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28 COLLECTIONSCÉSARFRANCK
CHRONIQUES DE LA BnF Nº79
Variations symphoniques
CésarFrancken quelquesdates 1822:naissanceà Liège 1830:entréeau Conservatoire deLiège,grand prixdesolfège etdepiano 1834-1835: premières compositions etpremiers concerts 1837:entrée auConservatoire deParis(piano, contrepoint,orgue)
1872:professeur d’orgueau Conservatoire deParis
1885:reçoitla Légiond’honneur
1890:décès àParis
La partition autographe des Variations symphoniques de César Franck (1822-1890) a récemment rejoint le département de la Musique. Classée Trésor national, elle offre un témoignage majeur de l’œuvre du compositeur.
Ci-dessous Photographie deCésarFranck àl’orgue avec une dédicace de César Franck à Gabriel Fauré BnF, Musique
Pianiste enfant prodige, César Franck fait carrière comme organiste à partir de 1847 et devient, en 1872, professeur d’orgue au Conservatoire de Paris. Cet admirateur de la tradition germanique, de Bach à Wagner, en passant par Beethoven et Liszt, y forme à la composition un groupe de disciples zélés. S’il a écrit, entre 1834 et 1836, plusieurs séries de variations pour piano et orchestre pour ses propres concerts, il ne revient pourtant à cette formation qu’en 1884, avec le poème symphonique Les Djinns. L’année suivante, il compose les Variations symphoniques, au thème inspiré d’un cramignon, chanson populaire de sa région natale qu’il a quittée pour Paris dès 1837. Le 2 octobre 1885, Franck termine à Quincy-sous-Sénart une version préliminaire, avec la partie soliste entièrement rédigée et une esquisse des éléments importants de l’orchestre, sans indications d’instrumentation. L’introduction, composée parallèlement ou postérieurement au reste de l’œuvre, figure sur un cahier distinct. Il élabore ensuite l’orchestration directement à partir de cette ébauche, sur laquelle il reporte les numéros des quatre-vingt-dix pages du manuscrit acquis par la BnF. Achevé à Paris le 12 décembre 1885, celui-ci est noté à l’encre noire sur un papier à vingtsix portées ; les lettres de repère au crayon rouge apportent un peu de couleur. On relève de rares corrections de détail – altérations oubliées, indications agogiques –, généralement au crayon. Les grattages ne cachent pas de repentirs, mais de simples décalages d’une
LesmanuscritsdelaBnF
ligne ou d’une mesure dans les parties d’orchestre. Plus intéressantes, les annotations d’exécution au crayon bleu suggèrent que Franck a dirigé à partir de ce même manuscrit la première exécution des Variations, avec le dédicataire Louis Diémer au piano, le 1er mai 1886, et celle du 20 novembre 1887 à Bordeaux, avec le belge ThéophileYsaÿe en soliste. Ce dernier reçoit sans doute à cette occasion le manuscrit autographe non daté, conservé à la bibliothèque du Conservatoire de Liège, et adressé à son « ami et vaillant interprète Théophile Ysaÿe ». Malgré leur mise en page identique, un examen attentif montre que le manuscrit offert àYsaÿe ne comporte aucun des grattages que présente celui de Paris et que certaines corrections de ce dernier, mais pas toutes, ont été intégrées à la version liégeoise. On peut donc affirmer que la BnF possède l’exemplaire personnel du compositeur, d’après lequel il a copié le manuscrit de Liège : un ajout de choix à la belle collection d’autographes de Franck conservée par le département de la Musique – la plus considérable détenue par un établissement public –, d’autant que peu de ses chefs-d’œuvre tardifs y figurent sous une forme achevée.
François-PierreGoy Département de la Musique
LemanuscritdeLiège