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Martin Karplus, la couleur des années 1950
Les images de ce scientifique photographe amateur manifestent une compréhension instinctive du langage de la couleur.
Martin Karplus est un chimiste mondialement connu : il a été, entre autres, le premier à développer une théorie fondamentale de la résonance magnétique nucléaire. Au cours des vingt dernières années, outre son poste de professeur à Harvard, il a travaillé avec Jean-Marie Lehn et JeanPierre Changeux au Collège de France et il dirige un laboratoire à l’université Louis-Pasteur de Strasbourg. Mais lorsqu’il réalise, au début des années 1950, les photographies exposées aujourd’hui, il n’est encore qu’un étudiant prometteur. Né en 1930 à Vienne, en Autriche, il se réfugie aux États-Unis avec ses parents en 1938. Il commence ses études à Harvard puis les poursuit avec une thèse de chimie au California Institute of Technology. À 23 ans, il termine son doctorat ; ses parents lui offrent alors le Leica IIIC que son oncle Alex avait réussi à emporter lors de sa fuite du nazisme. Martin Karplus reçoit une bourse de
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la National Science Foundation qui lui permet de continuer sa formation à Oxford, au Mathematical Institute. Il emporte son Leica en Angleterre, où il arrive en décembre 1953. Sa bourse lui permet de visiter l’Europe entre les sessions de cours. Il est ébloui par la beauté des pays qu’il traverse. Avec son Leica, il enregistre les lieux, les visages, les rencontres. Il utilise les toutes nouvelles diapositives Kodachrome 35 mm qui mettent la photographie en couleur à la disposition des amateurs. De retour aux États-Unis, il fera encore quelques voyages, en Amérique du Sud, en Chine et au Japon, toujours avec son Leica. Il réalise ainsi en dix ans plus de 4 000 diapositives. Il explique aujourd’hui qu’il utilisait une focale longue Hector, en particulier pour photographier des scènes ou des portraits de rue. Cette optique permet de viser sans être en face pour obtenir des images très naturelles, les gens n’ayant
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Martin Karplus Grand Canyon (femme en rouge de dos), Arizona, 1956
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pas conscience d’être photographiés. Les diapositives sont ensuite demeurées dans leurs boîtes quarante ans, Karplus s’étant tout entier dédié à la science. Jusqu’à ce qu’il retourne à Oxford en 1999 et rencontre un technicien de la photographie, Paul Sims, qui scanne une sélection de ses diapositives dont les couleurs n’ont pas bougé. Ainsi grâce aux techniques numériques, il est aujourd’hui possible de les redécouvrir en tirages modernes. Ces images à la fraîcheur intacte témoignent du regard curieux d’un jeune savant attentif au spectacle de la rue, aux visages croisés au hasard de ses déambulations, dans la veine de la photographie humaniste. Sylvie Aubenas Martin Karplus, la couleur des années 1950
14 mai – 25 août 2013
Site François-Mitterrand, allée Julien Cain Commissariat : Sylvie Aubenas
Martin Karplus Autoportrait avec appareil photo, Californie, 1956
© M. Karplus. BnF, Estampes et photographie
© Martin Karplus. BnF, Estampes et photographie.