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– Chroniques de la BnF – n°61
Auditoriums 
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Biennale
du dessin de presse
Pour sa deuxième édition, la Biennale du dessin de presse,
qui se tient site François-Mitterrand, offre un panorama varié
d’une pratique souvent impertinente, et toujours pertinente.
Biennale du dessin de presse
Samedi 24 mars 2012
14h - 18h30
Site François Mitterrand
Petit auditorium - hall Est
À une époque où la presse papier
connaît une mutation certaine,
le dessin, accueilli traditionnelle-
ment dans les journaux comme élé-
ment de surprise ou de divertis-
sement, attendu par le public pour sa
note d’humour ou de provocation,
s’adapte à un monde nouveau qu’il
traque avec encore plus d’obstination
et de truculence. Les dessinateurs, à
la fois artistes et journalistes, à
l’écoute des bruits du monde d’au-
jourd’hui, aiment à comparer leur
crayon à une arme, voire à une
bombe qui, en pourfendant l’injus-
tice, l’hypocrisie et l’absurdité, resti-
tue, avec le sourire, les reflets explo-
sifs ou dérisoires d’une société de
plus en plus complexe.
offrir l’écume de la vie
Miracle du dessin, ce moyen d’ex-
pression si simple, commun à toutes
les cultures depuis l’origine de l’hu-
manité, dont les traces de crayon,
d’encre ou de feutre sur papier et
aujourd’hui les dessins sur palette
graphique, traduisent, dans d’habiles
télescopages, idées, impressions,
souvenirs, allusions, sentiments,
émotions… jeux rapides de lignes
d’où surgissent à l’infini portraits de
célébrités ou d’anonymes en des lan-
gages elliptiques toujours réinventés.
Forts de leur talent et l’œil aiguisé,
les dessinateurs résistent et, traver-
sant l’opacité des faits réels ou inven-
tés, offrent aux spectateurs l’écume
de la vie. Sensibilisée à l’importance
de ces regards uniques et variés, la
BnF prend à cœur d’en garder les
témoignages et de les faire connaître.
Martine Mauvieux
Ci-dessus
Dessin original
de Wolinski, 2011
Concert inédit
Cendrillon,
opéra-comique en
un acte de Jean-Louis Laruette
(1759).
Déniché dans un petit volume à
la Bibliothèque de l’Arsenal, le
montage de cette œuvre à tiroirs a pris
la forme d’un jeu de piste pour Héléne
Clerc-Murgier et Pauline Wargnier,
respectivement clavecin et violoncelle
baroque de l’ensemble Les Monts du
Reuil. Elles ont entrepris cette recons-
titution au-delà de la transcription
af in de retrouver l’esprit musical
propre à cette période, où la fin du
baroque flamboyant glisse vers le clas-
sicisme naissant.
Le texte du livret d’Anseaume est
gardé dans sa quasi-intégralité: seules
quelques répétitions ou lourdeurs ont
été coupées, la musique écrite ou
choisie par Laruette est redonnée telle
quelle, notamment le choix que l’alto
double la basse, comme très souvent
dans la musique italienne. Le chœur
final, dont la musique n’existe plus, a
été emprunté à
Zoroastre
de Rameau.
Mais cette première adaptation théâ-
trale du conte de Perrault s’éloigne de
l’univers enfantin pour baigner dans
l’érotisme galant. Le début de la pièce
se passe au lendemain du bal où la
jeune fille n’ose avouer à sa marraine
ce qu’elle a perdu dans la nuit. On
imagine les rires salaces que les dialo-
gues libertins devaient entraîner…
On dénombre aujourd’hui plus d’une
centaine de versions de
Cendrillon,
dont certaines remontent à l’Anti-
quité. Depuis la première version
scénique d’Anseaume et Laruette,
le sujet a été repris durant tout le
xix
e
siècle, au théâtre, à l’Opéra, dans
des ballets, sans parler de la littérature
et des gravures.
Jean-Loup Graton
© Georges Wolinski.