Page 22 - BnF- CHRONIQUES 64_a

Basic HTML Version

22
– Chroniques de la BnF – n°64
Collections
>
À une époque où la photo-
graphie a largement conquis les
collections des musées nationaux et
d’autres instances culturelles liées à
l’art contemporain, il peut paraître
étrange que la collection de photo-
graphies la plus importante en France
soit conservée dans une bibliothèque,
fût-elle la Bibliothèque nationale
de France. Il convient de rappeler
qu’avant la constitution, au début des
années 1980, des collections du musée
d’Orsay, du musée national d’Art
moderne/Centre Pompidou et du
Centre national des arts plastiques,
des collections de photographies se
trouvaient déjà dans de très anciennes
institutions comme la nôtre, mais
aussi, par exemple, au musée Carna-
valet, à l’École nationale supérieure
des beaux-arts ou à la médiathèque de
Photographie:
une collection unique au monde
La BnF s’est intéressée très tôt à la photographie. Ses collections, réparties dans plusieurs départements,
sont immenses grâce au dépôt légal, à l’action des conservateurs et à la générosité des artistes. Une politique
structurée et ambitieuse soutenue par le mécénat, depuis dix ans, de la Fondation Louis Rœderer.
l’Architecture et du Patrimoine.
Ainsi, il y a seulement trois décennies,
alors que la photographie existait
depuis près de cent cinquante ans,
seule la BnF menait une politique
structurée et ambitieuse d’enrichis-
sement en matière de photographie
contemporaine.
Une politique réfléchie dès 1945
Tout a commencé en 1851 lorsque les
photographes se sont avisés de suivre
l’exemple des graveurs et de déposer
leur production au département des
Estampes au titre du dépôt légal.
Plus de 100 000 épreuves ont ainsi
enrichi les collections jusqu’en 1914.
Parallèlement, depuis 1853 et sans
discontinuer depuis, ont été effec-
tuées des acquisitions. Les dons
très nombreux d’épreuves isolées,
d’albums, de collections, de fonds
entiers ont débuté en 1849. Une
heureuse initiative du ministère de
l’Intérieur au début des années 1880,
qui procéda par convention à des
échanges avec l’Angleterre, nous valut
le dépôt d’un rarissime album de
Muybridge et de portraits de Julia
Margaret Cameron. Les grands
albums de Baldus, Charnay, Bisson,
Braun ou Richebourg offerts à Napo-
léon III rejoignirent nos collections
après la chute du Second Empire. Les
photographies se sont ainsi accumu-
lées pendant près d’un siècle.
Une politique réfléchie s’est mise en
place après 1945 lorsqu’a commencé
à naître, au sein du département, la
conscience de l’importance historique
et artistique de la photographie. Des
expositions ont été organisées régu-
lièrement et des enrichissements mas-
sifs amorcés. Les conservateurs, en
particulier Jean Adhémar, ont appro-
ché des collectionneurs privés qui
avaient constitué des ensembles
uniques sur le xix
e
siècle : Gabriel
Cromer, Georges Sirot, Albert Gilles,
André Coursaget. Ont été acquis des
fonds d’atelier (Nadar, Reutlinger,
Séeberger, Disdér i), des fonds
d’agences (Rol, Meurisse, Mondial,
SAFARA), des fonds de journaux
En haut
André Kertész
Mur de New York,
1939.
Ci-contre
Arturo Bragaglia
Danseuse
© Kertész André © Ministère de la Culture – Médiathèque du Patrimoine, Dist. RMN
BnF, Estampes et photographie
BnF, Estampes et photographie.