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EXPOSITIONSEDUARDOSOLÁFRANCO DOSSIERRICHELIEU
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DeGuayaquil àlaBnF
Toute sa vie, Eduardo Solá Franco a eu pour confident, témoin et chroniqueur, son « Journal de mes plaisirs ». Fervent amoureux de Paris, il décida, par testament, d’offrir la collection complète de ce journal à la BnF. une collection privée. C’est la force de persuasion de ces deux hommes qui m’a amené, alors que je n’étais ambassadeur en Équateur que depuis quelques mois, à prendre la route de Guayaquil pour y découvrir, soigneusement disposés sur la table de la salle à manger d’une modeste maison du port, ces seize volumes légués à la France et à entrer Mêlant l’intime et le mondain, la pose d’emblée, en les feuilletant avec préet l’instantané, « choses vues » et intros- caution, dans le monde singulier de pection, « Le journal de mes plaisirs » Solá. Le soir même, de retour à Quito, constitue un ensemble unique qui une dépêche était rédigée pour rendre enchante dès la première page. À la fois compte de cette merveilleuse découmiroir des doutes et des angoisses d’un verte, et les démarches, dans le respect homme tourmenté et celui d’une des règles internationales, étaient lanépoque, il se fait, çà et là, livre d’his- cées. Les cahiers étaient aussitôt numétoire et document. C’est l’œuvre d’un risés ; ils s’offrent aujourd’hui à notre peintre sensible, maître du dessin et de vue dans leur fascinante vérité. la couleur, capable en quelques traits FrançoisGauthier de restituer caractères et paysages. Ancien ambassadeur de France en Équateur
(2013-2016)
carnet est autant un lieu de mémoire, un recuerdo qu’il tient à enrichir à chaque étape de son existence, qu’un exutoire où il exprime la douleur physique de la maladie et ses moments sombres et dépressifs. Parce qu’ils étaient à l’opposé du réalisme social, courant artistique alors dominant en Amérique du Sud, l’élitisme et le cosmopolitisme de Solá Franco ont été un frein à la réception immédiate de son œuvre en Équateur. Ce n’est que récemment, dans les années 2000, et plus de dix ans après sa mort, qu’il a fait l’objet d’expositions rétrospectives à Guayaquil et Cuenca.
PaulineChougnet Département des Estampes et de la photographie
Venu d’Équateur, un « grand petit pays » comme le définissait Benjamin Carrión, Eduardo Solá Franco honore la culture sud-américaine. C’est donc un hommage justifié et presque immédiat que la BnF rend à l’artiste, si peu de temps après l’inscription du document dans son catalogue. L’arrivée de ce legs dans les collections nationales n’allait pourtant pas de soi, et malgré de claires dispositions testamentaires, il aura fallu plusieurs années d’attente, d’indifférence et d’ignorance avant que ne puissent être amorcées, il y a trois ans, les procédures de versement de l’œuvre. Sans l’infatigable obstination de l’exécuteur testamentaire de Solá, M. Luis Savinovich, mais aussi l’admirable vigilance de M. Thierry Souet, consul honoraire de France à Guayaquil, « Le journal de mes plaisirs » risquait de disparaître physiquement ou de rejoindre
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