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EXPOSITIONS BOURSE DU TALENT
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exigence commune de capter du visible ce qui n’est pas toujours montré ailleurs. « La presse ne remplit plus assez cette fonction, poursuit Didier de Faÿs. Il faut donc venir Allée Julien Cain pour voir le monde tel qu’il est. » Sandra Mehl, lauréate Reportage, a trouvé son sujet à sa porte : elle a photographié quotidiennement deux sœurs âgées de 11 et 12 ans, Ilona et Maddelena, qui vivent dans la précarité d’une cité de Montpellier. « Je suis captivée par la fragilité et la capacité de résistance qui se manifestent à cet âge et dans ce type de milieu social » dit-elle. Vincent Gouriou, lauréat Portrait, s’est pour sa part interrogé sur les évolutions de la famille dans la société d’aujourd’hui. Sa série raconte les histoires de ces familles nouvelles, recomposées, homo, monoparentales… avec une distance et une neutralité parfois teintée d’humour.
Familles, tribus
4 Bourse du Talent # 65, Reportage, Sandra Mehl, lauréate, série Ilona et Maddelena, 2016 5 Bourse du Talent # 68, Paysage, espace, architecture, Grozny : nine cities, Coup de coeur, série Adlan et Anu, 2012 6 Bourse du Talent # 65, Reportage, Liu Tao, Coup de coeur, série Shanghai Tian Wai, 2016
Autre tribu hétéroclite, la « grande famille de la mode » est le sujet d’exploration de Charles-Henri Bédué, lauréat Mode, qui a photographié les défilés et leurs coulisses durant plusieurs Fashion Week à Paris. Les cadrages inattendus, le sens des détails de sa série Le Feu aux poudres interpellent, renversent les codes du genre, donnant à décrypter un autre côté du miroir parfois cruel, sans pour autant renoncer au plaisir esthétique du décor, des étoffes et des corps.
s’en dégage. Le projet du collectif Grozny Nine Cities, coup de cœur du jury, n’est pas si éloigné, même si le mode opératoire diffère : le choix a été fait de montrer la capitale tchétchène selon neuf angles précis qui illustrent le morcellement d’une cité marquée par les soubresauts de l’Histoire. Les trois photographes se sont appuyées, pour ce projet, sur les traces tangibles d’une identité et ont cherché à percevoir les nouveaux contours d’un paysage caucasien en reconstruction. « Les images Identités en (re)construction de cette nouvelle édition de la Bourse Hicham Gardaf, lauréat Paysages, du Talent signalent que le monde que dresse quant à lui depuis 2014 le por- l’on habite n’est pas uniquement celui trait d’une société marocaine en pleine d’où l’on vient, mais celui que l’on se mutation, entre ville et campagne. Dans construit, dans un dialogue renouveces zones péri-urbaines aux limites et lé avec l’altérité », conclut Héloïse aux fonctions indécises, l’espace comme Conésa, co-commissaire de l’exposiles identités semblent en pleine redéfi- tion et conservatrice au département nition. La lumière méditerranéenne des Estampes et de la photographie. accuse les couleurs chaudes, mais aussi Sylvie Lisiecki le vide des lieux et la mélancolie qui Délégation à la communication