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Carolyn Carlson, écriture et mouvement
Les pièces les plus emblématiques des archives de l’artiste, données à la BnF en 2011, sont exposées site François-Mitterrand : carnets, notes, croquis et photographies retracent le parcours de cette figure essentielle de la danse contemporaine.
Le parcours artistique de Carolyn Carlson pourrait se traduire en une longue et belle fresque de lignes toujours en mouvement. Sur la scène comme sur la page, dans le corps qui danse et dans la main qui trace, passe une formidable impulsion, vitale, généreuse et inspirée. L’exposition Carolyn Carlson, écriture et mouvement porte l’empreinte de cette énergie et la montre grâce aux multiples documents donnés par la chorégraphe à la BnF, en particulier ses carnets, ses notes, ses calligraphies et de nombreuses photographies. Première ligne, la plus simple, celle du temps : depuis l’époque où Carolyn Carlson, à moins de vingt ans, suit ses premiers cours de danse jusqu’aux créations les plus récentes comme Dialogue with Rothko. Ce sont moins les années qui scandent la vie que les pièces que la chorégraphe créée et souvent interprète. Elles sont plus d’une centaine dont l’exposition présente une sélection. Le célèbre solo de Blue Lady condense à lui seul la question du temps, puisqu’il donne à voir la femme aux différents âges de la vie. Autre ligne, celle des voyages, de la Californie natale à Paris, escale devenue maison. Elle passe par New York, Avignon, Venise, la Finlande, pays des origines familiales, Stockholm, Roubaix, la Cartoucherie dans le bois de Vincennes, et bien d’autres villes découvertes lors des tournées. Au-delà de ces lieux, se dessine une carte dense des liens tissés avec des femmes et des hommes : danseurs, compositeurs, scénographes, peintres et intimes. On les retrouve dans les poèmes, les hommages et les carnets qui leur sont dédiés. Notes, carnets et croquis C’est en effet simultanément sur le plateau et sur le papier qu’apparaissent les mouvements et les formes voulus par Carolyn Carlson. Temps, espace, forme et mouvement, ce sont les quatre notions fondamentales apprises de son maître Alwin Nikolais. Dès l’époque où elle suit ses cours, elle prend des notes, mêlant déjà mots et fi gures. Son écriture alors un brin juvénile, s’affi rme rapidement et devient plus tonique et plus graphique. Tantôt réunies en carnets, tantôt sur feuilles volantes, celles-ci ne séparent jamais tout à fait la vie pratique et personnelle du travail de création. Les schémas représentant la scène avec la figure des danseurs, les éléments de décors, les flèches indiquant les gestes et les déplacements ainsi que les commentaires côtoient des poèmes comme des détails du quotidien. La mise en regard des photographies des spectacles et de ces notes constitue la ligne de force de l’exposition et c’est bien le même mouvement qui habite l’œuvre de la chorégraphe et celle de la poète et calligraphe. « Je voudrais parfois tout abandonner, être poète seulement, affranchie du lieu et de l’espace, rien que ce pas nu* », écrit-elle. La danse est pour elle poésie visuelle, comme la poésie est pas de danse. La multiplicité des lignes n’empêche pas le soin apporté à chacune d’elles, au support où elles sont tracées d’abord, décor et lumières, qualité du papier, voire de la reliure. Carolyn Carlson prête aussi une grande attention au choix des couleurs, même pour un modeste croquis. Quand ses esquisses deviennent de vraies calligraphies, souvent à l’encre noire, l’épaisseur du trait et sa forme donnée, parfois en un seul instant et un seul geste, confèrent toute la force à l’œuvre comme le corps du danseur dans l’espace.
Joël Huthwohl et Valérie Nonnenmacher
Carolyn Carlson, écriture et mouvement
10 décembre 2013 – 26 janvier 2014
Site François-Mitterrand, Galerie des donateurs Commissariat : Joël Huthwohl et Valérie Nonnenmacher
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