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Net art : cartographies de l’invisible
Observatoire privilégié du net art, le département de l’Audiovisuel propose des rencontres qui sont autant d’occasions d’explorer un art souvent subversif. Christophe Bruno, artiste, commissaire d’expositions et enseignant en art et théorie des réseaux, a organisé ces journées avec Marie Saladin (BnF). Entretien croisé.
aujourd’hui une forte expansion, notamment avec l’arrivée annoncée du Web sémantique, d’un éventuel Web 3.0. L’avalanche de données que le Web 2.0 participatif a provoquée fait que nous sommes submergés par cette accumulation. L’économie de l’attention atteint ses limites, les problèmes juridiques sur la propriété de ces nuages de données deviennent inextricables. Par ailleurs, la dynamique économique du capitalisme de réseau implique une surveillance du discours toujours plus poussée, des outils d’analyse et de prédiction toujours plus sophistiqués, afi n de nous vendre ce que nous désirons avant même que nous le sachions nousmêmes. Il se produit ainsi un grand écart entre un monde kafkaïen où chacun de nos actes, même le plus minime, serait archivé et cartographié en temps réel, et la vie simple et nue. Dans ma pratique artistique, je m’intéresse aux questions de cartographie dans le champ du langage et des concepts. Ma position est celle d’un artiste qui tente de subvertir les approches venant du monde marchand. Si aujourd’hui je m’intéresse à l’analyse de tendances, dans le cadre notamment du projet Artwar(e) (www.artwar-e.biz), c’est avec l’idée de détourner les technologies que l’on développe dans le domaine de l’e-réputation des marques, par exemple. Mais, en réalité, les frontières entre détournement et soumission, entre utopie et contre-utopie, me semblent bien minces. L’arrivée de ce nouveau champ universitaire que constituent les Digital humanities va-t-elle changer la donne ? Rencontres du net art Cartographies de l’invisible
vendredi 19 avril 2013 – 10 h-18 h
Site François-Mitterrand, Petit auditorium, hall Est
Marie Saladin : Ces journées d’études réuniront des artistes, des scientifiques, des sociologues, des historiens de l’art et chercheront à éclairer ce qui se joue au cœur de l’accumulation massive d’informations qui inonde les réseaux. Selon vous, l’art, la littérature et le politique peuventils s’en trouver transformés ? Christophe Bruno : Oui, et c’est ce que nous allons aborder lors de ces journées, autour de questions comme la visualisation de données, l’analyse de tendances sur les réseaux sociaux, la théorie des réseaux en art aussi bien qu’en criminologie, la « lecture de loin » en critique littéraire, la carto graphie des controverses (comment s’orienter dans l’univers des controverses et des débats grâce
16 – Chroniques de la BnF – no 66
aux outils numériques ?). Archiver, comptabi liser et cartographier nos désirs les plus intimes sont devenus des enjeux économiques à l’ère des réseaux. Dans le champ artistique, on peut se demander, par exemple, s’il est possible de déceler, dans cette gigantesque archive, des structures « à grande échelle » qui révéleraient des formes invisibles à l’œil nu. M. S. : Vous vous appuyez sur les Digital humanities pour mener vos recherches. De quoi s’agit-il ? C. B. : Il s’agit au départ d’alliances au sein des universités entre départements de sciences humaines et départements informatiques, qui mettent en commun leurs méthodologies. Ce mouvement des Digital humanities, ou humanités numériques, se développe depuis plusieurs années et connaît
Ci-dessus
Christophe Bruno
À gauche
Le Dadamètre : une cartographie du langage à grande échelle, issue d’une vampirisation de Google – iterature.com/ dadameter
D.R.
samedi 20 avril 2013 – 16 h-19 h
La Gaîté Lyrique, 3 bis, rue Papin, Paris 3e