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Chroniques de la BnF – n°61 –
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Après de brillantes études musi-
cales, Jules Massenet (
1842
-
1912
)
remporte le Premier Grand Prix de
Rome en
1863
. C’est son premier édi-
teur, Georges Hartmann, qui lui
ouvre les portes d’une carrière théâ-
trale en faisant créer à ses frais, en
1873
au Théâtre de l’Odéon, son
« drame sacré »
Marie-Magdeleine.
L’œuvre est un triomphe. Élu à l’Aca-
démie des Beaux-Arts en
1878
,
Massenet domine jusqu’à sa mort la
scène lyrique française. Cependant,
en dépit d’un parcours brillant,
l’homme reste une énigme.
En effet, Massenet peut apparaître
comme un personnage mondain et
superficiel, un homme à femmes, un
compositeur off iciel aimant par-
dessus tout le succès et les honneurs.
Pourtant, derrière cette image que ses
détracteurs ont diffusée à l’envi, il se
révèle un homme torturé, un anxieux
qui n’ose pas assister aux premières de
ses œuvres, un homme superstitieux
qui évite de donner le chiffre
13
à l’un
des feuillets de ses manuscrits, et un
travailleur impénitent…
Un homme de théâtre accompli
Au travers d’une centaine de pièces
– tableaux, dessins, maquettes de
décors et de costumes, partitions,
photographies, costumes… – prove-
nant notamment des collections de la
BnF, de l’Opéra national de Paris et du
Centre national du costume de scène
de Moulins, cette exposition célèbre
le centenaire de la mort de celui qui a
réussi au théâtre une synthèse unique
des arts et de la musique. Car loin de
se cantonner à son rôle de composi-
teur, il s’intéresse à tout et impose sa
vision picturale et scénographique aux
directeurs de théâtre, aux décorateurs
et aux metteurs en scène. Pour la
création d’
Esclarmonde
à l’Opéra-
Comique, en
1889
, il fait dessiner
Ci-dessus
Jules Massenet,
photographie
de Paul Berger,
vers 1910
Ci-contre
Esclarmonde
,
illustration
par Eugène Grasset
pour le frontispice
de la partition piano
et chant,1889
La Belle Époque de
massenet
Jules Massenet, décédé il y a tout juste cent ans, a dominé la scène
lyrique française. La Bibliothèque-musée de l’Opéra rend hommage
à un artiste complet, qui a su marier tradition et innovation.
l’affiche du spectacle par l’un des plus
grands illustrateurs de son temps,
Eugène Grasset, mais il lui demande
aussi d’illustrer les pages d’ouverture
de la partition et de concevoir une
partie des décors.
Thaïs
révèle un
homme de théâtre accompli, vision-
naire dans son approche esthétique de
la scène et symbolisant à merveille
l’esprit de la Belle Époque. D’autres
grands succès jalonnent sa carrière :
Manon
,
Werther
,
Le Cid
,
Cendrillon
,
Le Jongleur de Notre-Dame
Animé par l’envie de plaire, Massenet
propose une esthétique originale. Il
sait trouver dans sa musique un point
d’équilibre entre tradition et innova-
tion. S’il sacrifie plusieurs fois à l’exo-
tisme qui plaît par-dessus tout avec
Le Roi de Lahore
ou
Esclarmonde
, il s’at-
tache toutefois à diversifier les sujets de
ses livrets, leurs sources et leurs cadres
historiques. Les œuvres de Massenet
sont représentées sur les scènes
lyriques du monde entier et le compo-
siteur y incarne l’élégance et la sensua-
lité françaises. Professeur recherché
et aimé, il a eu pour élèves Alfred
Bruneau, Gustave Charpentier ou
Reynaldo Hahn. Et Claude Debussy,
qui n’a pas été de ceux-là, ne cachait pas
son admiration pour le compositeur.
Mathias Auclair et Christophe Ghristi
Catalogue:
La Belle Époque de Massenet
sous la direction de Mathias Auclair 
et Christophe Ghristi, 
éditions Gourcuff Gradenigo.
BnF, Bibliothèque-musée de l’Opéra.
BnF, Bibliothèque-musée de l’Opéra.
Expositions
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