references
COLLECTIONS LES ARCHIVES D’ÉDOUARD GLISSANT
29
ÉDOUARD GLISSANT OU LA MÉMOIRE DU « TOUT-MONDE »
Édouard Glissant en quelques dates 1928 Naissance en Martinique 1958 La Lézarde 1981 Le Discours antillais 1995 Tout-Monde 2002 Création du prix Édouard Glissant 2011 Mort à Paris
Classées Trésor national par le ministère de la Culture et de la Communication en 2014, les archives de l’écrivain antillais Édouard Glissant ont rejoint depuis mai 2016 les collections de la BnF. Rassemblées par sa famille, acquises grâce au soutien de généreux mécènes, elles constituent un fonds d’archives unique qui éclaire la pensée de l’auteur. Né en Martinique en 1928 et mort à Paris en 2011, à la fois romancier, poète et philosophe, Édouard Glissant compte parmi les plus grands écrivains francophones du XXe siècle. Héritier d’Aimé Césaire, proche des mouvements anticolonialistes de l’après-guerre, il se fait connaître grâce à son roman La Lézarde, prix Renaudot en 1958. Philosophe et ethnologue de formation, il mène, pendant des années, des recherches sur l’histoire des Antilles, interrogeant notre mémoire collective et traquant les séquelles de l’esclavage dans le monde d’aujourd’hui (Soleil de la conscience, 1956 ; Le Discours antillais, 1981). Il a su construire, au fil du temps, une pensée universelle, nourrie de son identité créole, mais ouverte à toutes les cultures :
Héritier de la Négritude
à travers la notion de «Tout-monde¹ » qui rend compte de l’interpénétrabilité culturelle et linguistique à l’œuvre dans nos sociétés, et en élaborant ce qu’il appelle une « philosophie de la Relation » (Philosophie de la Relation, 2009), il apporte sa réponse aux nouveaux défis de la mondialisation. Édouard Glissant confie à la poésie et à la prose, mais aussi au discours universitaire ou politique, la tâche de mettre en œuvre et de manifester les concepts de «Tout-Monde » et de « Relation ». Les archives qu’il a laissées, foisonnantes et éclatées en apparence, témoignent de cette genèse fusionnelle qui confond, en un même geste d’écriture, essais et fictions. Les beaux carnets manuscrits comme ceux de ToutMonde ou de Faulkner Mississipi, avec leurs pages de titre et leurs reliures soignées, illustrent quant à eux l’attachement du poète au cahier de brouillon, support premier de l’écriture.
Archiviste brouillon Écrivain militant
Ci-dessus Édouard Glissant, 2008 À gauche Édouard Glissant, Faulkner Mississipi, carnet manuscrit, 1996 BnF, Manuscrits
1. Traité du ToutMonde, Gallimard, 1997 2. Entretien avec Philippe Artières, revue Genesis, n° 23, 2004 3. Brouillons d’écrivains, sous la direction de Marie Odile Germain et Danièle Thibault, BnF Éditions, 2001 4. Cahier d’un retour au pays natal, Aimé Césaire 5. La Lézarde, Éditions du Seuil, 1958
Édouard Glissant n’était pas un « bon archiviste² » : beaucoup de documents se sont perdus, notamment les plus anciens. Les archives qui nous restent permettent cependant de suivre les