Page 16 - BnF- CHRONIQUES 60_b

This is a SEO version of BnF- CHRONIQUES 60_b. Click here to view full version

« Previous Page Table of Contents Next Page »

Auditoriums >

Robert Badinter l’abolitionniste

Il y a trente ans, l’Assemblée nationale votait l’abolition de la peine de mort. Pour commémorer cet événement, Robert Badinter, alors garde des Sceaux et à l’origine de cette loi majeure, revient sur un combat de près de deux cents ans.

Célébration : L’abolition de la peine de mort a 30 ans Conférence de Robert Badinter  le mercredi 5 octobre 2011 Projections les 6 et 7 octobre 2011 (voir agenda)

Site François-Mitterrand 

Grand auditorium, hall Est – 18h30-20h

En collaboration avec l’association Ensemble contre  la peine de mort. En partenariat avec le magazine L’Histoire.

«Demain, grâce à vous, la justice française ne sera plus une justice qui tue. Demain, grâce à vous, il n’y aura plus, pour notre honte commune, d’exécutions furtives, à l’aube, sous le dais noir, dans les prisons françaises. Demain, les pages sanglantes de notre justice seront tournées. » Trente ans après ce 17 septembre 1981, des milliers d’internautes peuvent encore entendre la voix ferme et tremblante à la fois de cet homme qui se cramponne de ses deux mains à la tribune de ­l’Assemblée nationale, comme un capitaine à la hune de son navire. Devant Robert Badinter ce jour-là, ce ne sont pas quelques centaines de parle­mentaires qu’il faut convaincre, mais soixantemil-lions de Français. Car d’après un son-dage publié le matin même dans

Le Figaro , la France qui “a peur” se déclare favorable, à plus de 60 %, au maintien de la peine de mort. Alors il faut faire face à ce vent contraire de l’opinion. Une demi-heure de discours rédigé à la main sur des feuillets que l’orateur ne regarde qu’à peine tant il les a en tête et dans le cœur. Ce jour-là,

Robert Badinter ne plaide pas l’aboli-tion, il est l’abolition qui parle. C’est lui, et c’est aussi avec lui le chœur polypho-nique de ceux qui, depuis près de deux siècles, entendent condamner à mort la «veuve noire». C’est Hugo, c’est Jaurès, et c’est lui, Badinter. Mais le «moment» politique ne doit pas occulter la longue marche. Ce n’est qu’un pic. Il y eut auparavant le lac étale des jours sans espoir; il y eut les causes perdues – celle de Roger Bontems quemaître Badinter tente d’arracher sans succès à la guillo-tine en 1972; il y eut aussi, en 1976, les centaines de lettres de menaces, d’in-sultes, et même une bombe qui éclate sur le palier de l’appartement familial lorsqu’il décide de défendre Patrick Henry, l’assassin du petit Philippe

­Bertrand. Les visites d’hiver à la prison de Troyes, les nuits blanches, les doutes, l’angoisse au moment d’aller plaider… Il faut lire dans L’Abolition le chapitre que Robert Badinter consacre à l’affaire et au procès Patrick Henry. Cette aventure politique et personnelle devient alors intime. Et renvoie cha-cun, et l’avocat au premier chef, à des questions essentielles : qui suis-je ? Qu’ai-je fait de ma vie?

Pourquoi Robert Badinter s’est-il engagé dans le combat abolitionniste? Parce qu’il fallait, diraient les philo-sophes, un homme capable de porter et de rendre visibles les progrès de la raison dans l’histoire. Mais c’est aussi l’homme qui choisit. Est-ce le poids de la disparition d’un père dans les camps – exécution sans procès et sans faute – qui conduit le grand avocat à faire de ce combat presque bicentenaire la clé de voûte de son existence? Le sens de la justice, l’idée d’un droit qui se subs-titue absolument à la violence absolue, l’exigence d’empathie se mêlent pour rendre compte d’un engagement qui conduit Robert Badinter à porter cette parole dans toutes les assemblées. Jusqu’à ce que la mort pénale dispa-raisse de la surface du globe.

Thierry Grillet

Ci-dessus Extrait du manuscrit du discours prononcé par Robert Badinter à l’Assemblée nationale, le 17 septembre 1981.

Ci-contre Robert Badinter prononçant son discours contre la peine de mort à l’Assemblée nationale, le 17 septembre 1981.

Page 16 - BnF- CHRONIQUES 60_b

This is a SEO version of BnF- CHRONIQUES 60_b. Click here to view full version

« Previous Page Table of Contents Next Page »