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EXPOSITIONS TOPOR
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TOPOR
À TOMBEAU OUVERT
BnF I François-Mitterrand Galerie 1 Commissariat Céline Chicha-Castex, BnF, et Alexandre Devaux, spécialiste de Topor En partenariat avec le Théâtre du Rond-Point Le monde selon Topor Du 28 mars au 16 juillet 2017
Vingt ans après la disparition de Roland Topor (1938-1997), la BnF consacre une exposition rétrospective à l’œuvre de ce dessinateur majeur du xxe siècle. Elle présente un grand nombre de dessins originaux, provenant essentiellement de collections privées ainsi que des éditions conservées dans les fonds de la Bibliothèque. Créateur insatiable, Topor est l’auteur d’images devenues des icônes, comme l’homme au menton enfoncé de l’affiche d’Amnesty International. Artiste pluridisciplinaire, il est aussi à l’origine du film d’animation La Planète sauvage, auteur de nouvelles, de romans, de scénarios, de pièces de théâtre. Dès 1958, Topor se fait connaître par ses contributions à la revue Bizarre qui mettent en scène un personnage type, habillé d’un costume et d’un chapeau melon. Cet individu lambda est aussi le protagoniste de son premier recueil de dessins, Les Masochistes, paru en 1960. Entre 1961 et 1966, Topor participe à l’aventure de Hara-Kiri. Le desDessiner pour l’édition
sin représentant un « coup de poing dans la gueule » deviendra l’un de ses grands succès. Hormis quelques contributions violemment contestataires, ses interventions graphiques sont pourtant généralement détachées de l’actualité. Dessinateur dans la presse plutôt que dessinateur de presse, Topor publie dans de nombreuses revues, dont le magazine Elle, Le Journal du Dimanche, Opus International, Le Canard enchainé, Sciences et avenir, Le Fou parle, Libération, Le Monde, ou encore London Magazine, Graphis,The NewYork Times, Il Giornalone et Zeit Magazin. Fort d’une reconnaissance rapidement acquise, il est sollicité par des éditeurs pour des illustrations qu’il réalise dans le sillage de ses collaborations aux revues Bizarre et Hara-Kiri. Lecteur infatigable, érudit, curieux, Topor aime mettre en images les textes d’auteurs avec lesquels il partage une certaine affinité d’esprit – Marcel Aymé, Félix Fénéon, Emmanuel Bove, Boris Vian – et ceux de ses amis, Jacques Sternberg, Marcel Moreau, Freddy de Vree. En noir et blanc ou en couleur, il donne la mesure de son esthétique à références multiples et de son génie graphique, se montrant capable de s’adapter et d’apporter une
À gauche Roland Topor, Next, 1979 Linogravure BnF, Estampes et photographie Catalogue Le monde selon Topor Textes d’Alexandre Devaux, Céline Chicha-Castex, Philippe Garnier, Bertrand Tillier, Dominique Noguez, et Frédéric Pajak Coédition BnF Éditions/ Les Cahiers dessinés, 240 pages, 200 illustrations 40 €
contribution originale à de nombreuses œuvres de la littérature française et étrangère. Contrairement à la plupart des dessinateurs d’humour qui se considèrent aussi comme des journalistes, il assume sa vocation d’artiste. Tout fait œuvre chez Topor : le petit dessin vite exécuté comme les œuvres en couleurs, patiemment élaborées. L’artiste aime jouer le jeu de la confusion des valeurs, de la contestation des hiérarchies. Doué d’un formidable esprit de conceptualisation, il transgresse avec bonheur les frontières définies par le marché de l’art, les institutions, les critiques, les historiens et les artistes eux-mêmes. En 1962, il crée, avec Fernando Arrabal et Alejandro Jodorowsky, le Panique, mouvement dérisoire en réaction au groupe surréaliste vieillissant et pontifiant. À la même époque, il se rapproche de ceux qu’il considère comme les membres de sa « famille » artistique : Jean Tinguely, Daniel Spoerri, Robert Filliou, Ben, Pol Bury, Erik Dietman. Proche de plusieurs mouvements d’avant-garde, il est néanmoins toujours resté libre de tout engagement et de tout mouvement.
Transgresser avec bonheur