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– Chroniques de la BnF – n°61
Alix Cléo Roubaud,
absolument photographe
Une centaine de tirages originaux du fonds de la photographe Alix Cléo Roubaud, à l’œuvre foisonnante et exigeante,
a rejoint les collections du Département des Estampes et de la photographie grâce à une donation de Jacques Roubaud.
Al ix Cléo Roubaud, née le
19
 janvier
1952
à Mexico, est
morte le
28
 janvier
1983
à Paris, âgée
d’à peine
31
ans. D’origine cana-
dienne, elle poursuit à partir de
1972
des études de philosophie à Aix-en-
Provence. À cette même période elle
commence à s’intéresser à la photo-
graphie ; mais ce n’est qu’en
1978
qu’elle prend la décision d’être abso-
lument photographe. Elle met alors
de côté ses recherches universitaires
sur Wittgenstein. Entre
1979
et
1983
, sa production est impression-
nante : el le réalise des centaines
d’images dont la majeure partie est
aujourd’hui en la possession de son
mari, le poète Jacques Roubaud.
En 
1984
, son
Journal
paraît dans la
Le travail d’Alix Cléo Roubaud, long-
temps éclipsé, est aujourd’hui redé-
couvert. Son œuvre, interrompue
brusquement par la mort, est d’une
richesse étonnante. Sa photographie
n’a pas eu le temps de se poser, et
ce corpus est marqué par un appétit
de découverte remarquable. On y
retrouve les grands
topoï
de la photo-
graphie des années 
1980
: l’intime, la
relation évidente au texte, la mise en
scène de soi…Mais AlixCléo ­Roubaud
insuffle à ces grands thèmes une force
nouvelle en imposant un corps à corps
avec le médium photo­graphique :
peindre, raturer, tester les bains, jouer
avec les expositions ; son œuvre est
avant tout une recherche, une réflexion
sur ce qu’est la photographie même.
collection Fiction & Cie du Seuil,
dirigée par Denis Roche. Jacques
Roubaud reproduit une partie de ses
carnets intimes correspondant à leur
histoire commune, du
23
décembre
1979
au
19
 janvier
1983
.
Les négatifs, «palette du peintre»
L’édition des textes est accompagnée
de la reproduction de photographies.
Les pages de ses carnets aux titres
clairement wittgensteiniens (
Cahier
bleu, Grand cahier noir,
etc.) nous
donnent accès aux événements de sa
vie et à ses remarques sur la photo-
graphie. La pratique d’Alix Cléo
Roubaud est en effet indissociable
d’une théorie de l’image qui lui est
propre. 
Ci-dessus
Alix Cléo Roubaud
Si quelque chose
noir
(série de
17 photographies),
Saint Félix, 1980
Page ci-contre
Alix Cléo Roubaud
et Jacques Roubaud
chez eux, 51 rue
des Francs-Bourgeois,
Paris, 1982, photo
Alix Cléo Roubaud
BnF, Estampes et photographie.