuscrits, et la division orientale pour laquelle une autre salle de lecture a été créée en 1958.
La Salle des Manuscrits installée en 1886 dans l'ancienne Galerie Neuve aménagée par Jean-Louis Pascal est le cœur historique de la bibliothèque par sa situation géographique et par la nature de ses collections. Les manuscrits sont, en effet, le noyau fondateur des collections des rois de France. Organisés en ensembles linguistiques, les fonds s'échelonnent du Ve siècle à l'époque actuelle. Ses 10 000 manuscrits enluminés en font le plus riche musée de peinture médiévale du monde. En 2001, le précieux livre d'heures de Jacques II de Châtillon est entré dans les collections. Parmi les manuscrits d'auteur, citons les Pensées de Pascal ou les Mémoires de Saint-Simon. Le legs des manuscrits de Victor Hugo marque le début du rassemblement des manuscrits littéraires modernes à la Bibliothèque nationale, dont les manuscrits de Marcel Proust sont un des fleurons.

Redescendre le grand escalier et se diriger vers la grande salle des Commissions en sortant par le jardin Vivienne, ou rejoindre directement la salle ovale (8).

7 . La grande Salle des Commissions
Cette vaste salle est située au rez-de-chaussée de l'ancien Hôtel Chevry-Tubeuf qui fut édifié à partir de 1635 par l'architecte Jean Thiriot et qui, après avoir hébergé le Trésor public, fut annexé aux bâtiments de la Bibliothèque Nationale par une ordonnance de 1818. Aménagée en salle de réunion, elle a accueilli et accueille encore en ses murs des commissions où ont siégé les membres les plus éminents du monde des bibliothèques.

Pour rejoindre la Salle ovale où se poursuit la visite, traverser à nouveau le jardin Vivienne (près de l'entrée de l'Hôtel Tubeuf, se dresse une oeuvre en bronze de Roseline Granet : "Jean-Paul Sartre marchant sous la pluie")


8 . La "Salle ovale" ou ancienne Salle des périodiques
Conçue et commencée par l'architecte Jean-Louis Pascal qui succède à Labrouste en 1875, la Salle ovale ferme le quadrilatère en profitant de la démolition, entre 1880 et 1882, de divers bâtiments privés et du Salon des Globes qui abritait les immenses sphères de Coronelli. Sa construction ne fut achevée qu'en 1932 par l'architecte Recoura. Son ovale est de 45 mètres de long sur 34 mètres de large, sa hauteur sous verrière est de 18 mètres. Elle a une capacité de 150 places de lecture. Elle fut affectée au service des périodiques qui deviendra département en 1945. Actuellement, elle est partagée entre la Salle de références bibliographiques (BnF) et la Bibliothèque d'art et d'archéologie- Fondation Jacques-Doucet.

9 . Le Salon Voltaire dit Salon d'honneur
Dans un décor orné de boiseries sculptées dessinées par Robert de Cotte se trouvent trois oeuvres du sculpteur Jean-Antoine Houdon qui eut longtemps son atelier dans le palais Mazarin : le plâtre de la statue de Voltaire dont le socle contient le coeur du philosophe, le buste de Jérôme Bignon et celui de son illustre descendant, l'abbé Jean-Paul Bignon, maître et garde de la librairie du Roi de 1719 à 1742, dont l'administration est souvent considérée comme l'âge d'or de la Bibliothèque.

Dossier établi par Christiane Garaud


Journée du patrimoine
Dimanche 22 septembre 2002
Richelieu
58, rue de Richelieu
75002 Paris
10 h - 18h
Parcours de la visite à Richelieu

Rénovation du site Richelieu

Les locaux laissés vacants dans le quadrilatère Richelieu par le déménagement des Imprimés et des Périodiques sur le site François-Mitterrand, vont permettre le redéploiement des départements et services de la BnF, ainsi que l'installation, dans le secteur de la Salle Labrouste, de la bibliothèque de l'Institut national d'histoire de l'art. La programmation de ce grand projet BnF/INHA est en cours et les travaux devraient commencer en 2004.

Présentation des ateliers de restauration dans la Salle des Commissions

La restauration est une activité majeure de la Bibliothèque nationale de France. Celle-ci s'en acquitte dans le cadre d'une de ses missions : la conservation. Pour la mettre en lumière et la faire connaître au public, sont présentés dans cette salle les différents ateliers de restauration qu'abrite le site : l'atelier central, le Centre de documentation, le laboratoire, l'atelier des Cartes et plans, l'atelier des Monnaies, Médailles et Antiques, l'atelier des Estampes et de la photographie. Autour de douze panneaux didactiques et de six vitrines proposant des cas d'école, des modèles, des outils…, restaurateurs et scientifiques de la BnF commentent et expliquent leur savoir-faire, leur métier.

Présentation des collections du site Richelieu

Les six départements : Manuscrits, Monnaies, médailles et antiques, Estampes et photographie, Cartes et plans, Arts du spectacle et Musique présentent dans des vitrines réunies dans le Salon d'honneur, des pièces significatives de leurs collections, sorties pour un jour et soigneusement choisies pour illustrer la diversité et l'intérêt patrimonial des fonds uniques de la bibliothèque : le "Bois Protat" l'un des plus anciens xylographes conservés en Occident ; un manuscrit autographe de René Char, enluminé par Wifredo Lam ; une grande monnaie vietnamienne en or de l'empereur Hiên Tô ; le Bouddha assis sur un socle de lotus, ex voto peint à l'encre sur papier provenant du sanctuaire de Dunhuang ; un incunable vénitien de 1485, l'Isolario de Bartolommeo dalli Sonetti, un portrait au crayon de Debussy sur son lit de mort par le peintre Othon Friez et, dans la suite de l'année du cirque, des images et des objets illustrant ce divertissement populaire.

Pour en savoir plus

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Catalogue de l'exposition Labrouste, architecte de la Bibliothèque Nationale de 1854 à 1875, Bibliothèque Nationale, Paris 1953.
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La Bibliothèque nationale des origines à 1800, Simone Balaye, éd. de la Librairie Droz s.a., Genève 1988.
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Bibliothèque Nationale, Mireille Pastoureau, Paris, musées et monuments de France, Albin Michel, Paris 1992.
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La Bibliothèque nationale, mémoire de l'avenir, Bruno Blasselle, Jacqueline Melet-Sanson,Gallimard, collection Découvertes, Paris, 1992.
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La Bibliothèque nationale, P.U.F. ,Bruno Blasselle, collection Que sais-je ? Paris, 1993.
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Mélanges autour de l'histoire des livres imprimés et des périodiques, sous la direction de Bruno Blasselle et Laurent Portes, Bibliothèque nationale de Frace, Paris, 1998.