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10 – Chroniques de la BnF – n°60

Markus Raetz, une esthétique de la surprise

Une exposition à Richelieu donne à voir l’œuvre gravé de l’artiste suisse contemporain, dont le travail est centré sur la question de la perception et du langage. Distorsions, ellipses, jeux de miroirs, les réjouissants détournements de Markus Raetz interrogent le spectateur à travers des dispositifs inédits.

Dessinateur, sculpteur, Markus Raetz est ce que l’on appelle aujourd’hui un artiste polyvalent. En écho lointain à la fgure d’un Léonard de Vinci passionné, entre bien d’autres curiosités, par les questions d’optique, il construit depuis 1963 une œuvre sin-gulière: son fl conducteur est la remise en question de la perception du spec-tateur ainsi que le jeu sur le langage et les signes. Dans la lignée d’un Duchamp ou d’un Magritte, Markus Raetz expérimente des images et des dispositifs qui mettent à l’épreuve les habitudes visuelles à travers distor-sions, anamorphoses et autres inven-tions autour de la perspective. Sa recherche s’apparente à un art de la subversion; elle met des points d’inter-rogation à des représentations bien éta-blies, et amène à voir les choses de manière inédite. Cette exposition exhaustive des estampes de l’artiste est un projet de longue date, réalisé avec la complicité de sa galeriste Farideh Cadot, à laquelle l’unit une longue amit ié, et co-commissaire, avec

Marie-Cécile ­Miessner, de l’expo­ sition. 180 pièces sont présentées à la galerie Mansart, pour la plupart des estampes, mais aussi quelques sculp-tures : autant d’occasions de se confronter à des objets parfois énig-matiques, toujours subtils, ouverts à de multiples signifcations.

À l’origine, le dessin

Depuis toujours, Markus Raetz des-sine. Travail préparatoire ou journal de bord - dans de petits carnets dont certains ont été édités en Suisse –, le dessin est surtout «une façon de col-lectionner des images qui ressortent parfois des années après sous une forme ou une autre, confe-t-il. Je res-sens comme un très grand privilège le fait de pouvoir laisser le temps passer, laisser mûrir les choses. » Sa pratique de l’estampe trouve elle aussi son ori-gine dans l’enfance, depuis ses pre-miers essais d’empreintes à l’aide de pommes de terre et de tampons humides, qui ont inscrit en lui une ­fascination pour la reproductibilité.

Son travail peut se lire comme une méditat ion poét ique relevée de touches d’humour. Markus Raetz tra-vaille à rendre visible l’invisible. Ainsi

Sujet rapide, où la vitesse est rendue perceptible par le seul trait, en l’ab-sence de toute fgure. Ses images sont travaillées par toutes sortes d’hypo­ thèses et de signifcations, telles ces

Schatten (Ombres) où l’œil hésite entre l’image d’une pipe, d’une fumée, d’un nuage, ou encore d’une fgure surgie de l’inconscient, en clin d’œil au Ceci n’est pas une pipe de Magritte. Aimant modifer son angle visuel, l’artiste tra-vaille aussi sur le refet, le double, le positif et le négatif, ou le miroir, qui permet de voir un autre aspect de ce que l’on regarde et de se démultiplier. Markus Raetz a fait sienne la phrase de Marcel Duchamp selon laquelle c’est le regardeur qui fait l’image. Celui qui regarde est certes récepteur, mais projette aussi quelque chose de lui-même. «Tout ce que nous voyons agit sur notre cerveau. Nous projetons les expériences que nous faisons dans notre vision de l’œuvre», explique-t-il. Il s’agit toujours, au fond, de faire voir les choses autrement, de faire bouger la perspective, de dévoiler, derrière ou à côté des images que l’on voit – ou que l’on croit voir – d’autres images. Le travail de la sculpture s’est affrmé dans son œuvre dans les années 1980. L’exposition en montre plusieurs et éclaire leurs rapports avec la gravure. C’est en bougeant, en se déplaçant que

Expositions >

En haut

Markus Raetz

Schnelles Sujet (Sujet rapide)

Eau-forte, préparation papier de verre, 1970.

Ci-contre

Markus Raetz,

Binocular View

Photogravure, 2001.

Page de droite

Markus Raetz, Figure masculine contemplant son ombre,

Aquatinte, 1977.

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